Danse n°12 : Provoqué

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Lorsque mon regard avait croisé le sien, je crus d'abord nager en plein rêve. J'avais peine à croire que le garçon qui me manquait tant il y a à peine quelques minutes encore, se trouvait à présent juste en face de moi, me souriant comme si de rien n'était. Ses joues étaient légèrement rougies, sûrement à cause de la gêne induite par toutes les acclamations auxquelles il avait eu droit, mais son regard semblait bien déterminé. A quoi, je ne le savais pas. En tout cas je m'étonnais de le trouver devant moi, prêt à m'affronter en battle, et encore plus du fait que Youngjae et Jaebum ne m'avaient pas prévenu qu'il serait mon adversaire. Mais je compris vite que tout avait été organisé dans mon dos lorsque je les vis me faire de grands signes avec des pouces levés. Et j'en fus encore plus convaincu lorsque les premières notes de musiques raisonnèrent dans la salle. Lente, suave, tout à fait le style de Yugyeom, et ce n'était sûrement pas un hasard. D'ailleurs celui-ci me lança un regard provocateur avant de commencer à se mouvoir. Un léger sourire flottait sur ses lèvres alors que ses hanches commencèrent à onduler doucement, dans des mouvements simples, avant d'enchaîner sur des mouvements bien plus complexes, comme si  la différence entre les deux niveaux était minime. 

Il était là, le Yugyeom provocateur et séduisant que j'avais rencontré pour la première fois dans cette salle, et j'étais déjà entièrement prisonnier de son regard. Et il me chauffait ouvertement. Mes yeux suivaient avec gourmandise chacun de ses mouvements, se nourrissant de chacun de ses pas comme un affamé. Mon coeur battait déjà à tout rompre et il ne venait que de commencer. J'allais probablement mourir d'une crise cardiaque avant même d'avoir pu finir le battle. Ou alors j'allais mourir de désir, consumé par ce regard de braise qu'il me lançait à mesure que le rythme de la musique s'intensifiait. Il était clairement en train de me provoquer et ce n'était certainement pas pour me déplaire. 

C'était complètement différent de la dernière fois où nous avions danser ensemble. Cette fois, il n'y avait aucun contact physique, tout était visuel et implicite. Nous n'étions également pas seuls, la salle était remplie d'étudiants à l'affût de nos moindre mouvements, criant et sifflant à intervalle régulier. Et pourtant j'avais l'impression d'être de retour dans cette salle où tout avait dérapé. Comme s'il n'y avait plus que lui et moi, et cette tension entre nous qui me rendait dingue. Comme si j'avais remonté le temps, espérant cette fois que le déroulement ne serait pas le même. 

C'est en le voyant danser que je me rendais compte à quel point il m'avait manqué et à quel point le revoir me rendait heureux. Toute l'inquiétude s'était envolé pour laisser place à cette admiration sans faille que je lui vouais lorsqu'il dansait. Je m'imprégnais de chacun de ses mouvements, comblant peu à peu ce manque de lui qui m'avait rongé un peu plus chaque jour qui passait depuis son départ. Le revoir avait fait resurgir ce désir insatisfait qui me consumait de l'intérieur depuis notre dernière entrevue et je redevenais ce garçon complètement accroc au moindre de ses mouvements. J'étais complètement incapable de faire autre chose que de le regarder, ayant déjà complètement oublié tout ce qui nous entourait. En tout cas jusqu'à la fin de son tour.

Cependant, je ne comptais pas être le seul à subir la provocation de l'autre. Et j'allais moi aussi le pousser à bout autant que possible, foi de Jackson Wang ! Alors, quand mon tour arriva je veillais à ce que mon regard ne quitte pas celui de Yugyeom un seul instant. Moi aussi j'allais le saluer, à ma façon.

Je laissais mon corps se mouvoir au rythme des basses qui emplissaient la pièce, ondulant des hanches sous le regard avide de mon noiraud. Son regard me sondait sans la moindre discrétion, se délectant de chacun de mes mouvements. 

Et puis son tour vint à nouveau. Et la tension augmenta d'un cran encore. Ses mouvements se firent plus souples et plus explicites aussi. Il n'hésita pas à se laisser glisser au sol, effectuant des mouvements qui laissaient peu de place à l'imagination. Chacun d'eux éveillait un peu plus mon bas ventre qui me chauffait terriblement. Je luttais contre mon envie pressante de le plaquer complètement au sol pour le faire mien, essayant de me convaincre que ce n'était pas vraiment l'endroit rêvé pour ça. Mais Yugyeom me poussait un peu plus à bout à chaque fois, chassant un peu plus à chaque mouvement ma conscience dans un coin de ma tête. Je n'étais plus qu'un amas de désir, d'envie et de frustration. Une somme de sensations physiologiques que me faisait perdre la tête. Mais je n'avais pas dit mon dernier mot.

Au moment où son tour s'acheva, et avec, le calvaire qu'il me faisait subir depuis quelques minutes -qui ressemblaient à l'éternité tant le temps me semblait ralenti- je décidais que le moment de sortir le grand jeu était venu. 

Mon regard planté dans le sien, je laissais mes mains jouer avec la bordure de mon marcel avant d'étirer le tissu jusqu'au déchirement. Une fois le vêtement fendu dans la longueur, je le quittais sous les sifflements et les acclamations du public. Je pus voir les yeux de Yuhyeom parcourir chaque parcelle de mon torse tandis que sa lèvre inférieur se retrouva vite capturé entre ses dents. J'enchaînais ensuite les pas, faisant bien attention à accentuer certains mouvements plus que provocateurs. Et même lorsque j'étais dos à lui, je sentais son regard sur moi, incapable de faire autre chose que de me sonder. Ça aussi ça m'avait manqué, ne plus sentir son regard sur moi lorsque je danse et ne plus pouvoir le provoquer.

Au final nous étions pareil lui et moi, complètement hypnotisés par l'autre au point de ne plus pouvoir détourner nos yeux. Incapables de prêter attention à quelqu'un d'extérieur lorsque l'autre est présent. Et surtout, esclaves du moindre mouvement, de la moindre respiration, de cette tension entre nous qui nous attire inlassablement l'un vers l'autre. 

Tout mon corps tremblait de désir pour lui et je savais que je ne pourrais pas me retenir bien longtemps. Il m'avait trop manqué pour que je reste sans rien faire, et trop provoqué pour que je le laisse s'en sortir indemne. 

Les dernières notes de musiques raisonnèrent dans la pièce vite suivi par un torrent de sifflements et d'applaudissements. Mais j'étais bien trop occupé à fixer Yugyeom pour réellement les entendre. 

Son torse se soulevait avec force au rythme de sa respiration erratique et sa peau luisait sous la lumière artificielle de la pièce. Son regard, assombri par le désir, était plongé dans le mien. Je n'entendis pas Jongin monter sur le ring pour annoncer le début des votes. Pas plus que je n'entendis le résultat. Car j'avais déjà attrapé le bras du noiraud pour le tirer à travers la foule. 

Les étudiants s'écartèrent pour nous laisser passer, ne comprenant sûrement pas ce qu'il se passait à cet instant. Mais il n'y avait rien à comprendre, à part le fait que je n'étais plus contrôlé que par ce désir trop longtemps refoulé de faire mien le jeune danseur et qu'il était hors de question que j'attende plus longtemps.

Je ne m'étais pas arrêté un seul instant, traversant l'ensemble de la pièce pour atteindre la porte qui me mènerait à la sortie. Yugyeom me suivait, contraint par ma prise sur son bras, et à aucun moment il ne chercha à m'arrêter. Au contraire, il me pressa presque lorsque nous débouchions à l'extérieur.

Nous n'étions tout deux guidés que par ce désir brûlant de posséder l'autre, remettant à plus tard le temps des explications et des bavardages. Seul l'envie nous poussait à avancer, me faisant même oublier que j'étais actuellement torse nu alors que la température était dangereusement basse. Le froid ne m'atteignait pas, mon corps était bien trop brûlant de désir pour le remarquer. 

L'empressement nous fis courir, abandonnant l'idée de la marche qui ne ferait que retarder le moment que nous attendions tous les deux. Il ne nous fallu qu'une poignée de minutes pour atteindre mon bâtiment dans lequel nous nous engagions sans hésitation. Je n'avais clairement pas la patience d'attendre l'ascenseur, alors je nous tirais vers les escaliers que je montais en courant, suivi par Yugyeom. La montée m'avait paru interminable et à peine arrivé à l'étage je me jetais sur ma porte d'entrée. Ce fut sans doute la première fois de ma vie que je déverrouillai ma porte d'entrée avec autant de rapidité et d'efficacité, remerciant brièvement mon cerveau d'avoir pris l'habitude de ranger mes clefs dans mes poches de pantalon plutôt que dans mon manteau. Sinon nous aurions été bien embêté.

Et puis nous avions passé le seuil de l'appartement, complètement essoufflés et haletants . Et, lorsque je me tournais vers le noiraud, je ne jurais plus de rien. 

Just Dance (JackYeom/YuSon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant