2 - Intriguée

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Philomène resta plusieurs jours à l'hôpital. Sa blessure à l'épaule n'était finalement pas si grave. Bien évidemment, on lui demanda ce qui lui était arrivé. Elle raconta toute la vérité. Philomène était une personne intelligente. Elle savait que lorsque l'on commençait à mentir, même un peu, on continuerait à mentir, de plus en plus. Alors, la seule solution consistait à tout avouer. Mais c'était difficile, et de plus, cela amenait tout de même des ennuis. Alors le mieux était tout de même d'éviter de mentir au départ. Philomène détestait mentir depuis toujours, et elle le faisait le moins possible. Certes, il y avait parfois ce léger malaise, cette impression de devoir cacher quelque chose, mais la jeune fille le résolvait par une question très simple : avait-elle quelque chose à se reprocher ? En l'occurrence, la réponse était "non", donc, elle n'avait aucune raison de mentir sur les évènements. Certes, ses parents lui dirent qu'il aurait été plus prudent de sa part de rester chez Milena et de les appeler ; mais la voyant bouleversée et l'étant eux-mêmes, ils ne lui reprochèrent rien. Elle se reposa jusqu'au lundi suivant. Mélusine et Milena lui apportèrent leurs leçons et les devoirs à faire ; et elles l'aidaient à travailler. Le lundi, la jeune fille se leva, se prépara et retourna au lycée Mourlevat. Benjamin l'accueillit dès son arrivée.

-Philo ! Tu m'as fait tellement peur !

Il l'enlaça et, soulagée, elle se blottit contre lui. Le garçon lui caressait le dos, avec tendresse.

-Ben... J'ai eu peur moi aussi...

-Je sais. Je m'en suis tellement voulu, j'aurais dû être là, j'aurais dû être avec toi...

-Mais non ne dit pas ça ! s'écria Philomène. C'est pas de ta faute, en plus c'est moi, j'aurais pas dû rentrer seule.

A ce moment, la cloche sonna, invitant tous les élèves à se rendre en cours. Philomène se rendait en latin, et Benjamin en anglais. Ils s'embrassèrent et se promirent de se retrouver à la récréation.

Pendant toute la journée, les lycéens vinrent voir Philomène pour lui demander des nouvelles, la réconforter, la questionner sur ce qu'il s'était passé. Comme toujours, la jeune fille continua à sourire. Mais, intérieurement, vers le début de l'après-midi, elle commença à trouver un peu agaçants tous ces adolescents qui la prenaient pour une star, alors que la plupart d'entre eux ne la connaissaient pas...

Ce soir-là, en sortant de son dernier cours (une épuisante séance de volley), elle n'aurait pas su dire si elle était surprise de voir qui l'attendait devant le lycée.

-Eh princesse ! la héla-t-il. T'as pas une minute pour qu'on se parle ?

Il avait, cette fois encore, la tête vaguement penchée sur le côté. Philomène n'avait plus du tout peur de lui, mais elle le regarda d'un air énervé.

-Ne m'appelle pas comme ça ! Je te signale que je sors avec quelqu'un.

-Désolé. Alors tu as du temps ?

Elle réfléchit. Elle avait fini tôt, et elle pouvait tout à fait se permettre de prendre le bus suivant.

-Ok, accepta-t-elle.

Benjamin n'était pas là, il finissait ses cours une heure plus tard. Les bus, les voitures et les élèves à pieds repartaient. Elle s'assit par terre contre le mur et le garçon, qui y était adossé, fit de même.

-Ça te dérange si je fume ? demanda-t-il.

-Oui. Je vais devenir une fumeuse passive. La fumée va envahir mes poumons, je vais tomber malade et tu auras ma mort sur la conscience.

Elle était de mauvaise humeur. Il haussa les épaules et ne fuma pas.

-Moi c'est Colibri, engagea-t-il.

Les Âmes des Jours de PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant