CHAPITRE 28

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Je dépose mes clés sur le petit buffet, situé à l'entrée de l'appart de mon père, sur lequel je trouve un petit mot qu'il a visiblement laissé à mon intention.

" Un imprévu commercial, je dois passer la semaine à New-York. À bientôt fils, bisous.
Ton père.  "

Ce que je lis ne me fait ni chaud, ni froid. Ça fait longtemps maintenant que les absences répétées et prolongées de mon père ne m'attristent plus vraiment. Au contraire même, son absence m'apaise presque. Il n'est pas là pour me réprimander en permanence, pour me mettre la pression par rapport à ma scolarité, pour m'étouffer. Je respire mieux quand nous ne respirons pas le même air.

L'eau chaude de la douche détend mes muscles, et le parfum mentholé, légèrement citronné de mon savon me débarrasse des odeurs de sueur et de tabac confondues. Une fois sorti de la douche, je me brosse les dents, et je m'habille d'un simple jogging noir cintré et d'un t-shirt uni rouge.

Je passe le reste de la journée à grignoter des chips devant ma série du moment, en attendant le message de Kélya, en espérant qu'elle se souvienne notre petite sortie.

Alors que je m'apprêtais à m'endormir devant mon écran, mon téléphone bippe. C'est elle. J'ouvre son message.

Hey ! Le train de mes parents vient de partir, c'est toujours okay pour la sortie ?

Je jette un coup d'oeil à l'heure. Il est 17h, le soleil commence à se coucher, dehors, il fait un peu frais en fin et en début de journée, mais encore très doux pour une fin de mois septembre.

Bien-sûr, t'es où là ?

Mon téléphone vibre quasi instantanément.

En bas de chez toi.

Je me change en vitesse, histoire de faire bonne figure, et de ne pas faire tâche en sortant de l'appart. Dans ce quartier, les seules fois où l'on croise les gens en jogging, ce sont quand ils font leurs footings quotidiens.
J'enfile un jean basique, un t-shirt noir imprimé, et un blouson fin de couleur rouge. Une fois les lacets de mes baskets noués, je m'empare de mon trousseau de clés, et claque la porte derrière moi en partant.

Kélya porte un jean noir, un chemisier blanc fluide, légèrement transparent qui laisse apparaître la forme de son soutien-gorge, ce qui est assez alléchant visuellement parlant, dommage qu'une partie de son haut soit recouverte par son perfecto noir. Elle a peigné ses cheveux, qu'elle a noué en une parfaite queue de cheval relevée. Ses paupières sont légèrement ombrées d'un far rosé, irisé, qui paraît un peu plus doré au soleil. Un peu de mascara, et à peine de brillant sur les rêves. Ses habituelles créoles argentées sont suspendues à ses oreilles. Sa petite valise à roulettes, et son sac de sport sont posés sur le bitume, à ses pieds, enveloppés dans des petites baskets blanches. Elle est incroyablement jolie, sans en faire des tonnes pour autant. Elle est tellement agréable à regarder.

Elle me sourit lorsqu'elle m'aperçoit. Je lui propose de l'aider à porter ses affaires, et tandis qu'elle fait rouler sa valise de sa main droite, elle me confie son sac de sport, et nous commençons alors à marcher ; je ne sais trop où d'ailleurs, un peu au hasard, et je dois avouer qu'en ce moment, cela m'importe peu qu'elle préfère photographier la tour Eiffel, ou visiter le musée Grévin, ou se balader sur l'avenue des champs Élysées, ou allumer un cierge à Notre-Dame, ou bien tout simplement acheter une baguette de pain à la boulangerie du coin. Tant que je suis avec elle, Paris n'a plus vraiment d'importance à mes yeux. 

Le courage d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant