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Il y a eu de nombreuses fois où mon temps de réaction m'a fait défaut. Si bien que j'étais dans l'incapacité de les compter sur les doigts de mes deux mains réunies. Je le reconnaissais, l'acceptais petit à petit avec le temps. Et quand ça arrivait malgré moi sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour fuir rapidement comme j'en avais la furieuse habitude à un moment, je n'avais plus qu'une seule solution restante pour m'en sortir même si ce n'était pas indemne : prier.


Je n'étais pas croyant, j'avais à peine conscience qu'il existait différentes religions sur cette planète immense tant mon éducation s'avérait limitée et pauvre. Il y avait tant de choses que j'ignorais et que j'ignore encore à l'heure actuelle. Disons que je n'ai pas eu la chance de grandir et m'épanouir dans une famille possédant ne serait-ce qu'un minimum de stabilité, de bon sens.


J'ai survécu en courant sur la corde raide sans regarder à droite ou à gauche, sur le fil du rasoir sans jamais craindre la chute, le coup fatal. C'était devenu si banal pour moi de me retrouver suspendu au vide que peu à peu, la peur s'était affaiblie. Je courais jour comme nuit, partout et nulle part à la fois, les jambes en feu prêtes à m'abandonner.


La chute n'était pas quelque chose qui m'effrayait car à mes yeux, j'étais déjà tombé bien bas.


Mais je priais surtout de toutes mes forces le ciel entier de m'épargner, en permanence juste un petit peu plus. Même dans mes rêves, mes cauchemars aussi. Ils n'étaient pas bien différents, j'avais même du mal à les discerner. Ça ne s'arrêtait jamais. Au point où j'en confondais la réalité à ce que j'imaginais une fois assoupi -quand je parvenais à dormir quelques heures sans être interrompu-. Je priais si fort que j'avais l'impression désagréable de hurler à l'intérieur de ma propre tête et ce, depuis mon tout premier cri.


Je m'appelle Jeon Jungkook.


J'avais à peu près dix ans et Violet faisait déjà ses premières apparitions furtives qui peu à peu s'allongèrent au fil des semaines.


Mais il n'en demeurait pas moins un étranger.


Pourtant j'ai tout de suite mémorisé les traits durs et crispés de son visage déformé, comme par automatisme mais aussi par nécessité, par urgence. Sa voix rocailleuse, le son prononcé de ses pas contre les marches de l'escalier, son rire gras, ses raclements de gorge dégoûtants, tout. Absolument tout était enregistré dans un recoin de mon crâne, j'en avais besoin, je le savais tout au fond de moi. Pour une seule et bonne raison : il était une menace à ma sécurité, à mon bien-être mental comme physique.

Angel on Fire -TKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant