Fairy Tail - Mest Time

4. Lya

Je fais demi-tour, bien décidée à repartir d'où je viens, avant de me raviser et de revenir sur mes pas. Le doute m'assaille et je ne suis plus vraiment convaincue de faire le bon choix. Tant de questions se bousculent dans ma tête, ravageant mon coeur, ébranlant mes certitudes. Et si Dranbalt n'était pas là ? Et si il n'avait finalement jamais rejoint cette guilde ? Et si il m'avait réellement abandonnée ? Rien qu'à l'idée, je me sens suffoquer. Des points noirs dansent devant mes yeux et je me sens vaciller.

Je dois me calmer. Dans cet état, je n'arriverai à rien faire de bien. Et toutes ces émotions contraires sont très mauvaises pour moi, je le sais. D'autant plus que si je perds le contrôle, ce sont les habitants de Magnolia qui vont en pâtir. Je lève les yeux vers le bâtiment face à moi, le détaillant avec minutie, comme si cela pouvait m'aider à prendre ma décision.

La bâtisse ressemble à une maisonnette surplombée d'une tour munie d'un moulin à vent. L'architecture mélangeant pierre et bois lui donne un charme indéniable. Le sigle de la guilde se trouve sur la tour, grand drapeau orangé donnant une tour flashy au monument, et la forêt qui s'étend derrière lui donne une allure féerique. Fairy Tail. Oui, d'apparence, cette guilde porte bien son nom. Mais qu'en est-il du reste?

Je déglutis tandis que je me repasse tout ce que j'ai pu entendre sur eux. Fairy tail serait remplie de personnes qui n'écoutent que leurs propres règles. Ils aiment le désordre et sont imbus d'eux-même. Partout où ils vont, ils sèment la discorde et la désolation. De nombreuses villes se sont retrouvées endettées suite au passage des membres de la guilde. Oui, ce tableau n'est décidément pas à leur avantage, et j'ai conscience que je devrais les éviter.

Mais j'ai aussi pu entendre d'autres sons de cloches. Les membres auraient sauvés de nombreuses vies. Ils mènent leur mission jusqu'au bout et, parfois, refusent les récompenses qui leur étaient promises. Ils ont un grand coeur et un sens du sacrifice et de l'honneur hors du commun. Leurs mages sont très puissants et certains sont même des mannequins reconnus mondialement. Il paraîtrait même qu'ils auraient apprivoisés des dragons afin que les mages de rang S puissent avoir leur propre moyen de locomotion.

J'avoue ne pas être réellement convaincue par ce dernier argument qui me semble légèrement exagéré, mais si ils sont aussi merveilleux qu'ils semblent l'être, je comprends mieux pourquoi Dranbalt aurait voulu les rejoindre. Oui, mais si ils sont si géniaux, pourquoi le conseil semble les avoir en horreur ? L'insinuation de Klauss me revient en mémoire. Sans l'avoir dit tel quel, j'ai bien compris que selon lui, Fairy Tail est devenue une guilde noire cachée derrière sa réputation d'antan. Mais je ne suis pas d'accord, et si aucune mesure n'a encore été prise pour les arrêter, c'est que la rumeur est infondée.

Prenant une grande inspiration, je pousse la porte et m'engouffre dans le repère des fées. Aussitôt, mes sens sont agressés de mille et une façon. Le spectacle qui s'offre devant moi me laisse sans voix. Des rires se mélangent aux cris, deux garçons à moitié nus se battent au milieu de la pièce, faisant jaillir des gerbes de feu et de glace qui s'entrechoquent dans un fracas assourdissant. Je cligne plusieurs fois des paupières, abasourdie par ce que je vois.

A l'écart, une femme en armure mange un fraisier sans se soucier le moins du monde de la bataille qui a lieu devant elle. Trois chats volent en cercle au-dessus des deux combattants. Je me frotte les yeux, essayant de reprendre mes esprits. Des chats qui volent ? J'ai certainement halluciné. Je dois être bien plus fatiguée que ce que je pensais. Mais quand j'ouvre de nouveau les yeux, ces étranges animaux sont toujours là. Pire encore, l'un d'eux se transforme en une sorte de panthère musclée de la taille d'un homme et se tient debout sur ses pattes arrières.

-M...m...Mon fraisier ! Natsu !

Je sursaute en entendant la voix de la femme en armure. Une épée jaillit soudainement face à elle et s'envole jusque sous le cou d'un garçon aux cheveux roses. Un frisson me parcourt l'échine et je recule instinctivement d'un pas. Des mains me rattrapent tandis que je bute sur quelque chose. Déboussolée, je me retourne vivement pour me retrouver nez à nez avec un jeune homme à lunettes et aux cheveux oranges en pagailles.

