Ascension printanière 2

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Chapitre 2

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Chapitre 2

Après un bon moment passé dans l'obscurité la plus totale – et peut-être même me suis-je assoupi un peu –, mes sens sont mis en alerte par des bruits de pas, relativement peu nombreux me semble-t-il, partiellement étouffés par l'épais tapis de feuilles mortes qui recouvre le sous-bois. Un bref instant plus tard, quelques rayons lunaires éclairent brièvement deux silhouettes mouvantes, s'en allant rapidement se fondre dans la broussaille de l'orée de la forêt, et allument dans ma tête un seul mot, calligraphié par des ampoules rouges et clignotantes : danger.

J'ai vite fait d'analyser la situation. Les militaires font habituellement un tintouin pas possible, alors que les deux ombres, à peine entraperçues, se déplaçaient furtivement. Il ne s'agit donc probablement pas des sbires de Colonel Adipeux. Mais ça ne veut pas pour autant dire que je ne suis pas menacé. D'abord, personne ne se faufilerait aussi silencieusement jusqu'ici sans intention précise; mais ensuite, et surtout, Mémé Alza s'est jetée tête la première vers un feu de camp entretenu par je ne sais qui, par des gens. La conclusion la plus logique serait que ces gens sont maintenant à ma recherche, toutefois je doute que Mémé ait eu suffisamment de mémoire tampon pour renseigner ces gens à mon sujet. Et puis, dans quel but voudraient-ils me trouver ? Me voler ? M'extirper des informations ? Peut-être sont-ils même de mèche avec les militaires...

Ces quelques secondes de réflexion m'ont en tout cas suffi pour me convaincre qu'il faut que je me tire d'ici, presto. Le mirador est sans aucun doute le premier endroit qu'ils fouilleront. Si j'avais eu une arme à feu, avec la hauteur et la zone dégagée qu'offre la clairière, j'aurais eu l'avantage. Mais ce n'est pas le cas, et quand bien même, je ne sais pas tirer. Alors, aussi rapidement que possible, je me charge des deux sacs à dos et j'entame ma descente, tentant d'allier vitesse et discrétion. Arrivé presqu'au bas de l'échelle, tandis qu'un vent mordant me brûle les oreilles, je lance un regard furtif alentour, mais impossible de distinguer à nouveau les deux silhouettes, elles ont dû glisser dans les ténèbres forestières. Pendant un éphémère instant, je me demande si mon anxiété ne les a pas hallucinées. Mes semelles se posent vivement et silencieusement sur l'herbe grasse. La foulée longue, mais sur la pointe des pieds, je cherche refuge vers les premières rangées d'arbres, maintenant en équilibre mes deux sacs bien chargés qui alourdissent ma démarche.

C'est à ce moment-là que je les entends nettement dans mon dos, bien qu'assourdis par l'épais duvet herbeux qui recouvre la clairière, les bruits de pas. La cadence à laquelle ces pieds frappent le sol m'indique clairement qu'ils courent. J'abandonne immédiatement mes longues enjambées discrètes et je me lance dans une course frénétique. Une voix grave et rapeuse me hèle dans un cri étrange, comme mis en sourdine. Loin de me ralentir, cet appel me pousse dans le dos et me donne l'énergie d'un sprinter. Des jurons étouffés me parviennent. Simultanément, moi j'arrive à la lisière du bois dans lequel je m'enfonce avec soulagement, poussant presque le soupir de plaisir qu'on laisse échapper en s'enfonçant dans un lit douillet et moelleux. Sans crainte, je me laisse happer par l'obscurité de la forêt. Ici, invisible, j'ai l'avantage, les racines et le dédale d'arbres les ralentiront. Ça a toujours ralenti les militaires.

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