Scène 10 : Together

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   Je sus que Lily ne me serait d'aucune aide lorsque je vis sa tête. Elle avait littéralement des étoiles dans les yeux. Elle bégaya un "Lily, enchantée", puis secoua doucement la tête.

   - Tu... tu... (Elle me fusilla du regard, ses poings sur les hanches) Tu étais en couple tout ce temps et tu ne m'as rien dit?

   J'en restai bouche-bée. Je venais moi-même d'apprendre que je n'étais plus célibataire, alors je ne voyais pas comment j'aurais pu le lui dire. Concentre-toi Adriel, ce n'est vraiment pas le problème.

   - Nous nous sommes mis en couple récemment, lui répondit Ward doucement. (Il se pencha et ses lèvres frôlèrent mon oreille) Même si ç'a été le coup de foudre immédiatement. N'est-ce-pas mon cœur?

   Euh, c'était moi ou il faisait très chaud ici? Je n'étais pas immunisé par le désir qu'il me provoquait, et j'étais très sincèrement au bord de l'évanouissement. Je pris une inspiration, et fis mine de m'écarter de lui, mais il resserra son emprise. Je me retins de justesse de grogner.

   Lily se désintéressa très vite de moi et reprit pour mon bourreau, avec un geste de la main :

   - Merci de prendre soin de lui! Ça me rassure de savoir qu'il n'est pas tout seul, comme il en a l'habitude. Il a beau être borné, effronté et sarcastique, c'est un amour. Quand il le veut.

   - Je m'en occuperai bien, promit-il avec un rire chaleureux et profond. Et je compte commencer dès aujourd'hui. Vois-tu, nous sommes très occupés.

   Même un sourd aurait pu entendre le sous-entendu : il voulait qu'elle parte. Mais je ne voulais pas qu'elle s'en aille, parce que ça voudrait dire que je me retrouverai seul avec Ward, alors même qu'il voulait m'emmener je ne savais où. Nope, ça n'arriverait pas.

   - Ah bon? Occupés à quoi? questionna Lily, penchant la tête en signe d'interrogation.

   - Ça suffit! Cette situation n'a aucun sens! m'exaspérai-je.

   J'avais l'impression d'être la seule personne sensée de cette pièce.

   - Ce qui n'a pas de sens, c'est que tu as tout gardé pour toi! s'énerva-t-elle à son tour.

   - Et comment aurais-tu voulu que je te le dise? Je te signale qu'on n'est pas...

   Pour la énième fois depuis ce matin, je fus interrompu alors que je parlais - wouah, quelle surprise - alors que Ward prenait mon menton en coupe dans sa main et soulevait mon visage. Ugh, quoi encore, pensai-je immédiatement. Il allait sans doute me faire un autre truc magique pour me faire taire ou je ne sais quoi.

   A la place, il m'embrassa.

   Aussitôt, mon cerveau s'arrêta de fonctionner. J'eus l'impression que mon cœur allait sortir de ma poitrine, alors qu'une profonde chaleur se répandait dans mon corps. Figé les premières secondes, je me détendis doucement, tandis que Ward remuait ses lèvres charnues contre les miennes dans un baiser torride. Elles étaient chaudes, douces. Son bras continuait d'enserrer mes hanches, et sa main libre glissa sur ma nuque, me maintenant fermement. Mes mains, quant à elles, plongèrent instinctivement dans ses cheveux, aussi doux que ce que j'avais imaginé, et les agrippèrent doucement.  Nos bassins et nos torses se frottaient l'un contre l'autre, et de faibles gémissements - que je trouverais sans doute très embarrassants quand j'y repenserais plus tard - s'échappaient de mes lèvres. Mais pour l'instant, je n'en avais rien à faire. Je ne m'étais jamais senti aussi bien, aussi... entier de toute ma vie.

   A cet instant, j'avais l'impression d'être moi.

   - Oh! Vous êtes occupés à... ça. Je... hum, je crois que je vais vous laisser, commenta Lily.

   J'entendis vaguement des bruits de pas s'éloignant, mais j'étais trop occupé pour y faire pleinement attention. J'entourai le cou de Ward de mes bras et me mis sur la pointe des pieds pour approfondir le baiser. J'en voulais tellement plus. Brusquement, je sentis des mains sur mes épaules, et Ward m'écarta d'un coup sec. Incrédule, je clignai simplement des yeux, alors que je voyais l'objet de mon désir regarder par la porte avec son éternelle expression sérieuse.

   Eh bien, la transition était... comment dire, brutale. On était passé d'un amant attentionné et passionné à l'enfoiré de première qu'il était encore il y a dix minutes. Mais le pire, je crois, c'était qu'il ne semblait absolument pas ébranlé par ce qu'il venait de se passer, contrairement à moi. Peut-être avait-il l'habitude de faire ce genre de choses.

   Je le détestais.

   - Bien, elle est partie, déclara-t-il. Allons-y avant qu'une nouvelle distraction ne vienne.

   - Je t'ai dit que je ne partirais pas avec toi, grondai-je en le poussant.

   Autant essayer de déplacer un mur.

   - Et je t'ai dit que tu n'avais pas ton mot à dire dans cette histoire.

   - Ouais, j'ai cru comprendre que tu aimais tout diriger, monsieur-je-joue-avec-les-sentiments-des-autres.

   - Sentiments? répéta-t-il, haussant un sourcil.

   Je détournai les yeux, maudissant mes joues écarlates, puis marmonnai entre mes dents:

   - Rien... c'est une expression humaine.

   - Peu importe. On y va.

   Il prit mon sac et mon manteau de son bras droit et je m'avançai vers lui pour les lui reprendre.

   - On va nulle part, m'entêtai-je. Attends, qu'est-ce que tu fais...

   Je criai d'indignation quand Ward me balança sur son épaule. Tant pis pour lui si je vomissais sur son dos.

   - Hé! Lâche-moi! lui ordonnai-je en martelant son dos de mes poings.

   Il ne réagit pas. Une autre tactique s'imposait.

   - Si tu te balades comme ça dans la rue, tout le monde va nous remarquer. T'es pas censé être discret?

   - Qui a dit qu'on passerait par la rue?

   Il avait dit ça en enjambant l'une des fenêtres ouvertes de mon salon. Oh Seigneur.



   Ce chapitre m'aura pris du temps! J'ai déjà des idées pour le prochain alors il ne devrait pas tarder (pas comme celui-ci ahha)

La Porte des Cendres (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant