8 : Comprendre qu'un enfant c'est très intelligent

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(15.02) Histoire : Contrôle -> plan détaillé

              Maths : exercice 72 p 111, 78 p 112 + 69 p 128

              Allemand : Schreiben Sie eine kurze Präsentation zu den vier Filmen, die im Unterricht untersucht wurden

toi + moi = love (mais pas autant que toi + arthur hihihihikmdjznbfgkzgvfrezn[je me suis étouffée en riant à ma propre blague]) (-Elo)

***

-Miss Faust, can you shut your mouth ? Diana is trying to talk, cracha sèchement Mrs Cold.

Ce n'était même pas Clare qui parlait, mais elle se garda bien de le faire remarquer. Depuis qu'elle était partie en plein milieu du cours, on peut dire qu'elle faisait tout son possible pour ne pas se faire remarquer. Déjà que Mrs Cold avait tout fait pour la garder en retenue jusqu'à la fin de l'année et qu'elle y avait échappé de peu...

-Merci, dit Diana en rassemblant ces feuilles. Ce que je voulais vous dire, c'est que le comité des lycéens présidé par... moi-même, a décidé de créer un bal de fin d'année pour célébrer dignement notre dernière année de lycée.

Toute la classe commença aussitôt à s'agiter et à parler de tous les côtés, mais Mrs Cold continuait de dévisager Clare, soit la seule qui faisait l'effort d'intérioriser sa surprise.

-Attendez, je n'ai pas fini ! coupa Diana. Tout d'abord, les secondes et les premières y seront aussi conviés. DEUXIÈMEMENT, dit-elle d'une voix forte pour couper court aux nouveaux bavardages qui recommençaient, un livre d'or sera mis à disposition pour que chacun puisse y laisser ses impressions, et celui-ci sera disponible à la bibliothèque municipale après la soirée si vous voulez le regarder. TROISIÈMEMENT, ajouta-elle d'un air menaçant, une tenue soignée -mais qui respecte le règlement intérieur, ça va de soi- est exigée. QUATRIÈMEMENT, vous pouvez inviter une personne extérieure au lycée mais ce sera limité à un accompagnant par personne. Merci à tous !

Diana quitta la salle sous quelques applaudissements et un volume sonore hors norme. Les exclamations fusaient de tous les côtés et l'excitation était palpable.

-Calmez-vous, le bal aura lieu en juin, dit Mrs Cold d'un ton revêche. Well, now, can someone answer the question's written on the board ?

...

-Clare ?

La blonde posa son critérium sur son bureau et releva la tête. Dans l'encadrement de la porte, son père la regardait d'un ton concerné.

-Tu peux descendre s'il te plaît ? On a quelque chose d'important à vous dire, maman et moi.

Dans la tête de Clare, tout se bousculait. Est-ce qu'ils allaient divorcer ? Non, impossible, ils n'arrêtaient pas de s'embrasser et de regarder des films collés-serrés en amoureux. Mais alors, qu'est-ce qui se passait ?

Dans le salon, sa mère était assise sur une chaise avec les mains sur les genoux et le dos droit, comme si elle était à une photo de classe. Même Tic, qui d'ordinaire s'asseyait toujours sur ses genoux, était sagement installé, son doudou propre dans les mains. Clare se laissa alors tomber juste à côté de son petit frère et passa son bras autour de ses épaules en regardant son père s'asseoir en face d'elle. Il y eut un petit silence gêné pendant lequel ses parents semblaient communiquer par leurs esprits respectifs, puis sa mère soupira et prit la parole.

-Bon, déclara-elle. Si on vous a demandé de se réunir, c'est parce qu'on doit expliquer quelque chose d'important qui va sûrement changer beaucoup de choses dans nos vies.

Clare vit la main de son père se glisser vers celle de sa mère et leurs doigts s'entrelacèrent, complices, comme un soutien silencieux, comme une étoile qui scintille encore même lorsqu'on ne la voit pas.

-On a fait passer des tests à Tic, et on a découvert qu'il avait une... différence, dit son père.

-De quoi ? Je ssuis bissare ? demanda Tic d'une voix innocente et haut perchée.

Clare resserra sa prise sur l'épaule de son frère, le cœur battant et les yeux qui commençaient peu à peu à se mouiller, sachant très bien ce qui allait arriver.

-Non chéri, tu n'es pas bizarre, dit gentiment Ingrid. Tu es ce qu'on appelle un enfant autiste.

-Un enfant autisste ? répéta Tic en zozotant.

Les quinze minutes qui suivirent furent atroces pour Clare. Elle regarda Tic comprendre qu'il serait toujours différent des autres, et elle se demanda comment il ferait pour trouver sa place avec son handicap alors qu'elle-même n'y arrivait déjà pas sans. Pourquoi est-ce que ça lui arrivait à lui, lui qui était l'enfant le plus adorable qu'elle ait jamais connu ?

Soudain, c'était trop lourd à porter pour elle. Elle quitta le salon à grands pas et monta les escaliers quatre à quatre avant de se jeter sur son lit et de se cacher sous sa couette, son immense ours violet ans les bras.

Cette peluche, elle avait séché ses larmes bien des fois. Elle avait essuyé sa première chute dans la cour de récréation, ses déceptions amicales, les garçons qui la trouvaient banale, ses innombrables sept en physique-chimie, Baptiste qui ne l'avait jamais remarquée alors qu'elle habitait juste à côté depuis toujours, son avenir incertain et l'impression qu'elle ne trouverait jamais sa voie, et maintenant l'autisme de Tic, sûrement la pire chose d'entre toutes.

Soudain, une petite main apparue sur le coin du lit et la couette se souleva un petit peu, laissant apparaître la bouille ronde de son frère.

-Tu fais dodo ? demanda-il.

-Non Tic. Laisse-moi tranquille.

Elle enfouit sa tête dans son ours violet et attendit qu'il reparte, mais ça n'arriva pas. Le garçon se contenta de se glisser avec elle sous la couette alors qu'elle lui grognait de s'en aller et il enserra ses petits bras autour du cou de sa sœur en disant :

-Faut pas pleurer parsse que je ssuis différent. Moi je trouve ssa cool d'être différent.

Et, dans les bras de son frère de quatre ans, Clare éclata en sanglots. Elle pleurait pour tout et rien à la fois, juste parce qu'elle avait envie de se libérer de ses larmes qui pesaient si lourd dans son cœur.

-Moi aussi je trouve ça cool d'être différent Tic, dit-elle finalement alors que le petit blond essuyait ses larmes avec ses petits doigts.

-Ben oui. En plus, Tac il est hyper gros.

Clare fronça les sourcils, puis sourit.

-Ah oui ? C'est quoi le rapport ? demanda-il.

-Ben, les gros chiens y'en a pas beaucoup, dit Tic d'une voix innocente.

Elle l'attira contre elle et le petit garçon nicha sa tête dans son cou alors qu'elle respirait son odeur d'enfant.

-Hé ben tu sais que dans ma classe avec ma maîtresse on a vu des imasses avec des indiens aujourd'hui, dit finalement le petit garçon en changeant brusquement de sujet.

-Tu veux qu'on fasse un tipi ?

Les yeux de son frère s'illuminèrent si vite qu'elle essuya les dernières larmes qui lui restaient avant de se lever. Elle lança Pablo Honey, le premier disque légendaire du groupe de rock Radiohead, avant d'aider Tic à coincer la couette comme ils purent pour faire comme un tipi géant sur le lit une place de Clare. Puis, ils s'installèrent en dessous avec leurs pyjamas, leurs lampes torches, des bonbons et leurs sourires, bercés par Karma Police.

Clare eut l'impression que le temps s'était arrêté. Il n'y avait plus qu'elle et Tic sous ce tipi, les histoires qu'ils se racontaient, Tac qui venait s'allonger avec eux de temps en temps, leurs débats sur les meilleurs bonbons de la boîte et le rire de son frère. À cet instant, Clare sut exactement ce qu'elle voulait dans la vie.

Elle voulait être heureuse.

ClareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant