2. Sang et fumée

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Et si vous aviez pu observer le visage d'Achab, cette nuit-là, vous auriez pensé que deux antagonistes se livraient combat en lui. Tandis que sa jambe vivante éveillait sur le pont des échos de la vie, chaque coup de sa jambe morte clouait un cercueil. C'est sur la vie et sur la mort que marchait ce vieil homme.

Merle descendit les escaliers prudemment, muni du marteau qu'il avait récupéré parmi les outils abandonnés sur le toit

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Merle descendit les escaliers prudemment, muni du marteau qu'il avait récupéré parmi les outils abandonnés sur le toit.

Il traversa silencieusement un couloir avoisinant des rangées de bureaux. Alors qu'il pénétrait dans une sorte de salon, ou de hall de réception, deux rôdeurs se tournèrent dans sa direction.

Il leur défonça le crâne à coups de marteau sans peine, l'un après l'autre.

Avisant une hache d'incendie dans une vitrine sur un mur non loin, il laissa tomber le marteau et alla la récupérer.

Il parcourut l'étage sans rencontrer d'autres rôdeurs.


Il était encore sous le coup de l'adrénaline, laquelle lui offrait une réserve d'énergie pour le moins bienvenue, mais il savait que ça ne durerait pas. Malgré le garrot, sa blessure continuait de saigner abondamment, remplissant comme une éponge le teeshirt qu'il avait enroulé autour. Il devait absolument stopper l'hémorragie au plus vite s'il ne voulait pas s'écrouler sous peu.


Il finit par entrer dans une cuisine, où il trouva exactement ce qu'il cherchait. Les brûleurs de la gazinière fonctionnaient, ce qui lui fit penser, non sans ironie, que c'était son jour de chance aujourd'hui.

Il farfouilla à la recherche de l'objet adéquat et finit par trouver une espèce de fer à repasser. Il le mit à chauffer sur la flamme.


Ce qu'il s'apprêtait à faire le faisait déjà frémir de douleur rien que d'y penser, mais il savait que c'était la seule chose à faire et qu'il n'avait pas d'autre moyen de s'empêcher de se vider de son sang.
 Mais la différence entre cautériser sa plaie et se couper la main, c'est que là-haut, sur le toit, il avait pu hurler tout son soûl sans se préoccuper d'attirer les rôdeurs. Cette fois-ci c'était différent, il devait absolument s'empêcher de crier.


Il trouva un torchon qu'il replia plusieurs fois et plaça entre ses dents. Il retira le teeshirt de la plaie, défit sa ceinture, saisit le fer et l'appliqua sur la chair, appuyant fortement, en mordant dans le torchon de toutes ses forces.

Les larmes lui montèrent aux yeux instantanément, en même temps qu'un long cri, qui se changea en mugissement plaintif à travers son bâillon improvisé.

Il entendit une sorte de sifflement provenant du fer, et une odeur de chair brûlée lui remplit les narines, lui donnant envie de vomir.

Il prit soin d'appliquer l'instrument sur toute la surface de la plaie, au prix de douleurs atroces et d'un véritable concert de gémissements étouffés.


Lorsqu'il reposa le fer à repasser, il ne put s'empêcher de remarquer les bouts de peau et de chair brûlés qui s'y étaient collés, et grimaça de dégoût.
Quand à l'aspect de son moignon à présent, mieux valait ne même pas y penser. Il évita de regarder trop en détails, sous peine de se mettre à dégobiller.

La morte joyeuse - Tome Un - The Walking DeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant