Jeon Jungkook n'avait qu'un rêve, celui d'exister. Non désiré par sa mère et sans cesse rabaissé par ses fréquentations au nom de couleurs, il décide de fuir en sentant sa vie lui échapper et ne jamais revenir sur ses pas. C'est en s'aventurant les...
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C'est comme si le temps s'était tout à coup arrêté, comme si tout, absolument tout était sur pause autour de moi pour une durée encore indéterminée. Mon monde entier, s'était brusquement arrêté de tourner à la seconde où j'ai assimilé ses mots, à la seconde où j'en ai saisi le sens complet. J'entendais les battements de mon cœur résonner horriblement contre les parois de mon crâne, si bien qu'ils m'assourdissaient sur le long terme et m'empêchaient de voir la réalité en face. Pourtant elle était bien là, je le savais, juste devant moi. Mes yeux se plissèrent, tant j'avais du mal à me remémorer les quelques mots qu'il venait à peine de prononcer à voix basse et qui pourtant j'étais certain : risquaient d'être gravés dans ma mémoire à jamais.
Ces quelques mots, inoffensifs en apparence que je n'arrivais tout simplement pas à aligner l'un après l'autre à voix haute. Ces mots, cette réalité fracassante que je n'étais pas prêt à affronter tout de suite, pas maintenant, pas aujourd'hui, ni demain. Je n'étais pas prêt pour ça. Je ne comprenais pas.
Pourquoi la vie était-elle donc si compliquée ? Pourquoi n'était-elle pas plus simple ?
Kyun et moi avions l'habitude de nous retrouver derrière ma maison à proximité du parc municipal, du moins, si l'on pouvait la considérer comme telle encore à ce jour. Ça n'avait jamais été ma maison, pas même un refuge. J'étais si naïf à l'époque, de croire que c'était là mon foyer, un endroit dans lequel j'allais pouvoir être en totale sécurité, grandir heureux comme n'importe quel autre enfant de mon âge. Kyun était toujours le premier arrivé même si j'habitais le plus près du point de rendez-vous. Il n'était jamais en retard. Il ne m'avait jamais fait faux bon non plus.
Il avait toujours été là pour moi.
Toujours.
Je l'aimais énormément.
Ma vie tournait principalement autour de lui.
On courait dans les rues jusqu'à en perdre le souffle, on s'amusait à s'attraper de temps en temps. Mais il était bien plus rapide que moi, tout le temps. Il l'avait toujours été malgré mes efforts acharnés à vouloir le rattraper. Ça m'attristait un peu dans le fond à ce moment là mais au moins, mon esprit demeurait occupé, focalisé sur autre chose, sur lui en particulier. Les secondes, les minutes, les heures entières que je passais aveuglément à ses côtés me permettaient d'oublier un petit peu, de faire semblant d'oublier que ma vie, en dehors, n'était rien d'autre qu'un triste scénario répété en boucle et auquel je ne pouvais malheureusement pas échapper.
En sa présence, je n'avais pas spécialement peur des couleurs puisque je n'y pensais pas réellement.
