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Eddie rentra chez lui exténué. Il se rendit dans sa chambre et ferma la porte à clé. Il était effrayé sans vraiment savoir pourquoi. Il s'allongea sur son lit et fixa un instant le plafond, la discussion avec Richie tournait en boucle dans sa tête. Pourquoi ne se souvenait-il pas des événements de l'été 1989 ?
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- Eddie ! Viens avec moi Eddie !
Il se retourna les jambes tremblantes. Un lépreux immonde en décomposition, une sorte de maladie embulante, se tenait juste devant lui. Il se sentit défaillir, pris d'une envie de vomir. Lorsqu'il rouvrit les yeux il était allongé au sol, appuyé contre un meuble poussiéreux. Un frigo s'ouvrit face à lui et un clown hideux se déplia littéralement devant lui. Il cria terrorisé alors que le nom de cette chose lui revenait à l'esprit.
- Il est temps de flotter ! Sourit Pennywise en s'avançant vers lui.
Eddie cria de nouveau les larmes aux yeux lorsque l'immondice face à lui posa une main sur son visage.
- Savoureuse magnifique peur. Bava le clown.
Il ouvrit la bouche dévoilant ses multitudes de dents effrayantes. Eddie cria alors le premier nom qui lui vint à l'esprit comme une évidence.
- Richie !!! Appela-t-il à l'aide.
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Il se réveilla en sursauts. Des sueurs froides coulaient sur son front. Il se leva. Il étouffait. Il n'avait pas eu de crise d'asthme depuis longtemps. Il ouvrit la fenêtre en grand et respira longuement l'air frais. Tout son être tremblait.
Il se rappelait maintenant.
Il attrapa son manteau et fouilla dans les différentes poches. Il trouva rapidement le morceau de papier que Richie lui avait donné plus tôt. Il composa le numéro.
- Ouais ? Décrocha une voix ensommeillée.
- D-Désolé de te réveiller. S'empressa-t-il de s'excuser.
- Eddie ? C'est toi ?
- Oui... Je voulais pas te déranger désolé. S'excusa-t-il encore.
- J'avais oublié à quel point tu t'excuse sans cesse. Rit-il. Mais, il y a un problème ? S'inquièta le plus grand.
- Faudrait... Faudrait que je te vois... pour parler.
- Pas de problème on se retrouve au café près du bahut ?
- D'accord.
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Richie est adossé au mur du café, il attend Eddie dehors. Il sort une cigarette et l'allume. Il fait froid. Super froid même. Mais dans la précipitation il n'a pris qu'une veste légère. Précipité, oui c'est le mot qui le décrivait après l'appel du plus petit. La lune était presque pleine, au premier coup d'oeil on aurait pu penser qu'elle était tout à fait ronde mais en regardant bien on se rendait compte qu'il manquait une mince épaisseur. Le ciel était parsemé d'étoiles et il se souvint alors qu'il avait vu des ciels cent fois plus brillant que ce soir là.
Eddie arriva enfin.
- Désolée.
- Pourquoi tu t'excuse ? Rit doucement le fils Tozier.
- Je sais pas, je t'ai réveillé à 1h pour te faire sortir dans le froid et j'arrive en retard alors...
- En retard de quoi ? On avait pas donné d'heure. Rit-il.
- Ho tu vois bien ce que je veux dire fait pas l'imbécile ! Soupira le plus petit.
Richie rit encore et tira une dernière taffe sur sa cigarette avant de l'écraser au sol.
- Tu fumes toujours ?
- Ouais, les mauvaises habitudes se perdent pas.
- Si elles se perdent, avec du temps et de l'aide. Rectifia Eddie.
Richie ne le quittait pas des yeux et il le senti. Gêné il détourna le regard vers le ciel.
- La pleine lune est pour demain on dirait.
- Ouais... T'a vu ce ciel ? Tu te souviens du ciel qu'on pouvait observé à Derry ? Cent fois plus d'étoiles.
- C'est vrai. L'avantage d'une petite ville éloignée dans la campagne.
- On entre ? Proposa le plus grand sentant le froid lui bruler le bout des doigts.
Ils entrèrent et s'assirent au bar.
- Qu'est-ce que je vous sert messieurs ? Demanda la barman.
- Un café, un grand. Répondit Richie, il en était partiellement accro.
- Bien et pour toi mon chou ?
Eddie grimaca en entendant cette appellation ce qui fit sourire le plus grand.
- Un rhum à l'orange.
- C'est noté. Dit-elle en repartant.
Richie fixait encore et toujours Eddie.
- Tu bois toi ? S'étonna-t-il.
- Bien sûre qu'est ce que tu crois ? Rit le plus petit vexé.
- Non c'est juste que, je te voyais pas boire comme ça, sans être à une fête ou je sais pas trop.
- Je le fais pas d'habitude... Et puis de toute façon ça te regarde pas vraiment.
Le silence s'installa alors que leurs boissons arrivaient.
- Alors, de quoi tu voulais qu'on parle ?
- Tu m'a bien dit que c'était sous forme de rêves que t'es souvenirs revenaient c'est bien ça ?
Richie acquiesca tout en prenant une première gorgée.
- J'ai fait un de ses rêves. Je me souviens... de ce qu'il s'est passé l'été 89.
Richie posa sa tasse à moitié vide.
- Alors ?
- Je... t'es sûre que tu veux t'en souvenir ? Si j'avais pu choisir j'aurais préféré continuer à ne pas m'en rappeler... Frissonna Eddie.
Le plus grand posa une main sur la sienne le faisant frissonner davantage alors il l'enleva.
- Je peux plus vraiment reculer. Dit-il.
Eddie prit une gorgée de la boisson alcoolisée.
- Ça à commencé avec la disparition du petit frère de Bill.
- Georgie...
- Oui, en 1988. Il a disparu mystérieusement alors qu'il jouait seul sous la pluie avec sa frégate en papier. Une voisine a dit qu'elle avait vu du sang. On a jamais retrouvé son corps. Bill était persuadé qu'il était encore en vie, même après un an passé dans ces satanés égouts, alors en 89, on avait prévu d'y faire une excursion, lui, Stan et nous deux. D'autres enfants avaient commencés à disparaitre.
Il prit une nouvelle gorgée.
- Bowers était audieu avec nous, pire que d'habitude je dirais. C'est en les aidant que Ben, Mike et Beverly sont rentrés dans le club.
- Je me souviens, Henry avait essayé de graver son putain de nom dans le ventre de Ben.
- Oui, la plaie était pas belle à voire, une infection aurait pu être grave, heureusement qu'on à désinfecté à temps. Rit-il nerveusement.
Il reprit une gorgée.
- Dès le début des vacances il s'est passé des trucs anormaux.
- Anormaux ?
- Ouais, Bill à vu son frère chez lui alors qu'on savait tous très bien que c'était pas possible, Beverly avait sa salle de bain... couverte de sang jusqu'au plafond.
- Du sang sérieux ?
- Ouais, d'ailleurs tu voulais pas y croire jusqu'à ce qu'on aillent tous...
- À Neibolt Street. Finit Richie.
- Oui. On a tiré à la courte paille et c'est Bill, toi et moi qui avons dû rentrer dans cette foutue maison délabrée. Y avait ce... ce lépreux immonde derrière moi... Frissonna-t-il de dégoût.
- Et t'a disparu. Poursuivit Richie. Et quand je t'ai retrouvé y avait ce... ce clown devant toi et tu hurlait de peur les joues trempées de larmes.
- Ouais, Pennywise, c'est lui qui enlevait tous ces enfants, il les bouffaient et pouvait changer de forme autant qu'il le voulait.
- J'ai toujours détesté les clowns et vu celui là je défie quiconque de dire que c'est stupide d'en avoir peur... Rit-il. Je me souviens ça y est, après on est descendu pour le buter, parce qu'il avait enlevé Bev'.
- Et il y a eu la promesse après aussi. Ce putain de clown aura gâché notre vie. Soupira Eddie.
- Notre vie ? Non pas notre vie, juste l'été 89. On l'a oublié une fois on peut très bien l'oublier encore et faire comme si de rien était.
- Plus facile à dire qu'à faire... Comment ça se fait qu'on ai oublié ? S'étonna le plus petit en finissant son verre.
Le silence s'installa. Ils avaient besoin de silence. Cette histoire était dingue, un bordel sans nom. Les images de cet été 89 leurs apparaissaient désormais clairement. Le mystère était résolu. Enfin presque.
- Eddie, pourquoi je suis parti ?

Je sais [Reddie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant