Une histoire d'un soir

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Plus tard dans la soirée, alors que la nuit tombait sur New-York, le marié et ses plus proches amis, Lafayette, John and Hercules, sortirent s'aérer. Les trois proches d'Alexander étaient déjà bien arrosés pour le reste de la soirée lorsqu'ils se mirent à chanter. John lançait le chant et les deux autres suivait.

"Je ne vivrais peut-être pas assez longtemps pour voir notre gloire !

- Je ne vivrais peut-être pas assez longtemps pour voir notre gloire !

- Mais j'en ai vu des hauts et des bas !

- Mais j'en ai vu des hauts et des bas ! 

- Car si le matou peut être marié 

- Si Alexander peut être marié 

- Il y a toujours de l'espoir pour nous après tout !

- Il y a toujours de l'espoir pour nous après tout !"

Au même moment, Alexander aurait voulu disparaître au fond des entrailles de la Terre, mais il était bien forcé de vérifier que ses amis ne se mettent pas en danger, vu la quantité d'alcool qu'ils avaient ingérés.

"Levons un verre à la liberté ! proposa Lafayette

- Quelque chose que tu ne verras plus jamais ! se moquèrent le reste de ses amis

- Peu importe ce qu'elle te dit ! répliqua Hercules

- Prenons une autre tournée ce soir ! 

- Levons un verre à nous trois ! Nous trois qui ne sommes plus pauvres ! 

- On se racontera l'histoire de ce soir !"

Et tandis qu'ils prodiguaient tous des conseils sur le mariage à Alexander, alors qu'eux-mêmes ne l'étaient pas, une silhouette sombre se glissa près d'eux, tentant de s'en aller. Ce fut John Laurens qui, malgré son alcoolémie fortement élevée, réussit à interpeller celui qui tentait de s'enfuir.

"Tiens, si ce n'est pas Aaron Burr ! 

- Monsieur, répondit-il.

- Je ne pensais pas que vous viendriez ! lui dit Alexander

- Juste pour être sûr ! se justifia-t-il. Je suis venu pour vous féliciter. Je constate que la troupe  est au grand complet.

- Tu es le pire Burr, commenta Lafayette.

- Ignorez-les, recommanda Hamilton. Félicitations à vous, Lieutenant Colonel. Je préférerais avoir votre poste plutôt que de tenir le journal de Washington.

- Non, vous ne voudriez pas.

- Bien sûr que si.

- Restez raisonnable, j'ai entendu que vous vous étiez rendu indispensable."

John décida de les interrompre, jugeant que parler de leurs carrières militaires respectives était suffisamment barbant pour briser l'ambiance. Ses oreilles étaient à l'affût des moindres potins dont il pouvait se servir. Il se dit alors qu'il était temps de vider un peu sa réserve.

"Eh bien, eh bien, j'ai entendu que vous aviez quelqu'un de spécial à vos côtés.

- C'est vrai ?

- Qu'est-ce que vous essayez de cacher, Burr ?

- Je devrais m'en aller, se renfrogna-t-il.

- Non ! s'écria Alexander. Ceux-ci devraient s'en aller.

- Quoi ?! Non ! Tu ne peux pas nous faire ça ! s'indignèrent ses trois amis.

- Laissez-nous tranquille ! ordonna-t-il avant de les pousser vers la salle de réception de nouveau. Burr, j'aurais aimé que vous rameniez cette femme avec vous ce soir.

- Vous êtes très aimable, mais j'ai bien peur que ce soit contre la loi.

- Qu'est-ce que vous voulez dire ?

- Elle est mariée.

- Je vois.

- Elle est mariée à un officier britannique.

- Oh merde, jura Alexander."

L'amour est décidément une notion complexe. Aaron Burr se retrouvait à aimer la femme de l'ennemi.

"Encore félicitations, Alexander. Et n'oubliez pas de sourire ! dit-il en se levant du banc où ils s'étaient installés pour discuter. Je vous verrai de l'autre côté de la guerre.

- Je ne vous comprendrais jamais, lui dit-il. Si vous aimez cette femme, allez la chercher. Qu'est-ce que vous attendez ?

- Je vous verrai de l'autre côté de la guerre.

- Je vous y verrai."

C'est ainsi qu'Alexander et Aaron se séparèrent pour le reste de la nuit. Et alors qu'Alexander repartait trouver sa jeune femme, Aaron pensait toujours à cette discussion lorsqu'il retrouva le chemin de sa maison à travers l'obscurité de la nuit qui venait de tomber.

L'Histoire a posé les yeux sur toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant