L'amertume d'un café

820 86 2
                                    

Même dans ses rêves les plus fous (et les plus chauds), Eren n'aurait jamais cru qu'il réussirait un jour à faire tomber les deux grands Ackerman pour lui en une seule soirée. Une chose inimaginable, pour le commun des mortels. Mais ça tombe relativement bien : Eren ne fait décidément pas parti du commun des mortels.

Nous voilà le samedi, il est précisément seize heures. Eren est dans un café, et décuve, vautré à une table. Il attend Armin. Il ne devrait plus trop tarder, et le jeune homme trépigne d'impatience. Il doit tout lui raconter, et rapidement. Sinon il craint que son cerveau ne se fasse la malle, entraînant au passage une grève de sa raison.

Car voyez-vous, ça fait un peu beaucoup à encaisser pour un seul homme, en une seule soirée, d'apprendre que son ami de toujours vous considère depuis le départ comme un partenaire potentiel, et par la même occasion de recevoir une déclaration de la part de sa sur. Oui, ça fait un peu beaucoup, alors vous comprendrez le fait qu'Eren se retrouve avec une horrible migraine (en partie liée à une vilaine gueule de bois), et des nerfs à fleur de peau.

D'ailleurs, voilà notre champignon préféré, courant dans la rue et se dépêchant d'ouvrir la porte du café. Il jette des coups d'oeil à droite puis à gauche, et dès qu'il voit Eren, se précipite vers la table sur laquelle il s'est laissé fondre.

-Eren ! s'exclame-t-il, inquiet. Mon dieu, j'arrive à temps.

-Non... Si t'avais été pile à l'heure ça aurait été encore mieux. Je n'aurais pas eu le temps d'atteindre le stade de la décomposition.

-Je sais, je sais, je suis vraiment désolé. J'ai fait au plus vite, mais je devais d'abord aider mon grand père pour un truc important Bon, puisque t'as encore rien commandé, je vais nous prendre deux cafés. Vu le monde qu'il y a, mieux vaut aller directement au comptoir, ça ira plus vite.

-Si tu le dis.

Il laisse Eren à nouveau seul, lui donnant tout le temps nécessaire pour ruminer à nouveau ses pensées obscures. Si la veille le jeune homme était une vraie loque, il n'est pas franchement dans de meilleurs états. La seule différence, c'est qu'il souffrait hier plus de troubles physiques, alors qu'aujourd'hui, c'est en plus psychologiques.

-Me revoilà. Nos commandes ne devrait pas trop tarder, comme ça. Bon, dit-il avec tout le sérieux du monde. Maintenant, raconte moi tout.

-Mikasa m'aime, déclare-t-il, d'une voix faussement blasé, le regard au loin.

Armin ne réagit pas, ce qui interpelle Eren.

-Me dis pas que Tu le savais ! s'insurge-t-il, choqué.

-Elle ne me l'a jamais vraiment avoué, mais bon, je n'ai pas eu beaucoup de mal à le comprendre. Y a des signes qui trompent pas, tu sais.

-Lesquels ? Je n'ai rien vu venir, moi

-T'es trop naïf, quand il s'agit de personne que tu connais bien. T'as aucune difficulté à saisir les messages cachés et à comprendre le désir d'inconnus, mais dès que ça concerne un de tes proches, c'est comme si tu faisais exprès de ne rien voir, et de ne rien entendre. Faut que tu te réveilles Eren.

Armin est, et a toujours été de bon conseil. Il fait parti de ces gens réfléchis et calmes, qui se posent et tentent de trouver une solution et une réponse à chaque problème. En plus, ce petit géni n'a jamais tort, et il vise dans le mille à chaque fois.

-Livaï m'a embrassé, débite-t-il rapidement, comme si prononcer chaque mot l'écorchait vif.

-Je vois.

Roule, jeunesse !  [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant