Le Croissant de Lune - Livre II Impacte Cosmique

Partie 10

-Oui, je m'en souviens.

-Il n'étais pas seulement mon professeur. C'était un homme si bon, je le regrette tant. Il m'a adopté quand j'étais petit, il m'a recueilli, nourrit, vêtu, instruit alors que je n'étais qu'un gamin des rues crasseux et agressif au passé trouble.

-Comment vous êtes vous rencontrés ? Demandais-je pour l'aider dans son histoire.

-Une nuit de printemps, lorsque les températures commençaient à augmenter, j'ai volé une énième fois un marchand. Or, cette fois, il m'a attrapé et allait me conduire à la Garde Royale pour que je sois envoyé en prison. J'avais quinze ans, je n'étais qu'un môme sans famille et brisé. Mes parents ont donnés leur vie pour me protéger, et depuis mes douze ans, depuis leur mort, je vivais dans les rues des villes que je trouvais. Je ne restais pas plus de quelques mois dans une ville. Personne ne m'avait encore tendu la main, personne n'avait prêté attention à un enfant sale et puant tel que moi, sauf lui. Lorsque je l'ai rencontré, il était déjà vieux, peut-être cent soixante dix ans. Il était venu d'un pas lent barrer le chemin du marchand, il avait tenté de raisonnée l'homme qui n'était pas père de famille, rien ne l'aurait fait changer de décision. Le Vieux sorti alors une grosse bourse en velours noir. Il payait le marchand pour toute la nourriture que je lui avais volé : le prix de son silence et celui de ma liberté. L'or en main, le marchand partait, les yeux avides. Le Vieux s'était penché vers moi et m'avait regardé pendant un moment avant de m'indiquer une auberge, me disant que si je souhaitais changer et devenir une bonne personne, je pouvais le suivre, le rejoindre dans cette auberge avant qu'il ne parte pour une autre ville : le lendemain à l'aube. Il s'était relevé et avait attendu. Arrow se tait et se redresse, en m'évitant du regard, il me tourner le dos. Je suis parti, fuyant comme à chaque fois. Il n'était pas particulièrement effrayant mais pour un gamin perdu, toute personne étrangère devient un danger.

-Il ressemblait à quoi ?

-C'était un vieil homme assez mince et plutôt grand, à peine plus petit que moi, sa peau commençait à se rider. Il avait de grandes mains et s'aidait d'un bâton sculpté et incrusté de pierres pour avancer. Il avait une démarche lente mais extrêmement assurée. Son visage osseux n'était pas particulièrement expressif, mais inspirait une certaine confiance et du pouvoir. Il avait des yeux bleu translucide ; il est rapidement devenu aveugle ; enfin, je pense sincèrement qu'il l'était déjà lorsque je l'ai rencontré. Ses lèvres étaient très fines et cachées sous une épaisse et longue barbe blanche. C'était un homme riche qui avait su exploiter ses connaissances pour créer un commerce de potions très lucratif. Il portait toujours des vêtements sobres de couleur crème, blanc, gris ou noir et ajustait un riche manteau blanc brodé de fils de camaïeu de bleus, et d'or.

Aux souvenirs de son défunt maître, le garçon sombre dans une nostalgie douloureuse.

Je ne sais pas vraiment si je l'ai fait parce que j'en avais envie ou parce qu'il en avait besoin mais je me suis mise derrière lui et l'ai entouré de mes bras en posant ma joue sur son dos.

-Le matin, après une nuit sombre en tourments, j'avais décidé de rejoindre le Vieux à l'auberge. La femme de l'accueil m'annonçait qu'il était déjà parti, et à mon tour je détalais pour rejoindre l'homme. J'ai fini par le retrouver, sur une route cahoteuse à quelques minutes de la ville. J'étais postée à ses côté, il n'avait rien dit et dès lors je l'ai suivit dans ses aventures. Il a tant fait pour moi, je lui en suis redevable à vie, mais jamais je ne pourrais le remercier à la hauteur de ce qu'il a fait car ces salopards d'Assassins l'ont tué. Ils ont tout saccagé : le village, la maison, le Vieux, ma vie. A cause d'eux, j'ai perdu tout ce qui comptait dans ma vie, mon maître, mon père d'adoption, le seul qui m'a aimé. Ces Assassins ont détruit ma vie, à deux reprises, jamais plus je ne les laisserais faire. Jamais plus ils ne détruirons la vie de ceux à qui je tiens.