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J'étais incapable de ressentir quoi que ce soit. Comme si finalement, je n'étais jamais rentré au hangar avec les autres ce jour là. Mon âme était restée là-bas, de l'autre côté de la frontière, à cet endroit plus précisément. J'étais en dehors de ma coquille, la laissant totalement vide. Les autres ne cessaient de s'alarmer à propos de mon état qu'ils jugeaient "préoccupant", surtout durant les vingt-quatre heures qui suivirent. 


Pour la simple et bonne raison que je n'avais pas ouvert la bouche une seule fois, j'en étais incapable. J'étais d'ailleurs convaincu que mes cordes vocales n'étaient maintenant qu'un ensemble de nœuds indéniable et qui brûlait de temps en temps dans ma gorge. Bizarrement, ça ne m'inquiétait pas tant que ça. Je ne ressentais rien du tout. Pas de peur, de douleur, de colère. Rien. Le vide complet, immense. Je m'y perdais pour l'énième fois de ma vie, habitué.


Nous étions Samedi, Orange. Et même si je connaissais encore mes couleurs sur le bout des doigts, c'est comme si rien n'importait réellement depuis l'accident. Haseul vient d'entrer dans la chambre de Taehyung, dans laquelle je suis enfermé depuis notre retour. Elle prend soin de moi plusieurs fois par jour et s'assure que je mange correctement, chose que je ne fais bien entendu pas.


Ses cheveux étaient coiffés en un chignon désordonné alors qu'elle ne portait pas de maquillage. Ses deux couleurs de cheveux se mélangeaient l'une à l'autre, j'aimais bien. Des cernes étaient discernables sous ses yeux légèrement bouffis, j'imaginais qu'elle n'avait pas beaucoup dormi ou peut-être qu'elle a pleuré. Surtout après ce que nous avions vécu, de l'autre côté.


Elle déposa soigneusement une assiette sur la table de chevet, à quelques centimètres de moi. J'étais toujours allongé sur le dos, le regard perdu vers le plafond. C'est comme si le matelas m'avalait. J'entendais parfois les autres marcher à l'étage, je comptais les pas en essayant de les discerner.


« Il va falloir que tu manges un petit peu, Jungkook. Commença t-elle doucement en s'asseyant sur le rebord du lit. »


Je ne répondis pas, comme si je ne l'avais pas entendu. Je savais qu'il était méchant et déplacé de réagir de la sorte, mais mon corps était bloqué. Je n'en avais pas les commandes, je n'étais plus le chef. Quelqu'un d'autre l'était, j'ignore qui.


Je peinais toujours à ouvrir mon œil blessé, c'est bien dans ces moments là que je ressentais quelque chose qui me prouvait que je n'étais pas totalement mort. La douleur semblait si forte qu'à certains moments, c'est comme si elle n'était pas là. Je n'arrivais pas vraiment à la décrire avec des mots précis mais je me comprenais. C'est bien la première fois qu'une douleur physique s'avouait si intense. Au point où, miraculeusement, je l'oubliais parfois.

Angel on Fire -TKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant