Au centre de New-York, dans les quartiers bourgeois, Elizabeth Schuyler s'agitait.
Elle réfléchissait à toute vitesse, son cœur autant à l'action que son cerveau. Elle avait changée depuis cette fameuse soirée, ce bal, elle le savait. Elle connaissait aussi bien le Mal dont elle était la victime que celui qui en était à l'origine.
Celui qui l'avait laissée sans défense, depuis cette funeste nuit.
Elle se rappelle, plongeant le regard au fond de ses yeux, le ciel en étant la limite, puis fondant sous la voix mielleuse de cet homme. En un instant, elle se retrouva à terre, et l'imaginant encore une fois, se noie au fond de ses prunelles.
Et elle se remémore tous ces instants de bonheur.
***
Elizabeth n'avait jamais été du genre à vouloir attirer l'attention sur elle, ce qui était plutôt le rôle de sa sœur Angelica. Bien qu'elle aimait s'émerveiller du monde autour d'elle, elle avait plutôt subi les regards insistants et les avances, lors de cette fête, où se mêlaient révolutionnaires et intellectuels, au sein d'une nuit chaude.
Elle riait de sa sœur aînée, qui impressionnait l'entièreté de la salle, puis il est arrivé, et son cœur a explosé, comme les canons britanniques inondant le pays.
Les invités se souviendront sûrement de cette jeune femme, que tous connaissaient, qui s'évertuaient à attirer le regard d'un homme depuis un coin de la salle.
Autour d'elle, tout le monde danse, et les musiciens faisaient de leur mieux pour faire opérer le miracle d'une fête inoubliable. Dans la salle, on danse tandis que l'on mange et que l'on boit. Elle attrape le poignet de sa sœur et lui murmure
"Celui-là est à moi."
Soudainement, Angelica traversa la salle pour arriver jusqu'à lui. Le stress et la nervosité envahirent Elizabeth. Qu'allait-elle faire ?
Elle l'approchait.
Elle lui prit le bras.
Pour Elizabeth, tout était fini. Elle était persuadée qu'Angelica allait lui voler celui qu'elle choisi, le seul qu'elle voulait ce soir.
Puis il posa les yeux sur elle, et d'un coup, elle se retrouva sans défense. Oh, ces yeux ! Il est si parfait, il me plait tellement... Elle se dirigea vers sa sœur et le bel homme, n'ayant en tête que de vouloir tenter sa chance à ses côtés.
"Où m'emmenez-vous ? lui demanda-t-il
- Je suis sur le point de changer votre vie, répondit Angelica
- Alors, je vous prie de me montrer le chemin..." lui glissa-t-il sensuellement
Les trois finirent par se rejoindre dans un des coins de la salle. Eliza s'approcha d'eux, le rouge aux joues. Elle se présenta timidement, replaçant ses longs cheveux blonds derrière ses oreilles, ses yeux bleus clignant frénétiquement d'angoisse.
"Elizabeth Schuyler. C'est un plaisir de vous rencontrer !
- Schuyler ? s'interrogea-t-il
- Ma sœur, l'éclaira Angelica.
- Alexander Hamilton, se présenta-t-il.
- Merci pour tous vos services.
- S'il fallait aller en guerre pour que nous nous rencontrions, alors cela en valait le coup."
Le rouge déjà présent sur le teint pâle d'Eliza monta en intensité jusqu'à recouvrir son visage entier.
"Je vous laisse tous les deux..." déclara Angelica avant de s'éclipser
***
Cela faisait désormais des semaines entières qu'elle écrivait des lettres chaque soir, et sa vie s'illuminait dès qu'elle recevait une réponse de celui qu'elle aimait. On pouvait même l'entendre rire de sa sœur aînée, taquine, qui voulait former un harem et dont l'argument était toujours le même.
"Je dis juste que si tu m'aimais réellement, tu le partagerais !" répétait-elle en riant
Mais la taquinerie s'arrêtait là, car Angelica savait la passion dévorante qui rongeait le corps et l'âme d'Elizabeth.
***
La famille Schuyler était réunie dans la salle de réception, chacun de ses membres assis autour de la table. Elizabeth était dévorée de l'intérieur par un stress et une angoisse qui ne l'avaient pas quittée depuis qu'elle s'était installée.
Elle fixait intensément le visage de pierre de son père alors qu'Hamilton, assis à ses côtés, à la place d'invité, lui demandait sa bénédiction. Elle mourrait à l'intérieur d'elle-même tandis que le dîner se poursuit, que tout le monde mange et finisse les bouteilles de vin. Elle est au bout de ses nerfs, prête à pleurer à tout moment, tellement la pression est puissante sur la salle.
Le général Philip Schuyler se lève et traverse la salle, en contournant la table.
Elle panique encore plus, si cela est possible, pensant que tout est fini.
Mais Mr Schuyler sert la main du jeune Hamilton, et dit une chose que jamais les deux amants n'oublieront.
"Sois honnête et vrai."
Alexander se retourna vers sa fiancée, le sourire aux lèvres.
Plus tard dans la journée, le jeune couple se baladait dans les jardins, profitant de l'officialisation de leur mariage prochain. Ce fut Alexander qui brisa le silence qui, jusqu'à présent, n'était troublé que le gazouillement des oiseaux et le bruissement du vent dans les arbres.
"Elizabeth, je n'ai pas un dollar à mon nom, une acre de terre, une troupe sous mon commandement, ou une extrême renommée. Tous ce que j'ai est mon honneur, ma tolérance à la douleur, quelques crédits d'Université, et mon cerveau de premier choix. Mais ce qui me sidère, est que malgré tout cela et en connaissance de cause, tu m'ais choisi moi.
- Alexander...
- Ta famille fait ressortir en moi une nouvelle facette : Peggy se confie à moi, Angelica essaie de me voler à toi. Mais n'aies pas peur, mon amour pour toi ne sera jamais remis en doute. On trouvera un coin tranquille dans Harlem, et on inventera la suite de notre histoire plus tard.
- Je te fais confiance.
- J'ai vécu sans famille depuis que j'étais enfant, mon père est parti, ma mère est morte, j'ai grandi par moi-même. Mais je n'oublierait pas le visage de ma mère. Elle était si... réelle. Et pour aussi longtemps que je serais en vie, Elizabeth, je te le jure, tu ne te sentiras jamais sans défense.
- Je sais que tu dis vrai : tes yeux me le disent.
- Ma vie ira bien tant que tu seras dedans."
A New-York tu peux être un nouvel homme...
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L'Histoire a posé les yeux sur toi
Historical Fiction1776. New-York. Débarqué de l'école de Princeton, le jeune Alexander Hamilton, 19 ans, n'a qu'une seule idée en tête : devenir avocat. Pour atteindre son objectif, il a juste un nom, Aaron Burr. Mais l'ambiance est lourde à New-York, on chuchote qu...