-Une demoiselle aussi belle que vous ne devrez pas s'approcher de ces stupides gorilles. Asseyez-vous ici, ma lady. Voulez-vous un verre ?

Sa voix suave me perturbe et, sans vraiment comprendre ce qu'il m'arrive, je me retrouve assise au bar de la guilde. Face à moi, Mirajane me sourit en ramassant des débris de verres éparpillés sur le comptoir. J'ouvre la bouche et la referme tout aussi rapidement, intimidée de me retrouver face à celle qui fait la une de presque tous les sorcerer magazine.

-Bonjour, vous venez certainement déposer une annonce pour la guilde. Veuillez nous excuser pour l'accueil.

Mirajane s'incline devant moi et me sourit tandis que j'essaye de reprendre mes esprits. Qu'est-ce qui m'a prit de venir ici ? Je devrais partir au plus vite, pourtant, je suis incapable de faire un mouvement. Ma bouche sèche et mes palpitations remontant jusque dans mes oreilles me confirment l'état de nervosité dans lequel je suis. Il serait toutefois stupide de repartir si près du but. Qui sait si j'aurais de nouveau l'audace de venir jusqu'ici une fois repartie ? C'est peut-être ma seule chance de comprendre où est réellement passé Dranbalt. Ce fragile espoir de réponse me redonne du courage et je demande un verre d'eau que je bois d'une traite.

-Je cherche...

J'écarquille les yeux et me redresse d'un bond, faisant tomber le tabouret sur lequel je me tenais. Ma respiration se saccade et je ne peux empêcher mon corps de trembler. La peur se diffuse dans mes veines alors qu'il avance doucement vers moi. Chacun de ses pas ravive d'autant plus la douleur de ma cicatrice et je porte une main à mon cou. Lui. Ici. Comment est-ce possible ? Alors, le conseil avait raison. Et c'est bien pire que ce que je pensais. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Mes yeux s'embuent de larmes et je sens mes jambes flageoler. Non. Je ne dois pas céder. Je me suis promise d'être forte. Je ne suis plus une enfant.

Bandant mes muscles, je me force à rester droite et digne, mais alors que j'imagine déjà les tortures que le maître me réservent pour avoir osé croiser de nouveau son chemin, ce dernier m'adresse un large sourire. Je cligne plusieurs fois des paupières et mes souvenirs s'estompent. Doucement, je remarque leurs différences. Non. Cet homme n'est pas maître Wolen. Cet homme ne me punira pas pour être devant lui. Ou...peut-être que si ? Je ne sais plus. Dois-je me méfier ? Oui. Évidemment. Mais ce n'est pas maître Wolen. Je me le répète plusieurs fois afin de calmer les battements frénétiques de mon cœur.

-Bah alors Makaroff, t'as pas fini de terrifier les jeunes filles, oui ? Lance une voix d'homme dans la salle, instantanément accompagné de fous rires.

Makaroff. C'est donc son nom. Je me détends légèrement, mais ne baisse pas ma garde. Après tout, même si il s'agit d'une autre personne, je ne peux pas être sûre d'être en sécurité. Au bout de quelques minutes, le maître de la guilde prend la parole.

-Bienvenue à Fairy Tail, mademoiselle, que pouvons-nous faire pour vous aider ?

-Je...Je recherche quelqu'un, réponds-je vaguement, incapable de réfléchir posément.

Le regard de Makaroff se pose sur mon cou dont je retire vivement ma main. Replaçant mes cheveux devant, je déglutis, réalisant que je l'ai encore fait. Cela m'arrive souvent quand je suis dans un état de nerfs avancé. J'ai tendance à gratter ma cicatrice jusqu'au sang, ravivant d'autant plus la douleur qui me parcourt déjà à cet endroit. Il fronce les sourcils, l'air grave, et me fait signe de le suivre.

Hésitante, je lance un regard à Mirajane qui m'encourage d'un signe de tête et d'un regard chaleureux. Je ne la connais pas, et cela pourrait être un piège, pourtant je ne peux m'empêcher de me sentir en confiance face à elle. Elle dégage une aura si chaleureuse que ma méfiance s'en voit complètement pulvérisée. Et c'est ce sourire qui me force à suivre le maître de la guilde dans ce qui est très certainement un horrible traquenard. Nous montons à l'étage et il m'invite à entrer dans un petit bureau. La porte se referme derrière moi, me donnant l'horrible impression d'être faite comme un rat.

-Je ne vais pas y aller par quatre chemins, commence Makaroff en me fixant sans ciller, ta réaction a parlé pour toi. Qui es-tu? Quelle est ta relation avec Wollen? Et quel est réellement le but de ta venue?