Fairy Tail - Mest Time

14. Lya

-Bonjour mesdames, vous devez être les mages de Fairy Tail ? Merci d'avoir accepté notre requête. Je suis Max Dolan, garde du corps de monsieur Eychi Tywin. Après vous mesdames.

L'homme, qui vraisemblablement nous attendait sur le quai depuis un bon moment, semble soulagé de nous voir. Sur le chemin, il nous explique que la zone rurale dans laquelle le PDG de groupe Agri Resort, monsieur Tywin, va faire sa présentation est classée zone sensible. Apparemment, les paysans ne semblent pas spécialement ravis de voir ce nouveau projet sur leurs terres et ont tendance à le faire savoir de manière virulente. Je lance un regard inquiet à Erza, mais son visage semble calme. Peut-être que je m'en fais pour rien, après tout ?

C'est ma première mission, alors c'est tout à fait normal que je m'angoisse. Mais une fois que j'aurai commencé le travail, tout ira bien. Je me répète cette phrase en boucle afin de canaliser mon stress. Le trajet jusqu'au lieu de manifestation se fait rapidement, et nous nous retrouvons sur une petite route de campagne, bordée de chaque côté par d'immenses champs.

-C'est par là, nous informe Max tout en nous guidant à travers les épis de maïs, il va falloir marcher une dizaine de minutes. Monsieur Tywin a insisté pour faire sa présentation au beau milieu du champ d'un des paysans. Il pense que cela lui permettra de se rapprocher un peu d'eux, de le rendre plus accessible et ainsi captiver leur attention.

J'acquiesce par politesse, mais je doute que cette idée enchante réellement les manifestants présents. Après tout, ils sont déjà contre ce projet, alors devoir en plus recevoir sur leurs terres le responsable de tout ces changements ne doit certainement pas les aider à rester calme. J'espère que tout se passera bien. Si cela devait dégénérer, je ne saurais pas du tout comment gérer la situation.

-Hey, ça va aller Lya, ne t'en fais pas. Contente toi de faire ce pour quoi tu es là, et laisse moi me charger du reste.

Erza me serre doucement la main et je lui adresse un sourire. Elle a raison. Je ne dois pas m'en faire. La mage est avec moi. Elle a l'habitude de ce genre de situations. Elle saura quoi faire si cela dérape. Prenant une grande inspiration, j'en profite pour redevenir maître de mes émotions. Ces personnes sont déjà assez survoltées comme ça, ce n'est pas la peine de leur rajouter mes propres angoisses en plus.

-Non au projet !

-On ne veut pas de vous ici !

-Agri-poubelle !

Une foule déjà compacte se masse autour de l'estrade et nous devons jouer des coudes pour nous faufiler. Erza m'aide à grimper tandis que les cris se font de plus en plus virulents. Ma bouche s'assèche tandis que je parcours des yeux la foule qui ne cesse d'augmenter. Devant nous, deux garçons terminent de tendre une banderole de sécurité avant de nous rejoindre sur l'estrade.

-Erza ! Quelle bonne surprise ! s'exclame le premier, un jeune homme aux cheveux argentés en bataille.

-Leon, comment vas-tu ? Ça fait longtemps, lui répond ma compagne de mission avec un sourire, essaye de passer à la guilde un de ces jours, je suis sûre que cela ferait plaisir à Grey.

-Je n'y manquerai pas, mais il va falloir patienter encore un peu. Depuis les grands jeux magique, Lamia Scale croule sous les demandes. Je n'ose même pas imaginé ce que cela doit être chez vous maintenant que vous êtes la première guilde de Fiore.

-G..Grande sœur ?! s'exclame une jeune femme portant un nœud blanc dans les cheveux, qu...qu'est ce que tu fais là ?

-Kagura, je suis contente de te voir, continue Erza en se tournant vers l'arrivante, Miliana n'est pas avec toi ?

-Si, elle arrive. Elle est parti avec Hibiki chercher quelque chose à boire.

Je reste en retrait, intimidée par tant de personnes d'un coup. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait d'autres guildes, mais, dans le fond, cela ne devrait pas m'étonner. Après tout, nous n'aurions jamais pu tenir une foule à nous deux. Soudainement, Erza m'attrape par le bras et je me retrouve face à tout ce petit monde. Proche. Trop proche. Mon coeur s'emballe tandis que l'angoisse me tiraille l'estomac. Je déteste être sous le feu des projecteurs, mais la jeune femme semble décidée à me présenter à tout le monde.

-Les amis, je vous présente Lya, notre nouvelle recrue. C'est sa première mission, alors je vous demanderai de l'aider autant que vous le pouvez.

-Ho ! Vous avez de nouvelles recrues à Fairy Tail ? Trop cool !

Nous nous tournons pour apercevoir une jeune femme affublée d'une queue de chat et des oreilles assorties ainsi qu'un jeune homme aux cheveux bruns.

-Lya, voici Hibiki et Miliana, termine de me présenter Erza.

Mais nous n'avons pas le temps de faire plus ample connaissance. Déjà, la présentation commence et nous nous séparons afin de couvrir un maximum de terrain. Erza s'occupe de contenir un petit groupe, les dissuadant d'avancer grâce à ses épées. Je me trouve à moins d'une dizaine de mètres d'elle, pourtant, j'ai l'impression d'être complètement seule.

Quelques manifestants s'énervent devant moi, brandissant le poing, et je canalise ma magie afin de les calmer. Ce travail est bien plus difficile que ce que j'imaginais. Pour diffuser un sentiment d'apaisement, je suis obligée de donner accès à mon esprit aux personnes se trouvant autour de moi. Cela fonctionne comme un échange. J'absorbe leur colère que je canalise avant de leur renvoyer. Si j'arrive à le faire inconsciemment en temps normal, ce n'est toujours qu'à petite dose et sur un nombre restreint de personnes. Là, c'est différent, et je sens déjà à quel point je manque de pratique.

Concentrée sur trois personnes particulièrement tenaces, je ne remarque qu'au dernier moment le petit groupe de six qui fend la foule. Ils se dirigent droit sur monsieur Tiwyn et n'ont pas l'air d'être là pour le serrer dans leurs bras. Ni une, ni deux, je me retourne et leur envoie la première émotion qui me passe par la tête. La dose d'euphorie que je leur lance doit être un peu trop violente puisqu'ils se retrouvent pliés en deux, au sol, un fou rire incontrôlable s'échappant de leur bouche. Sans attendre davantage, les gardes arrivent et les escortent à l'opposé du PDG. Du coin de l'oeil, je remarque qu'Erza n'a pas cherché à se compliquer la tâche. Vêtue de son armure, elle regarde, satisfaite, son groupe qui n'ose plus faire un mouvement. Au sol, cinq hommes sont étendus les uns sur les autres, et je devine aisément ce qu'il s'est passé.

-Lya, tu devrais ralentir un peu, si tu utilises trop de magie tu...

-C'est bon Erza, l'agressé-je tandis qu'une vague de colère ne m'appartenant pas me submerge, je ne suis pas en sucre ! Je sais ce que je fais.

Sans attendre sa réponse, je m'éloigne d'elle. J'ai conscience qu'elle s'inquiète simplement pour moi, mais mon désir de faire mes preuves, mélangés à ce flot intensif et sans discontinue d'émotions ont peu à peu raison de moi. Je suis à bout. Autant physiquement qu'émotionnellement. Et je me déteste d'être aussi faible. Des perles de sueurs gouttent le long de mes tempes tandis que j'utilise mes dernières ressources en magie. Je n'avais pas prévu d'en utiliser autant d'un coup, et j'espère que cela suffira au moins jusqu'à ce que le discours soit terminé. Il faut que je tienne bon. Encore un peu. Ma vue se brouille et je commence à suffoquer. Les cris de la foule face à moi s'intensifient et je comprends que mon pouvoir n'est plus aussi efficace qu'au début. Des applaudissements polis signent la fin du discours. Je me risque à tourner la tête vers l'estrade pour voir monsieur Tiwyn retourner à sa voiture, escorter de ses gardes. Encore un peu. Quelques secondes. La porte claque et la voiture démarre.

Mes membres tremblent, mes vêtements et mes cheveux me collent à la peau. Je me sens brûlante, fiévreuse. Mais je n'arrive plus à me contrôler. Comment est-ce que je fais, d'ordinaire, pour rejeter le flot d'émotions ? Je ne sais plus. Les mages devant moi se laissent tomber au sol, visiblement éreintés. Erza tend la main vers moi et prononce des paroles que je n'entends pas. Mon poul s'accélère et ma respiration se saccade. J'inspire. J'expire. J'inspire...Non. L'air. Où est l'air ? Je suffoque. Ma vue se voile, s'obscurcit. Erza n'est plus qu'une silhouette face à moi. Puis elle n'est simplement plus. Des murmures. Des bourdonnements. Des grésillements. Je n'arrive plus à tenir. Plus à réfléchir. Plus à penser. Mon corps tombe lourdement sur le sol et du sang coule de ma joue éraflée. Le goût métallique entre dans ma bouche. Dernière sensation avant d'être tiré dans le tourbillon de l'inconscience.