Partie 45

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Le lendemain, deux heures avant le lever du jour, nous nous réveillons à quelques minutes d'intervalle, juste après que je me soit changée, j'entends le lit craquer et Arrow balbutier son charabia matinale.

-Bonjour, princesse.

-Bonjour.

-Prête pour le grand jour ? Me demande-t-il en me frôlant les hanches.

-Prête pour ?

-Pour me montrer à quel point tu es incroyable.

Je ne le comprends pas, que veut-il dire ?

-Première sortie officielle.

-Vraiment ?

-Pourquoi nous serions nous lever si tôt sinon ?

Dans l'obscurité de la ville, dans la naissance du jour, dans cette course contre la montre, nous déployons nos ailles sous les derniers rayons lunaires.

Fière, elles font rouler la lumières telles des perles d'eau sur leurs plumes. Nous montons dans un ciel qui nous avale, qui nous rend invisible.

Deux heures de voyage, deux heures à perdre l'équilibre, cette harmonie,ce rythme, deux heures à être surveillée comme du lait sur du feu.

Les pieds foulant de nouveau le sol de la Forêt Interdite, je prends conscience de l'impacte des ailes, de leur pouvoir et de la quantité d'énergie qu'elles utilisent. Les mains sur les genoux, je reprend mon souffle.

-Comment te sens-tu ?

-Bien, bien. Soufflais-je entre deux inspirations.

-On ne doit pas rester à découvert, vient.

Je le suis, traînant des pieds. La journée va être longue, je le sens.

Nous absorbons nos excroissances écoutons les sensibles bruits de cette forêt vibrante de vie.

-Ça fait des décennies que je ne l'avais plus entendue si bruyante. Me confie Arrow

-Je la trouve encore assez discrète.

-Cette forêt l'a toujours été, mais tu as raison, elle n'est plus ce qu'elle était. Nous devons traquer dès à présent la première bête, la deuxième étant nocturne et très difficile à trouver, nous passerons toute la nuit à sa recherche, autant essayer de dormir quelques heures cette après-midi. Nous devons trouver un sacalinoo et le suivre jusqu'à son nid

-Pourquoi veux-tu le suivre jusque là ?

-Je peux aussi le tuer si tu préfère, mais quitte à n'avoir besoin que de plumes, autant récupérer celles qu'il perd dans son sommeil.

-Je préfère cette option en effet.

-Ouvre tes sens, cherche son bruit à travers ceux environnants, trouve son odeur entre toutes celles flottantes dans l'air, reconnaît sa trace parmi celles frappant le sol, ne devient plus qu'une porte ouverte à ce qui t'entoure.

Quel exercice bien compliqué que d'ouvrir ses sens. Toute cette végétation, ce mouvement, brouille ma vue, je vois tout. Tout ce que je ne cherche pas. Au sol, les traces se chevauchent, se mélangent, fusionnent. L'air ne sens rien d'autre que l'ensemble de la forêt qui fait un boucan d'enfer.

Je dois me concentrer sur un sens... mais lequel choisir ? Les yeux clos, je tente de séparer les séquences sonores, les bruissements de feuilles s'estompent, les murmures des végétaux se tassent, les ongles sur les troncs deviennent imperceptibles, ne reste que les pattes brisant les brindilles, les sabots tapant le sol, les ronronnement des carnivores, les claquements des becs des oiseaux,les bruits de mastications des herbivores et les battement de cœur.Les sabots trottinant sur la terre battue sortent du lot de bruit. Le son des poils arrachés sur les troncs me font oublier ces spécimens,je cherches les vibrations provoquées par la rencontre entre l'environnement et les plumes traînant derrière la bête.Imperceptible. Presque sourde.

Le Croissant de Lune - Livre II Impacte CosmiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant