Breathe - Chapitre 3

3.7K 317 104
                                    


Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


" C'est ainsi qu'on tombe amoureux, en cherchant dans la personne aimée le point qu'elle n'a jamais révélé, qu'elle offre en don uniquement à celui qui interroge qui écoute avec amour. " 

Tu, mio,  Erri de Luca


1993, Harry.


Il lace ses chaussures. Des Converse rouge, délavées depuis le temps, trouées sur le côté. Il ne met que ça. Sa cheville est brune. Il le remarque seulement maintenant, penché en avant, le dos rond, les cheveux tombant en cascade dans son cou et le long de ses joues. Il n'y a que quelques jours, pourtant, qu'il passe des heures dehors, à laisser le soleil mordre sa peau. Il serre son noeud, puis, en suspens quelques secondes, il effleure de ses doigts les poils blonds de ses jambes. De longues jambes, habituellement noyées dans des jeans trop larges. Ici, il fait trop chaud. Il est obligé de porter des shorts, qui descendent jusqu'à la rondeur de ses genoux.

Il se relève. Il est à peine onze heures, il n'a pas déjeuné. Il a faim, un peu. Mais il préfère crever la dalle que devoir passer vingt minutes devant son bol de chocolat chaud fumant, à écouter Jim et ses frères et soeurs se chamailler, comme ils le font chaque matin.

Il recule de quelques pas, passe la tête par la porte du salon. Dans cette maison, la télé est toujours allumée, hurlante et aveuglante. Les gosses sont assis sur le tapis, béats, hypnotisés par l'écran, des jouets inutiles entre leurs doigts. Sa tante est assise sur le canapé, le visage rouge, déjà transpirante de la journée qui l'attend. Harry ne l'aime pas beaucoup, mais il ne peut pas s'empêcher d'avoir un peu pitié d'elle. Sa vie a l'air très peu passionnante.

— Je sors.

— Ta mère est au courant ?

Il hausse les épaules.

— Elle dort encore je crois.

— Bon. Fais pas de conneries.

Harry hoche la tête. Il s'apprête à quitter la pièce, mais sa tante le retient.

— Et Jim ? Tu sais où il est ?

— Non.

Elle fait un geste d'énervement. Harry ne s'attarde pas. Il se fout un peu d'où est Jim, à vrai dire. Il ne le cherche jamais. Ce n'est pas qu'ils ne s'entendent pas c'est juste... Qu'ils n'ont rien à se dire.

En fait, Harry n'a rien à dire à tous les ados du village. Tous aussi stupides les uns que les autres, le regard lent, hallucinés par l'alcool qu'ils s'envoient dans les veines, par l'herbe qu'ils se passent en se croyant les rois du monde. Harry ne sait même pas pourquoi il continue de les rejoindre près du lac. Sûrement pour tromper l'ennui. Pour ne pas rester seul dans la maison de sa tante, à devoir s'occuper de tous ses marmots braillards. Ou peut-être aussi parce qu'il ne peut pas s'empêcher d'être flatté de l'intérêt que lui porte les filles. Ça l'amuse, au fond, de voir leurs regards sur lui, leurs mains qui recherchent les siennes, leur façon de rire un peu plus fort dès qu'il hasarde une blague, leurs joues qui rosissent lorsqu'il leur fait un compliment. Harry a du mal à comprendre l'intérêt qu'elles ont pour lui. Il n'est même pas beau. Trop grand, trop maigre, cernes sous les yeux, cheveux en bataille, jamais rien à dire. Pourtant il sent bien que s'il le voulait, il pourrait en prendre une par la main et l'attirer dans le sous bois, à l'abris des regards, goûter ses lèvres sur sa peau.

Cela aussi passera - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant