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J'étais effrayé, bien plus que je ne l'avais pensé initialement. L'autre côté se trouvait devant mes yeux fatigués, mes yeux attentifs, mes yeux marrons sans reflet. Il y avait du vent, c'était frais et me procurait des frissons désagréables dans l'intégralité du corps. Mon sac sur le dos, cela devait bien faire une dizaine de minutes que j'étais là, immobile. Quelques passants sauvages m'étaient passés devant avant la frontière, ils n'avaient pas relevé ma présence. J'étais un fantôme, même chez les vivants. J'avais pour habitude d'être ignoré par ma mère au quotidien, ça avait toujours été le cas mais c'était différent maintenant que d'autres personnes, que je ne connaissais ni d'Adam ni d'Eve, passaient normalement à côté de moi sans s'intéresser un millième de seconde à mon existence. 


Étais-je donc si transparent que ça ?


« Tu peux le faire. Me chuchotai-je pour me donner du courage, mes doigts jouant avec l'unique lanière de mon sac. Ta vie sera plus belle, tu vas enfin pouvoir exister. »


C'est à l'aide de ces quelques mots, envolés dans le vent, que je pris le courage d'avancer à tâtons. Je sentais le sol rugueux sous mes fines semelles à mesure où je m'aventurais de l'autre côté, elles menaçaient même de se déchirer d'une seconde à l'autre pour montrer au monde entier la couleur délavée et usée de mes chaussettes. Il y avait un trou au niveau de mon talon droit, ce n'était pas très important dans le fond. Je crois que je m'en fichais, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas possédé quelque chose de neuf de toute manière.


J'y étais, il n'y avait plus de retour en arrière possible désormais. Enfin, je savais que c'était une façon de me convaincre de ne pas me retourner, après tout, je n'avais rien qui me retenait là-bas. Et droit devant moi, les rues m'étaient si inconnues que ça m'angoissait. J'avais déjà eu cette impression hier, à l'intérieur du petit restaurant qui était à l'heure actuelle fermé. Je n'avais pas remercié Chin-ho ni Chin-hwa, je m'en voulais un petit peu d'ailleurs. Mais je n'avais plus le temps, je ne pouvais plus demeurer dans cette situation un jour de plus. C'était peut-être rien au fond, dans une existence, mais dans mon cas : 


C'était un jour de trop.


J'espérais pouvoir les recroiser un jour, les remercier de m'avoir peut-être offert la chance de pouvoir vivre pour de vrai. Je ne savais pas réellement ce que ça signifiait pour le moment, mais j'étais certain que j'allais bientôt le découvrir. J'avais hâte, l'air ne m'avait jamais semblé si pur, si vrai, authentique. Était-ce ainsi que les autres respiraient quotidiennement ? J'avais l'impression d'être un peu plus léger, mais ça n'empêchait en rien le fait que la douleur était encore là. Je la sentais en permanence. Elle était dans ma poitrine, à s'y balader aisément comme si il s'avérait là de son propre corps et non du mien. Elle prenait possession de moi, jusqu'à m'habiter.

Angel on Fire -TKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant