CHAPITRE 17

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Je me sens vraiment mal pour ce que j'ai fais. J'ai passé la fin de mon week-end à écouter de la musique en boucle, en pensant à une fille aux cheveux gris et aux yeux bleus comme les lagons de Tahiti, à la voix douce et légèrement cassée. C'est la première fois depuis le décès de ma mère, que j'ai honte de mon comportement, que je remets en question mon attitude. J'essaie d'imaginer à quoi ce week-end aurait pu ressembler, si je ne m'étais pas comporté comme un idiot orgueilleux. Nous sommes lundi, et aujourd'hui est la première fois que je vais revoir Kélya depuis qu'elle est partie de chez moi en claquant la porte. Je suis un peu angoissé à l'idée de la revoir, j'ignore comment elle va se comporter avec moi. 

Il est huit heures moins cinq, je presse le pas afin de ne pas arriver en retard du cours de Monsieur Durand, le prof de philosophie. Commencer par deux heures de philo, un lundi matin, c'est clairement pas un cadeau, je suppose qu'il faut être très courageux pour choisir la filière littéraire, ou alors juste inconscient. Enfin bref, je monte les escaliers quatre à quatre, afin d'arriver en cours à l'heure. 

J'aperçois Alex au loin. Il est en train d'embrasser langoureusement une nana, que je n'arrive pas encore à identifier, à cause de la foule qui cache la vue. Je m'approche et je remarque qu'elle est plutôt grande, fine...Je crois que je deviens fou, mais plus j'avance, plus je trouve qu'elle ressemble à...

Bon sang. 

Kélya. Kélya. Kélya. Kélya.  


J'ai envie de les démolir. Démolir l'un car il est en train dévorer les lèvres de celle qui me rend taré, et démolir l'autre, car elle n'a rien trouvé de mieux comme vengeance que de séduire mon meilleur ami. J'accélère le pas, en tentant de garder mon calme. Alex n'est pas censé savoir qu'il s'est passé quelque chose entre elle et moi, donc je ne suis pas censé lui en vouloir, et à l'inverse, Kélya devrait me laisser indifférent, donc je ne devrais pas être énervé pour ça. 

Je me plante juste derrière Alex en me raclant bruyamment la gorge. 

Il lève la tête dans ma direction, et s'écarte un peu de Kélya. 

Une bonne chose de faite. 

- Salut gros, un souci ? Tu es parti de bonne heure samedi. 

- J'étais pas très bien, et toi alors tu me racontes pas ? Tu t'es trouvé une nouvelle groupie ? dis-je d'un ton sarcastique en provoquant Kélya du regard. 

Elle soutient mon regard, mais ne parle pas, tandis qu'Alex me jette un regard noir. 

- Bébé, tu veux bien nous laisser deux minutes ? 

Bébé ? Comment ça bébé ? 

- Mais bien-sûr mon coeur, rétorque-t-elle avec une voix faussement sincère, en maintenant ses yeux braqués sur moi. 

Elle joue la comédie, et Alex est en train de tomber dans le panneau. Alex est peut-être un  enfoiré, il n'empêche que c'est l'enfoiré que je préfère sur cette Terre. Il joue avec le coeur des filles, mais il n'est pas l'insensible qu'il prétend être, et je n'ai aucune envie qu'il se laisse briser le coeur par une gamine en son genre, qui ne l'utilise que pour se venger de moi. 

- Okay Gab, on va mettre les choses au clair, je veux plus jamais t'entendre parler de Kélya comme ça. 

- Depuis quand tu en as quelque chose à faire du respect envers les femmes toi ? 

- Rien à voir, répond-il sur la défensive. 

- Bien-sûr que si. Tu as des sentiments pour elle, c'est ça ? 

- Mais non ! Je veux juste tirer mon coup avec elle, elle est la seule à me résister. 

- Elle est trop sensible, tu vas la briser. 

- Qu'est-ce tu en sais ? Et puis qu'est-ce que cela peut faire, ce ne sera pas la première que j'aurais déçu une fille, non ? 

Je hoche lentement la tête, en plantant mon regard en direction du sol. Il a raison, mais là on parle de Kélya. Ma Kélya. 

- En fait, la question que tu m'as posé s'adresse plutôt à toi-même, poursuit-il, depuis quand tu en as quelque chose à faire du respect envers les femmes Gabriel ? 

Je l'affronte du regard, énervé qu'il me renvoie cette question à la figure, énervé car il a raison. Avant Kélya, je me moquais bien de respecter une femme, je n'en ai jamais respecté aucune autre que ma mère de toute manière. Je ne sais pas quoi lui répondre, il ne comprendra jamais comment un garçon comme moi peut être aussi sensible à une fille que je ne connais que depuis une semaine. Comment pourrait-il comprendre quelque chose que moi-même je ne peux pas ? 



Le courage d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant