Kélya a enfilé son pyjama. Elle porte un short court rose pâle en côton qui couvre à peine son joli fessier bombé, et un t-shirt blanc plutôt ample qui dissimule la forme de ses hanches et de sa poitrine. Elle a noué ses longs cheveux fins et brillants en une tresse rapide à quatre brins. Elle est tellement belle. Elle a pas besoin de maquillage, pas besoin d'une robe moulante, pas besoin d'avoir les cheveux impeccablement peignés, pas besoin de tous ces artifices qui permettent d'embellir la majorité des filles avec qui je baise. Et bien vous voyez, Kélya c'est pas le genre de fille qu'on veut a simplement envie de baiser, on en veut plus, on veut attiser son attention, on veut apprendre à la connaître, on veut lui faire la conversation, on veut l'emmener visiter Paris main dans la main, on veut l'inviter au cinéma ou à la patinoire, on veut rire avec elle, on veut dormir avec elle, on veut l'embrasser sur la bouche, on veut pouvoir être celui qui la réconforte quand le masque de la femme libre et indépendante tombe. Je veux pas seulement le corps de Kélya, je la veux elle, toute entière, avec ses qualités et ses défauts, avec ses points forts et ses faiblesses, avec ses bons et ses mauvais souvenirs, avec ses rêves et ses peurs. Je n'ai jamais autant désiré être avec quelqu'un, je ne sais pas vraiment ce que je ressens pour Kélya, mais si c'est ce que je crois, alors l'heure est grave. Plus les jours passent, plus Kélya s'infiltre dans les failles du système de sécurité sentimental que j'ai mis des années à bâtir. J'ignore comment elle fait, et le pire, c'est que je suis persuadé qu'elle ne le fait pas exprès. Elle ne fait rien d'autre pour m'atteindre qu'être elle-même, et c'est le plus beau de toute cette affaire. Une fille simple et complexe, sombre et lumineuse, intimidée et aventurière, sincère et silencieuse.
Le son de sa voix me tire de mes pensées.
- à quoi est-ce que tu penses depuis tout à l'heure ? Dit-elle en souriant.
- à rien.
- Vraiment ? renchérit-elle, peu convaincue visiblement.
- Oui, je suis juste fatigué.
Elle considère ma réponse quelques instants avant de répondre.
- Je comprends, viens donc te coucher.
Je détaille une deuxième fois la chambre et remarque qu'il n'y a ni second lit, ni canapé.
- Et toi tu vas dormir où ?
Elle me regarde amusée.
- Tu as quand même pas cru que j'allais te laisser le grand lit de ma chambre pour toi tout seul, non ? Tu vas sagement dormir de ton côté, et moi du mien, voilà comment nous allons faire.
Je souris.
- J'espère que tu ronfleras pas.
- Comme un éléphant, rétorque-t-elle en riant.
Je lève les yeux au ciel, et je rejoins le côté gauche du lit, je m'installe confortablement dans les draps, avec pour seul protection vestimentaire, une serviette de bain, qui est censée me dépanner en attendant que mon meilleur pote me livre un boxer propre. Kélya se faufile dans les draps à son tour, en veillant à conserver suffisamment de distance entre nos deux corps. Elle tend sa main pour éteindre la lumière de chevet, la pièce est donc désormais plongée dans l'obscurité la plus totale.
- Dis Kélya, je peux te poser une question ?
- Bien-sûr Gabriel, ce n'est pas interdit entre amis, pouffe-t-elle de rire.
- Haha très drôle, non plus sérieusement.
- Oui vas-y, je t'en prie mais après tu me laisses dormir.
- Promis.
- Bon alors c'est quoi ta question ?
- Est-ce que tu as déjà été amoureuse ?
Pendant quelques secondes, un grand silence règne dans la pièce. Ma question semble l'embarrasser plus que je ne l'aurais cru.
- Je voulais pas être indiscret, tu n'es pas obligé de me rép..
- Non Gabriel, je ne suis jamais tombée amoureuse. Et toi ? rétorque-t-elle d'une voix ferme, et légèrement inquiète.
- Non, l'amour c'est pas pour moi de toute façon, j'y crois pas. Bonne nuit Kélya.
- Bonne nuit Gabriel, répond-elle d'une voix qui me paraît presque triste.
VOUS LISEZ
Le courage d'aimer
RomanceLui, c'est Gabriel, dix sept ans, terminale S. Depuis la mort de sa mère, Gabriel a sombré. Il écoute de la musique toute la journée, et il enchaîne les filles, et les soirées trop alcoolisées, pour noyer son chagrin. Alors que Gabriel pense avoir p...