Scène 36 : Power

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   - Tu marches comme un pingouin.

   Le visage rouge, je fusillai du regard Azroth, qui me regardait de travers depuis plusieurs minutes maintenant, et essayai de cacher ma gêne en me raclant la gorge.

   - Je suis tombé de mon lit ce matin, c'est tout.

   - Mmh mmh, murmura-t-il, peu convaincu.

   C'était compréhensible. Je marchai vraiment comme un pingouin, ce qui était d'autant plus embarrassant que 1) tous les membres principaux de la Rébellion étaient là 2) nous nous trouvions au Palais de Moïbia.

   Je soupirai, massant discrètement le bas de mon dos, une grimace sur le visage. Tout ça, c'était la faute de cet abruti qui savait vraiment bien utiliser son engin, même si ça me faisait mal de l'admettre. Comme il me l'avait promis, il avait profité de l'heure que nous avons passé ensemble jusqu'au bout, me laissant ensuite à moitié inconscient sur mon lit, dans un état post-orgasmique. Mon dos m'a bien rappelé à l'ordre quand je me suis réveillé ce matin, ça je peux l'affirmer.

   Nous arrivâmes bientôt au bout du couloir que nous traversions, puis entrâmes dans une immense salle de réunion. Une table au multiples sièges nous attendaient, et nous y prîmes place, suivis de peu par la Reine, dont la prestance n'égalait que sa beauté.

   Elle s'assit au bout de table, puis Kithmeril prit la parole en notre nom. Pendant les heures qui suivirent, les plans élaborés par ma sœur et les autres furent revus, modifiés, puis enfin officialisés. La Reine nous apprit que la population s'enflammait de plus en plus, pour reprendre ses mots. Les gardes de Muspellheim présents se montraient de plus en plus virulents, s'en prenant davantage aux citoyens, ce qui, légitimement, les mettaient sur les nerfs.

   Tout le long de la réunion, j'avais gardé mes doigts joints et crispés sous la table, posés sur mes genoux. J'avais d'ores et déjà accepté d'aider ma sœur et les autres et de mettre mon pouvoir au service d'un peuple - mon peuple - qui était opprimée. Mais je n'aimais pas cette manière qu'avaient les deux partis de voir l'autre comme le "méchant de l'histoire". Je n'étais pas assez stupide naïf pour croire qu'un simple dialogue réglerait une tension géopolitique incroyablement ancienne. Enfin... Peut-être avais-je tort. Aussi horrible que ça puisse paraître, peut-être qu'une guerre finirait bel et bien de tarir la haine entre les démons et les êtres de Lumière. Je n'étais personne pour affirmer quoique ce soit, même si j'aurais voulu savoir de quoi notre avenir sera fait.

   Je grimaçai une nouvelle fois lorsque je bougeai sur mon siège, ayant oublié la raideur de mes reins. Aussitôt, je sentis mon visage brûler au souvenir de tout ce que Ward m'avait fait : nos positions, nos baisers, ses coups de reins...

   - Adriel? Quelque chose à dire?

   Je sursautai en entendant mon nom, prononcé par la voix suave de la Reine.

   - P-Pardon?

   - Tu as émis un raclement de gorge bruyant, je te demande donc si tu aimerais émettre un avis sur ce qui a été décidé lors de notre discussion.

   Je pinçai les lèvres, me maudissant intérieurement.

   - Oh, oh non je... j'ai... un chat dans la gorge?

   Un grand silence accueillit ma phrase et j'eus l'horrible envie d'être aussi invisible que les gardes de la Reine, qui devaient très probablement se trouver avec nous dans la pièce sans même que je le sache, ce qui était d'autant plus gênant. Pitié, tuez-moi.

   - Très bien, conclut la Reine en posant ses coudes sur la table, mains jointes. Nous en avons fini.

   Nous nous levâmes tous, nous dirigeant progressivement vers la sortie.

La Porte des Cendres (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant