TITRE X

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La fête bat son plein. A peine on s'est assis que l'animateur a commencé à enflammer la pièce avec ses anecdotes. Puis on se lève tous les deux pour l'ouverture de bal. Il me tient par la taille et moi j'ai mes maigres bras autour de son cou. Massa! Rien qu'avec son ombre on ne me voit plus. Je suis comme la fourmi à côté de lui. Ça me fait penser à quand on faisait cours de sport avec Ibrahim au lycée et qu'on courrait côte à côte. J'avais toujours l'air d'une enfant de 3 ans. A vrai dire, c'est la première fois que lui et moi sommes si proches et ça me fait bizarre qu'il me tienne dans ses bras. Mais pour être honnête, ce n'est pas désagréable mais alors pas du tout. Après la danse, on retourne s'asseoir et on passe au buffet. Après quoi, l'animateur reprend du service avec en prime: les ballets de mes petites cousines qui se sont déhanchées sur la piste de danse, le poème de mon filleul Kassim qui me souhaitait tous ses meilleurs vœux avec le français qu'il connaît ( il n'a que 5 ans) , il m'a beaucoup émue et j'ai failli pleurer. Antonio malgré son air impassible, semblait beaucoup apprécier mais se retenait de montrer quoi que ce soit. C'est son mariage, il l'a voulu. Alors pourquoi tient-il tant à faire croire qu'il ne s'amuse pas? En tout cas moi, je ne vais pas laisser passer ça.
Après ces beaux cadeaux de mes petits bébés, c'est enfin la piste libre. J'ai changé de robe et celle-ci me permet d'être plus à l'aise dans mes mouvements et de me déhancher aussi avec les autres. Marc-Antoine n'a pas voulu m'accompagner mais bon, il fait ce qu'il veut après tout. Je vais rejoindre les autres sur la piste et montre mes dernières piches. On danse pendant plus d'une heure puis chacun retourne s'asseoir pour reprendre son souffle à la demande de l'animateur. Je me remets aux côtés de mon mari et on apporte le gâteau. C'est une pièce montée de 3 étages que tante sophie a tenue à nous offrir: le premier est au chocolat, le deuxième  à la vanille et le troisième, un mélange des deux. C'est magnifique. On se lève et on se tient devant le gâteau. Ma maman me donne un couteau et mon mari m'aide à le couper sous les applaudissements des invités. Je lui met une cuillerée dans la bouche et il en fait de même avec moi. Mince! Il est incroyablement bon! Mais à vrai dire, les pâtisseries et moi... bof.
On retourne s'asseoir et le service donne des parts de gâteau à chacun. Pendant qu'ils mangent, je fais le tour des tables pour savoir s'ils ont bien mangé, s'ils ont aimé la soirée etc... Dieu merci, tous comprennent que Marc-Antoine n'est pas habitué à ce genre de tapage et ne posent aucune question.
Vers la fin de la soirée, chacun remet son cadeau et petit à petit salle se vide. Les convives nous remercient et s'en vont. Après un moment toute seule, je commence à chercher Antonio des yeux et je le retrouve dans un coin de la salle avec Ibrahim. Hum! Ils se défient du regard et leur façon de parler même si elle est basse n'a rien d'amicale. Ils se tenaient face à face comme ils ont d'abord la même taille là et tel que je connais Antonio, il est au bord de l'énervement. Ça se voit à sa manière de serrer les dents. Eeeeeeeeeee!!! C'est quoi ça encore? Pardon, faut que j'aille mettre fin à une tragédie. Je m'avance vers eux doucement pour ne pas éveiller les soupçons des autres invités et j'arrive à leur niveau. Je me place à côté de mon mari. Ils arrêtent de bavarder. Je m'incruste avec un magnifique sourire.

                                    Moi
Hey! Ça va? Tu as apprécié la fête Ibrahim? J'ai fait tout ce que j'ai pu pour que le porc ne soit mêlé ni de près ni de loin à tout le buffet.

Il sourit.

                                   Lui
J'ai toujours su que tu ne voulais que mon bien. Tu vas beaucoup me manquer.

Hum! Quand il lâche ce genre de bombe, je suis censée lui dire quoi? En plus devant mon mari. Justement en parlant de celui-ci, il me prend par la taille et me serre contre lui. Je me laisse faire.

                                  Lui
Ibrahim s'en allait justement. Il tenait à dire au revoir. N'est-ce-pas?

Son ton a tout sauf l'air sweet. Et les regards qu'ils échangent tous les deux font froid dans le dos. Eh eh! Amusons nous un peu. Je regarde Ibrahim l'air dépité.

CONTRASTE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant