Scène 53 : SEKSE

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   Étrangement, l'amour passe avant beaucoup de choses. Dans mon cas, c'était passé avant tout ce qui venait de m'arriver. Merci à Ward, grâce à son intervention presque divine - vu la merde dans laquelle j'étais, c'est le cas de le dire - mais, pour l'instant, malgré tout ce que j'avais à lui raconter, malgré la frayeur que j'avais ressenti pendant notre tentative d'escapade, malgré la brutalité avec laquelle ma tension s'était évaporée lorsque j'avais compris que je n'étais plus en danger... Je ne pensais à rien, sauf à lui. J'étais dans ses bras, et c'était tout ce qui comptait.

   Après toute cette folie et ces retrouvailles émouvantes, nous étions de retour dans la maison dans laquelle la majorité des opérations avec Kith et les autres s'étaient déroulées. J'étais à moitié étonné que Ward puisse y entrer ainsi - à moins qu'il ne le fasse dans le dos de tous - mais, vu ce qu'il avait fait et la manière dont il avait combattu à mes côtés, je n'en étais que ravi.

   Mon cerveau était légèrement embrumé, ce qui fit que je ne me souvenais pas très bien des événements qui suivirent notre arrivée. J'eus l'impression de retrouver pleinement mes esprits lorsque je me retrouvai sur le lit que j'avais utilisé. C'était la première pièce familière dans laquelle je me trouvais depuis... un moment, en tout cas, depuis le début de ma captivité.

   Ward s'allongea à côté de moi et caressa ma joue.

   - Dors.

    - Je ne suis pas fatigué.

   - A d'autres, grogna-t-il. Repose-toi. Tu en as besoin.

   Mais je n'en avais vraiment pas envie. Je me demandais vaguement où était passée Fire, où étaient les autres tout court, que se passait-il en ce moment avec Atlas, mais tout s'évapora en un instant lorsque je recroisai le regard de Ward, et ce ne fût qu'à ce moment que je me rendis compte à quel point j'avais eu besoin d'un point stable dans mon état. Et cet élément stable, c'était lui.

   Avant même que mon cerveau ne comprenne ce que je faisais, j'attrapai mon amant par le col et l'embrassai presque violemment, pour moi en tout cas. Je le sentis se tendre de surprise, avant qu'il ne suive le mouvement une seconde plus tard.

   - Adriel...

   - S'il te plaît, le suppliai-je en prenant son visage entre mes mains. C'est de toi dont j'ai besoin en ce moment. Le sommeil peut attendre. Je veux te retrouver. Ça fait... trop longtemps.

   Je le vis déglutir, avant que ses yeux ne fassent des allers-retours entre mes yeux et mes lèvres. Finalement, il soupira, et me sauta littéralement dessus. Nous étions tous les deux avides de touché, du goût de l'autre. Il me fit rouler sur le lit, jusqu'à ce que je sois dos au matelas, et lui allongé sur moi. Son poids était délicieux sur mon corps, et je me mis à me frotter contre lui. Décidément, ça faisait vraiment, vraiment longtemps. 

   Il se redressa, s'écartant de moi. Je lâchai un bruit pathétique de manque, auquel il rit, du rire le plus sexy que je lui avais jamais entendu.

   - Du calme, Grande-Gueule, j'arrive tout de suite.

   Mes yeux s'illuminèrent devant le surnom qu'il m'avait donné. La première fois qu'il m'avait appelé comme ça remontait à si longtemps.

   Il retira d'un mouvement souple son haut, et m'arracha pratiquement le mien, ce qui m'excita davantage. Il s'attaqua ensuite au bouton de mon pantalon, le détachant, et ouvrant ma braguette avec une lenteur calculée et cruelle. J'avais envie de l'étrangler pour me torturer ainsi. Comme s'il avait lu dans mes pensées, il rit à nouveau, et m'embrassa, caressant ma langue de la sienne.

   - Tu es impatient.

   - Et toi sadique. (J'essayai de frotter mon bassin au sien, mais il m'en empêcha, me frustrant encore plus) Vas-y!

   Je pris moi-même mon pantalon pour le baisser, mais il écarta mes poignets et les maintint de part et d'autre de ma tête. Je vis dans ses yeux une faim animale qui accéléra ma respiration et mon rythme cardiaque.

   - Pas bouger. Tu ne le regretteras pas.

   Je hochai la tête, hypnotisé, et le laissai me faire ce qu'il voulait. Et il avait eu raison ; putain que je ne le regrettais. Il m'avait tenu en haleine, me caressant lentement, à certains endroits stratégiques, puis avait fini de nous déshabiller. Lorsque nous nous retrouvâmes tous les deux complètement nus, j'étais au bord de l'explosion. Et son sourire arrogant me fit comprendre qu'il l'avait remarqué.

   Il m'empoigna et me caressa longuement, m'embrassant avec passion. Malgré mon envie urgente de m'accrocher à lui et de demander plus, je tenais bon et je ne bougeais pas, ou le moins possible, comme il me l'avait demandé, le laissant caresser mon corps, mon visage, m'embrasser, m'enlacer comme il le souhaitait.

   Enfin, enfin, il me pénétra. J'étais tendu comme un arc, lui aussi, mais nous avions réussi à tenir. Il fit des va-et-vient d'abord doux, puis de plus en plus brutaux, m'arrachant de faibles gémissements. Nous étions collés l'un à l'autre, ondulant, se perdant chacun contre l'autre. Nos cœurs battaient au même rythme.

   J'étais de retour à la maison.

   Nous atteignîmes l'orgasme en même temps, dans une explosion qui nous laissa pantelant et transpirant. Ward se retira de moi et tomba sur le côté, avant de me prendre dans ses bras et de m'embrasser sur le front. J'ouvris la bouche, la refermai, repris mon souffle pendant une éternité, faisant rire une nouvelle fois l'imbécile canon avec qui je sortais, et rouvris la bouche :

   - Merci.

   Je voulais lui dire tellement de choses, mais les mots se mélangeaient, formant des phrases incohérentes. Je n'avais également aucun mot qui pouvait décrire ce que je ressentais pour l'instant alors, "Merci", aussi faible cela puisse paraître, me semblait parfait pour le moment.

   Son expression se voila légèrement, une émotion étrange passant furtivement dans son regard, et il blottit son visage dans mon coup.

   - Merci à toi, murmura-t-il d'une voix qui trahissait une vulnérabilité que je ne lui connaissais pas.

   Je le serrai fort contre moi, et tombai dans le sommeil, sachant pertinemment qu'à mon réveil, les choses n'iraient pas comme je le voulais. Mais, pour l'instant, cela importait peu. Seul lui comptait.









Vous en vouliez, vous en avez.

S'il y a des fautes, n'hésitez pas à me corriger! J'espère que ce chapitre vous aura plu.

A la prochaine!

La Porte des Cendres (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant