Partie 28

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Ça y est, j'y suis parvenue. Plus d'Emos en vu, plus de jeune nobles extravagantes, plus de regards perçants ni de surveillance. Contre une fenêtre, je m'affale, à bout. J'en ai marre de ce protocole, de ce masque, de ces contraintes.

-Lorsque mon père me confie une mission, jamais je n'échoue.

De l'ombre, Guillaume sort, son visage fermé.

-Arrête de tenter de fuir car tant que mon père ne m'aura pas rappelé, je serais collé à tes talons.

-Je ne faisait rien de mal. J'ai tout de même le droit le m'éloigner, respirer un peu, non ?

-Je te surveille, je ne suis pas là pour te protéger. Garde cela en tête.

-Que veux-tu dire par là ?

Il est déjà parti, comme si de rien n'était. Ce garçon est très impressionnant : discret, insaisissable, loyale. Un espion parfait.

Le dîner est prêt ! Annonce Andreas d'une voix surpassant le brouhaha de la foule. Veuillez vous rendre dans la seconde partie de la salle afin de prendre place. Nous reviendrons après le dessert, ne vous en faites pas ! Le bal ne fait que commencer !

Je commence à comprendre pourquoi les gens l'apprécient. Avec les personnes de son espèce, il se montre souriant, puissant et agréable. Son visage change du tout au tout : un large sourire,des couleurs chaudes sur le visage, une lumière luisante dans ses yeux.

Solide sur mes jambes, je me dirige vers la salle à manger. Personne n'entre encore.

-Ah ! Ma nièce, vous êtes là ! Nous n'attendions que vous.

-Excusez mon retard, mon oncle.

-Cela n'est rien.

Avec un geste calculé et magistrale, il pousse les portes et entre, ses fils, le Conseil et moi-même à sa suite.

La salle est magnifique, les feux allumés au plafond la rendent si chaleureuse. Les décorations d'or luisent sublimement avec la lumière orangé projetée par les lustres. Une immense table en bois est dressée. Il n'y pas de plat, les domestiques servirons assiette par assiette. Les invités s'organisent autour de nous. Andreas se met en bout de table, deux femmes à ses côtés, ses fils ; eux aussi accompagnés de femmes. Puis moi, face à une femme au début de l'âge mure et à côté d'un homme d'une vingtaine d'année terriennes. Les conseillés sont à l'autre bout de la table. Droite sur ma chaise, je sens quelques regards me dévisager puis les domestiques apparaissent, des plats dans les mains. Ils nous servent tous en une fois. Quelle coordination !

La première assiette qui nous est servie est un assortiment de petits beignets de viandes, de poissons, de légumes et d'une jolie salade colorée jaune, rouge, verte et bleue avec des dés de légumes et de fromages. Si Alcide ne m'avait pas dit ne pas tout manger, cela aurait été un réel plaisir que de dévorer le reste de ce plat aux goûts exquis. Une dizaine de plats et deux fois plus de verres d'alcool s'enchaînent. Mon voisin de table commence d'ailleurs à avoir les joues bien rouges.

Le dessert, enfin ! Entre les plats de viandes rouge grillées, de volaille tournés à la broche, de poissons cuit en papillote ;de légumes sautés ou vapeurs ; les plats en sauces, je pensais ne jamais voir la fin du repas et finir dans un coma alimentaire.

Je parle bien trop vite, car après l'assiette de fruits, vient celle des desserts croustillants, puis mous, plus glacés, puis chocolatés.Bref, ma gorge est nouée et j'ai presque envie de vomir tant mon estomac est rempli. Les autres convives semblent bien se portés, les hommes ont un certain coup dans le nez et la plupart des femmes aussi mais rien dans leur gestuel ne montre un trop plein dans leur estomac.

Le Croissant de Lune - Livre II Impacte CosmiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant