Peut-être...

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-Allume les phares.

-Comment on fait ?

Livaï, assis côté passager pour la toute première fois dans sa propre voiture, le regarde, ahuris, avant de souffler une floppé d'injures, tout bas.

-On est pas arrivés...marmonne-t-il, ennuyé.

-Oui, bon ça va J'ai dû oublier quelques petits trucs, en un an. Mais je suis sûr que ça va vite revenir, t'en fais pas, le rassure Eren, un sourire timide à la commissure des lèvres.

-Je comprends même pas pourquoi on en arrive là. T'aurais pas dû refuser quand je te proposais de conduire, morveux. regarde où ça nous mène, t'es même pas foutu de savoir allumer les phares. J'imagine même pas quand tu vas devoir nous sortir de la place de parking.

En effet, leur fidèle twingo est garée, à quelques rues de la villa d'Hanji, dans une petite place assez étroite et serrée. Elle est encadrée par deux voitures rutilantes, deux modèles de sport, haut de gamme. Je vous laisse imaginer la tête dEren, quand celui-ci se rend compte de la situation. Foutu quartier de bourge.

-Je vais y aller tout doucement, blêmit-il.

-T'as plutôt intérêt. Et si tu fais la moindre rayure, au contraire, tu accélères et tu te barres le plus loin possible.

Eren soupire.

-T'es vraiment pas croyable.

-On a pas tous la thune pour ce genre de connerie.

S'ils en sont arrivés là, c'est à cause de la petite escapade d'Hanji et Levi, la veille au soir. Bien qu'ayant dormi presque un tour entier du cadran, le plus âgé est encore dans le coltar, et tous ses sens sont profondément ralentis. Il a même parfois du mal à garder les paupières encore ouvertes, et Eren, en voyant dans quel état il est, s'est vu contraint de devoir endosser le rôle de chauffeur, bien évidemment contre son gré. Mais ils sont tout de même formels : il vaut bien mieux qu'Eren prenne le volant, plutôt qu'ils passent une nuit en compagnie de la scientifique déjantée.

Eren, après maintes tentatives, parvient à allumer les phares, et il passe la première, avec hésitation. Il met le pied sur l'accélérateur, et appuie légèrement, souhaitant se dégager de leur place en douceur. Mais rien n'à faire : il a beau appuyer finalement de toute ses forces sur la pédale, à part faire rugir le moteur, il ne se passe rien. Ils sont toujours aussi immobiles.

-Mais appuie pas comme un sauvage, intervient Livaï, agacé. T'as pas remarqué que t'avais juste oublier d'enlever le frein à main ?

-Haha, en effet, rigole nerveusement le jeune brun.

Puis, enfin, après une bonne dizaine de minutes, à coup de sueur froide et de bruyants soupirs, Eren parvient miraculeusement à se dépêtrer de l'endroit où ils étaient fourrés. Les voilà qui filent dans la nuit, à vitesse plus ou moins régulière, et en grillant plus ou moins certaines priorités. Mais si au début Livaï le sermonnait juste pour le principe, maintenant ils s'en foutent pas mal, et au contraire, aussi bien l'un que l'autre, ne peuvent s'empêcher d'en rire. C'est comme si la fatigue qu'ils avaient accumulée toute la journée les faisaient perdre le contrôle, et leur donnaient envie de faire tout et n'importe quoi.

C'est d'ailleurs bien comme ça qu'ils se sont retrouvés à danser (enfin à bouger le haut de leur corps, le bas étant emprisonné au siège à cause de la ceinture) sur Poker face, avec Eren qui hurle les notes de la musique à s'en briser les cordes vocales. Il est presque une heure du matin, et finalement, ils se disent qu'ils n'ont pas vraiment envie de rentrer chez eux. Ils veulent rester comme ça, tous les deux, à rire comme deux attardés en manque de sommeil (ou en trop plein de sommeil pour l'un), et continuer de rouler toute la nuit. Tant pis pour le carburant. Livaï n'est plus à ça près. Voilà pourquoi il ne dit rien, et ne peut qu'approuver, quand Eren emprunte des routes qui lui semblent inconnues. Il ne veut décidément pas que ces foutues roues quittent le bitume.

Roule, jeunesse !  [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant