6a - Déchirure

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En juin, le compte-rendu du conseil de classe indiquait :

CLAIRE, PHILOMENE                                                                                                 1ère S

DECISION DU CONSEIL DE CLASSE :

PASSAGE EN TERMINALE

REDOUBLEMENT

VOUS DISPOSEZ DE TROIS JOURS POUR FAIRE APPEL.

SIGNATURE DU                                                                                       SIGNATURE DE

RESPONSABLE LEGAL                                                                          L'ELEVE

...............................                                                                                      ...............................

Il n'y eut pas d'appel. En réalité, le professeur principal de Philomène avait déjà discuté avec l'élève et ses parents, arguant que comme la jeune fille avait une année d'avance, ce ne serait pas trop gênant pour elle de redoubler, et que cela pourrait être vraiment bénéfique pour elle. Ils avaient accepté.

L'été arriva à son tour, mais pas aussi radieux que le précédent. Tout d'abord, parce qu'il commença avec l'épreuve de français du baccalauréat, à laquelle Philomène n'obtint pas la moyenne. Mais de toute manière, elle le repasserait l'année suivante. Mais ce qui lui gâchait vraiment les vacances, c'était qu'elle se sentait malade. Elle avait tout le temps mal au dos, au ventre, et une grande envie de rester couchée à ne rien faire. Alors au lieu de sortir, elle restait cloîtrée chez elle, déprimée.

Jusqu'à ce que cela arrive.

L'incident.

Le problème.

La déchirure.

C'était dans la nuit du 18 au 19 juillet. Philomène était seule chez elle, car tous les autres membres de la famille était chez des amis. Elle s'était couchée tôt et dormait à point fermé. Mais à une heure du matin environ, elle fut réveillée par de violentes douleurs à l'estomac. Elle se redressa sur son lit en gémissant. C'était comme de violentes contractions, qui l'épuisaient et la torturaient. Elle resta ainsi un moment, essayant de supporter la douleur. Et puis, elle sentit un liquide couler sur ses cuisses. Elle ressentit d'abord une vague honte, avant de comprendre que ce n'était pas ce qu'elle avait cru.

C'était autre chose.

Non, non, c'était impossible ! Pourtant, en réfléchissant aux dates elle s'aperçut que c'était tout à fait possible. Mais c'était impossible dans le sens, cela ne pouvait pas lui arriver à elle ! Pourquoi ? Pourquoi elle ? Elle n'avait rien fait de mal...

Malheureusement il était trop tard pour faire marche arrière. Trop tard depuis neuf mois, en vérité. Et après force douleurs, sueurs, gémissements, Philomène se retrouva bel et bien avec un bébé dans les bras.

Il lui fallait agir, et vite. Elle coupa elle-même le cordon, puis enveloppa l'enfant dans un des vêtements de nouveau-né dont elle se servait des années auparavant pour habiller ses poupées. Elle enfila ensuite un short, un T-shirt, une paire de sandales, ferma sa maison à clé et partit dans le dédale des rues pleines de brume rendant la scène irréelle, avec son enfant dans les bras. Elle courut, tant elle était paniquée, elle courut jusqu'à un certain entrepôt...

Les Âmes des Jours de PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant