Partie 37

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Impossible pour moi de rester une journée de plus couchée dans mon lit, loin de mes compagnons d'infortune. Je me redresse, grimace en sentant mon dos tirer, enfile un pull qu'ils avaient déposés à côté du lit,serre les lacets de mes bottes et me dirige vers la fissure. A peine suis-je devant qu'un corps me heurte.

-Qu'est-ce que tu fais debout ?

-J'en ai assez d'être seule, inoccupée. Je m'ennuie. Murmurais-je.

-J'accepte de te laisser bouger comme tu le veux, dès demain. Ajoute-t-il au dernier moment.

-Quoi ?

-Tes points de sutures peuvent sauter très facilement, et je te connais, tu vas vouloir chahuter, gigoter et d'activer comme si tout allait bien.

-Je te promets de rester calme

-Oh ! Mais j'y compte bien.

-Doucement, il enroule ses bras autour de moi et m'étreint amoureusement.

***

Les deux ombres se confondent et fusionnent avec celles des arbres. Assez distant, elle espère qu'ils reviendrons bras dessus, bras dessous,comme il y a encore quelques semaines. Ce ne sont que des enfants,ils devraient pouvoir vivre comme tel : loin de quelconque combat, quelconque conflit. Le front barré par l'inquiétude, les joues creusées pas la faim, les muscles saillants sous une fine couche de peau ne devraient pas les caractériser ainsi.

Après quelques minutes de silences, sous le soleil chauffant leur corps, le nouveau membre de cette bien étrange famille apparaît.

-Où sont-ils parti ? Demande-t-il avec cette voix autoritaire que la jeune fille déteste.

-Laisse les, ils ont besoin de renouer. Ils reviendront lorsqu'ils auront terminé de parler.

-Vous les avez laisser partir en pleine forêt ? Sans savoir où ils sont allés exactement ? Sans pouvoir intervenir ? Etes-vous fous ?

-Tu n'as pas le droit de les interrompre, de les séparer. Ajoute la jeune brune.

-Ils se trouvent à deux cent cinquante mètres direction nord est. Informe Benjamin, les doigts plein de terre.

-Je vous aurais prévenus. Grince-t-il entre ses dents.

Depuis son arrivée, Lune n'est plus la même, personne ne l'est. Timoté s'est renfermé, le cœur brisé. Amandine n'est plus aussi sûre d'elle. Abigaël et Lucas ne partagent plus autant de regards. Jack est encore plus sur ses gardes et Benjamin manque désespérément de voix. Ce garçon est un fardeau, Abigaël en est certaine. Une conviction à l'opposée de celle de Lune qui le considère beaucoup trop. Ses aires de mauvais garçon magnétique et entreprenant risque de faire beaucoup de mal à son amie qui n'en a absolument pas besoin.

Le temps passe, la chaleur se dissipe, contrairement aux ombres qui s'enroulent autour du groupe.

Cela fait plus de quarante cinq minutes qu'ils se sont fondus dans la nature. Ils devraient déjà être revenus. Ils devraient au moins les entendre.

Amandine se lève la première, elle entraîne avec elle ses amis.

-Quelque chose ne va pas.

-Je... Je les ai perdu.

Benjamin relève la tête, le teint blanc comme un linge, les yeux grands ouverts, paniqué. Les mains plongées dans la terre noire jusqu'aux poignets, il ne capte plus qu'un silence de mort.

-Repose ta question. Reformule là si besoin. S'inquiète Abigaël

-Je... J'essaie. Ils ont été... attaqués. Un homme au commandement... d'un... groupe de soldats... leur a tendu un pièges. Ils... ont été emmené... au château.

Le Croissant de Lune - Livre II Impacte CosmiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant