J'avais froid. Mon cœur et mon sang étaient glacés, et ce n'était en rien à cause de la température extérieure. Je m'étais attendu à du désordre, à un mouvement de panique.
C'était le chaos.
Ward m'avait dit que les démons étaient capables de destruction et de meurtres s'ils le voulaient vraiment. J'en avais la preuve devant moi. J'entendais des cris, d'adultes et d'enfants. Plusieurs voitures étaient brisées, parfois en feu. Les vitres des immeubles aux alentours n'étaient plus, et des énormes morceaux de verres jonchaient les trottoirs et les routes. Je déglutis, horrifié, et eus inconsciemment un mouvement de recul.
Toute ma "bravoure" m'avait quitté. J'avais vraiment eu l'intention d'aider les Chasseurs, et de me défendre si besoin. Quelle arrogance! Je n'étais pas de taille. Je n'étais rien. J'aurais dû écouter Ward et rester à l'appartement.
Pourtant, je ne pouvais me résoudre à partir. Quelque chose en moi me disait de rester, et en général, dans les films de héros, on fait confiance à son instinct. En espérant que je ne le regrette pas. Alors que la majorité des passants effrayés couraient dans ma direction pour échapper à une fumée noire que je voyais d'ici, moi, je m'y dirigeais, me demandant ce que j'y verrais. Comment les choses avaient-elles pu dégénérer ainsi? Il y a une dizaine de minutes à peine, je discutais tranquillement avec Ward (de sujets certes douteux) mais tout était normal (dans la mesure du possible).
Quelqu'un m'attrapa par le bras. Je me retournai vers une femme d'un certain âge, dont le visage était déformé par la peur.
- N'allez pas par là! Il y a cette chose qui...
Elle me lâcha et reprit sa course avec les autres. Je pinçai les lèvres et continuai mon chemin, accélérant le pas jusqu'à courir vers la fumée noire que je voyais. J'avais un très mauvais pressentiment. Quelque chose allait se produire et je ne pourrais rien y faire. Je déglutis, et...
- Attention!
Je levai la tête et, les yeux écarquillés, me jetai sur le côté, évitant de justesse une voiture, qui s'écrasa là où je me trouvais avant de glisser sur plusieurs mètres. Oh Seigneur, faites que je m'en sorte vivant. Je me relevai rapidement, le souffle court, et tournai mon visage vers l'endroit d'où venait la voiture. Je ne fus pas surpris de voir un Dhystopa... sous sa forme normale. Il avait une silhouette tout à fait humaine, bien qu'il soit entièrement sombre, exactement comme Ward me l'avait décrit. De ma position, je n'arrivais pas à distinguer la couleur de ses yeux, mais ce ne devait pas être un démon de bas de gamme.
Le Dhystopa poussait des hurlements stridents, lançant au hasard tout ce qui lui tombait sous la main - voitures, lampadaires, bouches d'incendie, arbres - et détruisait tout ce qu'il touchait. La scène était aussi fascinante que terrifiante : chaque fois que le démon posait ne serait-ce qu'un doigt sur une surface, celle-ci se craquelait avant de s'effondrer. Mon cœur rata un battement lorsque je vis d'autres silhouettes dans mon champ de vision : les Chasseurs. Barthe, muni de deux lames courbées et noires poursuivait le Dhystopa, maniant ses armes dans le but de le toucher, mais le démon apparaissait et disparaissait chaque fois qu'il était trop proche.
A sa suite arriva la jeune femme donc je ne connaissais toujours pas le nom, munie elle d'une sorte de... bazooka? en bien plus fin, opaque et brillant, comme reflétant la lumière, et rattaché à son bras. De son poste, debout sur le toit bas d'un magasin aux vitres brisées, elle tirait des munitions. Pendant une fraction de seconde, je la fixai, admiratif de son talent - elle était toujours à deux doigts de toucher le Dhystopa, alors qu'il était une cible mouvante. Mais elle disparut très vite quand j'aperçus Ward, beau, fort, féroce. Lui n'arborait aucune arme, mais autre chose : ses avant-bras, son cou et une partie de son visage étaient recouverts de tatouages, comme des ronces noires, qui le rendaient encore plus menaçant et magnifique qu'il ne l'était déjà.
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La Porte des Cendres (BL)
Ficción GeneralOn est mardi, il est même pas encore 10 heures et je me retrouve déjà dans la merde. Parce que oui, j'ai tendance à attirer les problèmes. Oh, rien d'extravagant : à mon réveil, j'ai retrouvé dans mon salon un démon venu d'un autre monde, et j'ai ap...