Clémentine: Non. Bien sûr que non je ne regrette pas. Mais j'ai peur. Peur que ce cancer soit trop dur à supporter, peur d'être trop faible, peur que tu gâches ta vie avec moi. Que notre amour si fort aujourd'hui se brise avec le temps, les difficultés. J'ai peur que mes enfants ne me pardonnent pas. Peur qu'ils ne me comprennent pas.
Je la stoppe immédiatement, et je la prends dans mes bras. Ces angoisses je les ai aussi. Peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas la rendre heureuse comme elle mérite de l'être, peur que ce cancer l'embarque sans me laisser le temps d'en profiter. À mesure, que ces pensées fusent dans mon cerveau, je sens les larmes qui montent. Je lève les yeux vers Clémentine
Maxime: Ces peurs je les ai moi aussi. Je veux te rendre heureuse, je veux passer le reste de ma vie avec toi, que personne ne nous sépare, jamais. Ton cancer, je veux qu'on le combatte ensemble comme la France en finale de coupe du monde. Clémentine, je serai là pour chacun de tes pas. Je veux te faire sourire, et je ferai tout ce qui existe pour que ce soit le cas.
*Pensées de Clémentine*
Un moment de silence s'installe entre nous. On est enfin tous les deux. Rongés par la peur, rongés par les doutes. Notre histoire a toujours été basée sur la confiance, l'attirance mutuelle de nos deux coeurs et de nos deux corps. Le fait de savoir toujours quoi dire pour consoler, toujours quoi faire pour faire plaisir. Mon histoire avec Maxime, elle est magique. Parce que pendant des mois on a refusé de voir et de comprendre qu'il s'agissait d'amour. Et aujourd'hui je me rends compte enfin, qu'être amoureuse c'est subjectif. Que l'amour diffère en fonction de la personne à qui on le consacre. J'aime Maxime. Je l'aime tellement que parfois ça me fait mal. Je ne peux pas le perdre, je ne peux pas supporter d'imaginer ma vie sans lui, et je crois que finalement c'est cette peur viscérale qui aujourd'hui m'a donné la force de partir de chez moi.
Maxime me tire de ma rêverie en me tirant par la main. Selon lui, rien de tel pour se changer les idées que la pâtisserie. Je ne sais pas d'où il tient cette idée farfelue mais elle me fait drôlement rigoler et c'est tout ce qui compte. Nous voilà dans sa cuisine, il enfile un tablier sur son torse nu, et une toque qui apparement d'après ses dires est une obligation sanitaire. Je ne peux contenir mon sourire. Avant toute chose, je m'approche de lui et je passe mes bras autour de son cou.
Clémentine: Alors Chef, qu'est-ce qu'on cuisine?
Maxime: Surprise madame! Tu peux être mon commis si tu veux, ou alors tu peux t'assoir et regarder la bombe atomique que je suis en train de te préparer ce qui sera un orgasme culinaire.
Clémentine (dans un éclat de rire): Dis donc, le chef, t'as l'air très beau parleur, mais t'as pas beaucoup avancé! Soit dit en passant, si tu es aussi bon en cuisine qu'au lit, je ne doute pas de l'orgasme!
Clémentine explose de rire en finissant sa phrase, ce qui donne des idées à Maxime. Alors qu'il s'approche d'elle à pas de loup, elle décide de jouer et de fuir en courant à travers la maison. Très vite la situation dérape et Maxime jette de grosses poignées de farine à travers Clémentine dans le jardin. Tous deux rient à gorge déployée, cela dure de longues minutes. Alors que Clémentine a dans sa main deux oeufs prêts à se casser sur Maxime, ce dernier se trouve en embuscade, le jet d'eau en main, prêt à faire feu sur Clémentine. Elle se retrouve dos à lui, et il a l'avantage de connaître le jardin dans ses moindres recoins. Il se jette alors autour de Clémentine avec le jet, dans l'espoir de lui faire exploser les oeufs contre le sol. Ils rient comme des enfants, et crient au contact de l'eau gelée donc Maxime ne parvient pas à maitriser la pression. Soudain, plus rien ne compte, Maxime est focalisée sur les éclats de rire de Clémentine, il la regarde avec un sourire immense sur le visage, et se rend compte de la chance qu'il a. Cette femme, cette femme magnifique, brillante, sportive, drôle. Cette femme l'a choisi. Elle a balayé 20 ans de vie juste pour être avec lui.
Perdu dans ses pensées, Maxime ne voit pas Clémentine se saisir du jet, et dans un mouvement brusque tous les deux chutent au sol, dans une pelouse détrempée.
Clémentine embrasse alors Maxime, c'est leur premier baiser depuis qu'ils sont arrivés. Elle détache soudainement ses lèvres et dit à Maxime:
Clémentine: Depuis que tu es passé devant mes yeux, je me dis que c'est ce qui m'est arrivé de mieux.
Maxime sourit et l'embrasse à nouveau.
Soudain, une voix se fait entendre.
Chloé: Maxime! Chéri? Tu es là?
Maxime et Clémentine se regardent interloqués, et au lieu de réagir, ils sont pris d'un fou rire.
La voix de Chloé se rapproche, mais aucun des deux ne bougent. Ils en ont finis de se cacher. Ils sont enfin ensemble, et ils vont le crier sur tous les toits. Maxime dépose un furtif baiser sur les lèvres de Clémentine, et se dirige vers sa mère en se relevant.
Chloé: Mais Maxime, qu'est-ce que tu fais dans cet état?
Maxime: Maman, tu ne peux pas passer à l'improviste comme ça. Si papa arrive, ça va être un carnage.
Chloé: Tu n'es pas tout seul?
Des deux, je ne sais pas qui maitrise le mieux l'art de changer de sujet.
Maxime: Non, ma copine est là.
Chloé: Je savais pas que tu avais une copine! je peux la rencontrer?
Maxime: Oui bien sûr!
Maxime retourne dans le jardin en affichant un sourire satisfait.
Maxime: Viens, ma mère veut te rencontrer.
À la vue de Clémentine, le sourire sur le visage de Chloé s'estompe.
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Les douceurs de la vie
General FictionDeux vies différentes. Deux personnes isolées. Comment les standards exigés par une société qui se soucie trop des cases, peuvent être modifié. Un seul mot. L'amour. Celui qui dure toujours, l'amour.