Les sœurs Schuyler

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Il n'y a rien que les riches aiment plus que de se balader parmi les bas-quartiers de grandes villes et de s'encanailler avec les pauvres. Ils prennent leur voiture personnelle et viennent jeter un coup d'œil aux étudiant dans les terrains publics, uniquement pour les écouter parler.

Prenez le général de l'armée continentale, Philip Schuyler : l'homme est plein aux as. 

Mais il ne sait pas que ses uniques enfants, ses trois filles, Margarita, que tous appelaient Peggy, Elizabeth, Eliza pour les intimes, et Angelica font le mur jusque dans la ville uniquement pour voir tous les hommes au travail.

"Papa a dit d'être à la maison pour le coucher du soleil ! s'indigna Peggy

- Papa n'a pas besoin de savoir, lui répondit sa sœur aînée Angelica

- Papa a dit de ne pas aller dans les bas-quartiers ! s'insurgea-t-elle de nouveau

- Comme nous l'avons dit, tu es libre de t'en aller, lui rétorqua la cadette Eliza."

En proximité du fameux port de New-York, les trois sœurs admiraient  le soleil miroitant sur les moirés orangés de l'eau. 

L'aînée des trois, Angelica Schuyler, était une femme savante. Elle s'intéressait aux lettres, aux sciences, mais surtout à la politique et à l'actuel état de son pays. Elle aimait écouter les hommes qui défendaient leurs idéaux contester ou encourager la politique de l'Angleterre. Elle n'était pas aussi naïve que toutes les femmes de sa condition et savait que quelque chose se préparait dans la grande ville de New-York.

"Regardez autour de nous, dit-elle à ses jeunes sœurs, la Révolution arrive à New-York.

- C'est assez mauvais que papa veuille partir en guerre... réagit la plus jeune, Peggy.

- Des gens crient sur la place, s'excita Elizabeth.

- Déjà que la violence arrive sur nos côtes...

- Il y a de nouvelles idées dans l'air ! renchérit Angelica. Regarde autour de nous !"

Elizabeth se rapprocha de sa sœur aînée, un air complice se formant sur son visage. 

"Angelica, rappelle-moi ce que nous cherchons..."

Deux hommes passant par là, en tenues de ville, posèrent leur lourdes mains sur les frêles épaules de Margarita, et dirent :

"C'est moi qu'elle cherche !"

Dans une idée de geste protecteur, Angelica saisit sa sœur benjamine par la main et la ramena à elle, afin de l'écarter des deux hommes, qui s'en allèrent en riant, sentant l'alcool à des kilomètres à la ronde. 

Puis, pour finalement répondre à sa sœur, la regarda, les yeux brillants d'excitation, et dit :

"Eliza, je suis à la recherche d'un esprit qui travaille !"

Elles repartirent joyeusement en riant discrètement, continuant leur tour dans la ville. 

Il n'y a rien de mieux que l'été en ville. Quelqu'un de pressé aux côtés d'une belle personne. Et les rencontres fugaces de ces moments de détente dans les rues des grandes villes de ce monde. Plusieurs mondes se croisent, se rencontrent, se décroisent et s'oublient.

A quelques mètres de là, sur la terrasse d'un café, se reposait un homme. Dès lors qu'il aperçut le doux visage d'Angelica Schuyler, il se releva, toute en détente, dont le corps semblait avoir une vie indépendante de celle de son esprit. Il se posta derrière elle et attira son attention :

"Excusez-moi mademoiselle, je sais que ce n'est pas très amusant, mais votre parfum porte à croire que votre père a de l'argent. Pourquoi traînez-vous dans cette partie de la ville dans vos talons luxueux ? Seriez-vous à la recherche d'un voyou qui vous donnerait des idéaux ?

- Burr, vous me dégoûtez.

- Ah, donc vous m'avez percé à jour ! répondit Aaron en levant les bras au ciel de façon théâtrale, dévoilant son identité. J'ai les poches pleines, chérie, tu peux me faire confiance !

- J'ai lu "Le Sens Commun" de Thomas Paine, qui dit que les hommes pensent de moi que je suis soit intense soit folle à lier. Vous voulez une Révolution ? Moi, je veux une révélation ! Alors écoutez ma déclaration : "Nous tenons pour évidente les vérités suivantes, qui disent que tous les hommes naissent libres et égaux en droits". "

Burr, pensant à cette femme, lui donnant une leçon d'humanité, avait perdu tout sens des la réalité. Mais il était bien fou l'homme qui pensait qu'on pouvait arrêter Angelica Schuyler, lancée sur son sujet :

"Et lorsque je rencontrerai Thomas Jefferson, je le convaincrai d'inclure les femmes à la suite !"

Il n'en fallu pas plus pour faire fuir Aaron Burr, prodige de Princeton, chercher le réconfort dans la boisson et dans l'euphorie de la présence de ses amis. Heureuse d'avoir atteint son but, Angelica arbora face à ses sœurs le regard le plus satisfait qu'une femme puisse porter. 

Portée par cette discussion, somme toute fort intéressante, Eliza regarda face à elle le port de New-York et dit à ses sœurs :

"Regarde autour de nous ! Regarde à quel point nous sommes chanceuses d'être en vie en ce moment ! L'Histoire arrive à Manhattan et nous nous trouvons justement dans la meilleure ville du monde !"

L'Histoire a posé les yeux sur toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant