Scène 41 : Rescue

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   Je me baissai de justesse en sifflant, impressionné par la force de mon adversaire. Ennemi n°14 (ou 15? je perdais le fil de cette bataille dis donc) m'attaque de nouveau frontalement, et je n'eus aucun mal à esquiver son attaque avant de l'assommer, m'assurant qu'il ne se lèverait pas avant un bon moment.

   A vrai dire, malgré le nombre de personnes qui étaient venues m'attaquer, je n'avais pas l'impression d'être où j'étais et de faire ce que je faisais (je rappelle ; me battre contre des gens que je ne connais pas pour une cause que j'ai pu """rejoindre""" il y a quelques mois à peu près). J'avais l'impression de flotter dans un rêve étrange et très, trèèès réaliste. Je ressentais le froid sur ma peau, les coups que je ne parvenais pas à parer à temps, j'entendais les cris ou les rugissements autour de moi, je voyais de la poussière, de la fumée. Ce mélange de sensations me renvoyèrent dans le passé, le jour où ma seule amie Lily était décédée. Une éternité était passé depuis, mais je ne l'oubliais pas. Jamais.

   - Adriel!

   Je donnai un coup de coude puissant sous la mâchoire d'Ennemi n°15/16, puis suivis d'un coup sur la nuque. Il s'effondra, immobile et inconscient. Je rejoignis très vite ma soeur, qui m'agrippa le bras :

   - Adri, j'ai besoin de toi pour aider à l'évacuation.

   Je haussai les sourcils.

   - Moi? Je pensais que j'étais un des plus forts - selon tes propos - et que je devais rester avec vous coûte que coûte?

   D'un coup, elle me tira derrière elle, gronda, puis planta sa main aux griffes longues et pointues dans la poitrine d'une femme. J'écarquillai les yeux, un haut-le-cœur me prenant violemment. Je ne sus comment je m'étais retenu de vomir tout ce que je pouvais humainement sortir de mon corps, mais je me retins. Kith retira sa main du corps le laissant tomber au sol, puis se tourna vers moi.

   Son regard était glacial. Elle était un assassin, je venais d'en avoir la preuve devant mes yeux. Je savais qu'elle affichait cet air pour se protéger, ou elle ne pourrait jamais supporter de tuer et de perdre les siens. Pourtant, je ne pus m'empêcher de reculer d'un pas. Je crus voir de la douleur passer dans ses beaux yeux mauves, mais elle disparut très vite.

   - Je n'ai pas le choix, répondit-elle à ma question. Tu es rapide et fort, et j'ai été informée de la situation. Muspellheim s'en prend à la population et aux habitations, bloquant une partie de l'évacuation. Suis Aylenä, elle t'y conduira.

   Et sur ces mots, elle s'envola rejoindre d'autres de nos camarades. Je sentis une présence à côté de moi et me raidis, me préparant à envoyer un coup de pied. Une belle femme, aux cheveux blonds et courts dans lesquels étaient accrochés une rose d'un violet profond qui me rappela ma meilleure amie, au corps fin et aux yeux d'un jaune pétillant. Je plissai les yeux, me demandant si elle n'était pas une Dhystopa, comme Halfeti et Azroth, mais non : ses yeux à elle n'étaient pas de la même nuance. Ils étaient plus vifs. Je compris très vite, en la voyant écarter les ennemis de notre route, qu'elle était une Psaum. Je ne savais pas quel était son statut social, ou son rôle dans le gouvernement démoniaque (c'est marrant comme terme), mais Seigneur elle était forte.

   En administrant un seul coup de pied, elle fit trembler la terre, et créa plusieurs gouffres dans lesquels plusieurs êtres de Lumière tombèrent. Je ne voulais pas savoir où cela les menait.

   - Dis, Aylenä?

   - Oui?

   Je n'avais pas trop à m'assurer de ma sécurité vu sa force et ses réflexes hors normes - même pour des démons - donc je pouvais me permettre de faire la discussion, au moins jusqu'à ce qu'on arrive au lieu de l'évacuation.

   - Tu connais une certaine Felipia? Tu me fais beaucoup penser à elle.

   Un lent sourire carnassier se dessina sur les lèvres fines de ma partenaire-du-moment, ne m'inspirant pas du tout confiance.

   - Je la connais très bien. C'est ma petite sœur. (Bah tiens) Mais je n'égale en rien sa force. Elle se bat comme moi lorsque je suis sous ma forme de démon.

  Alors, je n'avais pas envie de la voir elle sous sa forme. Clairement pas.

   Nous arrivâmes très vite dans un immeuble de bureaux, dont les murs, les vitres, bref, pratiquement toute la structure était démolie. Je me demandai brièvement comment le tout pouvait encore tenir sur ses fondations, mais secouai la tête. Il y avait du monde à secourir.

   Nous fûmes rejoint d'un autre démon, qui fit son affaire de son côté, ne venant même pas nous adresser la parole pour se présenter. Je pouvais comprendre : il y avait plus urgent à l'heure actuelle. Alors que lui s'occupait des premiers étages, Aylenä et moi nous repartîmes les étages supérieurs. Je fus surpris de trouver autant de personnes cachées dans des recoins pour se protéger des dégâts et des éventuelles explosions. Je sentis de la colère monter en moi alors que je les prenais avec moi, les sortant les uns après les autres du bâtiment et les confiant à d'autres démons qui s'occuperaient d'eux et les emmèneraient en lieu sûr. Comment pouvait-on faire ça? Ces gens étaient de simples employés. Il n'avait rien à voir avec toute cette barbarie. Je ne savais pas qui avait planifié tout ça, mais je m'en occuperai personnellement. Après tout, j'avais également été embarqué dans cette affaire, tout ça à cause d'un racisme datant d'avant la naissance de toutes les personnes qui y participaient aujourd'hui. Je vous jure, la stupidité des gens.

   Alors que je continuai ma recherche, je trébuchai sur un obstacle et baissai les yeux. C'était une jambe. Détachée. J'eus un nouvel haut-le-cœur, puis pris une grande inspiration. Je pris le membre dans mes mains, sentant le sang chaud couler sur mes doigts, et m'imprégnant de cette sensation pour nourrir ma colère et ma détermination. Je retrouvai le corps quelques mètres plus loin, écrasé sous une partie du plafond. Grâce à ma nouvelle force, je pus sortir le corps, celui d'un jeune homme qui devait avoir l'âge de Ward, ce qui me serra le cœur à un point inimaginable, et le portai dans mes bras. Je le sortis du bâtiment, le confiant à d'autres, puis m'en retournai vers les bureaux, terminant mes recherches.

   Au dernier étage, je m'arrêtai, crispant mes mains. Je bondis sur le côté en entendant un sifflement d'air, et me redressai immédiatement, avant de me raidir, complètement immobile. J'ouvris grand les yeux, ma mâchoire tombant jusqu'au sol, mais je n'eus pas le temps de faire une pause de quelques secondes que mon adversaire me sauta à nouveau dessus, essayant de me toucher au visage et à la poitrine, sans doute pour me couper le souffle et ainsi profiter des ouvertures que je laisserais dans ce cas.

   Je me défendis du mieux que je pus, ne pouvant me convaincre d'attaquer à mon tour. Comment aurais-je pu m'en prendre à la personne qui m'avait enseigné ce que j'étais censé lui infliger dans ce combat?

   - Marr-Hynna, stop!


  

La Porte des Cendres (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant