Je sais [Reddie]

12

Eddie passa de l'eau froide sur son visage. Il releva la tête et se fixa dans le miroir. Ses cernes ne passaient pas vraiment inaperçu, mais de toute façon pas grand monde s'y intéressait. Il sorti des toilettes et se dirigea vers son casier. Ses oreilles bourdonnaient et ses mains tremblaient encore. Alors qu'il ouvrait la porte une main se posa sur son épaule et il sursauta violement.
- Hey p'tit coeur, faut pas avoir peur comme ça. Rit Auguste.
- D-Désolé.
- Ça va ?
Il ne répondit pas, ferma le casier, se tourna vers lui et sorti une boite blanche.
- Qu'est ce que c'est que ça ? Demanda le blond en fronçant les sourcils.
- Rien. Répondit simplement Eddie en avalant un comprimé et refermant la boite.
- Alors donne la moi. Dit sérieusement Auguste en tendant la main.
- Qu-Quoi ? Non...
- Eddie... Qu'est ce que c'est ?
- Juste des calmants.
- Des calmants ? Contre quoi ?
- L'anxiété, les angoisses et tout ce qui va avec, c'est rien je te dit. Répondit-il en la reangeant dans sa poche.
- Pourquoi tu prend cette merde Eddie ?
- Pardon c'est toi qui dit ça. Rit nerveusement le plus petit. Quand on est toxico on se tait.
Aguste fronça davantage les sourcils. Il prit Eddie par le bras et l'entraina dehors à l'abri des regards.
- Okay ça suffit maintenant ! S'énerva-t-il.
- Aguste, tu me fait mal.
- Je veux que tu m'explique ce qu'il ce passe ! Tu m'a dit de pas m'en mêler, que c'était rien, mais là je te crois pas, ça te fait reprendre des putains de médocs, alors que tu m'avait dit que ta mère t'avait gâché la vie avec ça ! T'es plus toi même en ce moment Eddie !
- Tu me fait mal ! S'exclama Eddie.
Auguste le lâcha.
- Désolé. Soupira-t-il.
Eddie ressorti un comprimé.
- Bon alors je peux espérer avoir des explications ?!
- Tu peux pas juste me laisser vivre ma vie ?!
- C'est vraiment ce que tu veut ? Que je te laisse tranquille ?
Eddie le regarda tristement.
- Non... Finit-il par dire.
- Viens là.
Auguste attira le plus petit dans ses bras pour un calin maladroit.
- Je t'en supplie explique moi, j'en ai besoin. Soupira Auguste en s'écartant.
- Je... Je sais pas si ça va t'aider de le savoir je...
- Eds là on s'en fout de moi okay ?
Eddie soupira. Ils s'asséyèrent sur un banc tournés face à face.
- Tu sait je t'avais déjà parler de mon enfance... Enfin juste de ma mère et de ce qu'elle me faisait subir.
- Oui.
- Bah évidement mon enfance n'a pas comporté qu'un étouffement maternel constant. Rit-il nerveusement. Y a eu d'autres trucs super aussi et puis d'autres moins encore. J'avais... un club d'amis. Un super club d'amis, même si on se faisait appeler les losers, je crois qu'au fond on s'en fichait. Bref, on était sept dans ce groupe et on était vraiment unis je crois...
Il leva les yeux pour observer la réaction d'Auguste.
- Vas-y continu t'inquiète je t'écoute. Lui sourit ce dernier.
- Je... J'avais un... un meilleur ami... Enfin en réalité je les considérais tous un petit peu comme tel mais un d'entre eux, comment dire,... il sortait du lot. On se connaissait depuis la maternel et... et on faisait tout ensemble. On avait un lien super fort...
Il leva de nouveau le regard vers le blond.
- Qu'est ce que tu essaye de me dire exactement ?
- Je suis sorti avec lui. Avoua-t-il d'une traite.
- Okay... Continue.
- On... On s'aimait vraiment beaucoup et c'était la chose la plus merveilleuse qui me soit arrivé jusque là. Avec lui j'ai réussit à dire non à ma mère et à faire tant de chose merveilleuse que je m'empêchais et...
- Ouais okay j'ai compris le principe là, tu veut en venir où exactement ? Demanda-t-il quelque peu agacé.
- On est sorti ensemble pendant une semaine et... et il est parti.
- Parti ?
- Ouais, parti, sans rien dire. Il nous as abandonné... Il m'a abandonné...
- C'était quand ça ? Qu'il est parti ?
- Il y a quatre ans...
- Okay... Pardon mais du coup c'est quoi le rapport avec le fait que tu reprenne des calmants et ton comportement étrange ces derniers jours ?
- Je l'ai revu.
- Comment ça ?
- Il est ici, à l'université.
- Okay et... il s'est passé quelque chose en particulier ?
- Juste le revoir ça... ça m'a fait un choc et puis... après il est venu me parler.
- Il t'a dit quoi ?
- Il a eu un sorte de... de choc cranien et il a oublié pas mal de chose et comme il avait cru me reconnaitre il s'est dit que je pourrais lui rappeler des trucs.
- Et tu l'a fait ?
-... Ouais.
- Okay...
- D-Désolé...
- Hey t'a pas à t'excuser p'tit cœur. Lui sourit Auguste.
- Au début je voulais pas je te jure mais... mais ça a fait remonter tellement de souvenirs...
Il sorti un nouveau comprimé et l'avala.
- C'est normal, je comprend.
- Non c'est pas normal... Renifla Eddie au bord des larmes.
- Ho non pleure pas p'tit coeur.
- J'aurais pas dû réagir comme ça après tout ce temps, j'aurais du m'en foutre complètement. Pleura-t-il.
- Mais non, il t'a fait souffrir, je comprend.
- Je... J'ai jamais vraiment réussit à l'oublier je... je suis trop nul. Sanglota-t-il.
- Mais non tu est pas nul, arrête.
- J'avais pas besoin qu'il revienne maintenant, fallait qu'il revienne avant, bien avant, mais pas maintenant alors que je commençai tout juste à remonter la pente ! Pas maintenant alors que je suis avec toi parce que ça va te faire souffrir aussi à cause de moi...
- Ne dis pas ça Eddie ! La pente tu vas la remonter et pour ça t'a pas besoin de lui, mais moi je vais t'aider okay ? Alors arrête de pleurer. Lui sourit-il en lui frottant lentement le bras.
- Okay.
Eddie souffla un bon coup en sécha ses larmes.
- Tu sait je t'aime. Dit d'un seul coup Aguste. Je le dis pas et peut-être que j'en ai pas l'air mais je t'aime p'tit coeur.
Eddie lui sourit timidement les joues rouges.
Le blond se pencha vers lui et ils s'embrassèrent.
- Bon je reviens je vais nous chercher des sandwichs, reste ici pas la peine qu'on soit deux à faire la queue, en plus à cette heure-ci elle est immense.
- Okay. Sourit le plus petit.
Auguste s'éloigna.
Eddie soupira une nouvelle fois et sorti un nouveau comprimé. Il avait bien remarqué Richie qui avançait vers lui. Le plus grand s'assit prêt de lui.
- Salut. Dit-il.
Eddie ne répondit pas tout de suite.
- Qu'est ce que tu veut encore ?
- Rien, juste parler.
Il y eu un long silence.
- C'est ton mec le blond là ?
- Ça te regarde pas.
- Je vous ai vu vous embrasser.
- Pourquoi tu me poses la question si tu sait déjà la réponse ?
Un nouveau silence.
- Tu m'a pas répondu hier.
- J'étais fatigué.
- Alors répond maintenant.
- Je sais pas pourquoi t'est parti.
- Quoi ? Je suis tout de même pas parti comme ça, sans rien dire ?
-Bah si justement !
Ils restèrent tout les deux silencieux.
- Je suis désolé.
- De quoi ? Demanda Eddie surpris.
- De t'avoir fait souffrir en partant. Y a forcément dû y avoir un problème pour que je te laisse comme ça.
- Une bonne raison vraiment ? Rit amèrement Eddie. Quelle bonne raison alors ? Quelle bonne raison t'aurait fait quitté Derry au moment où tout allait bien, au moment où on était putain d'heureux ?!
- Heureux ? Parce qu'on ne l'était pas avant ?
- Si mais là, là c'était pas pareille tout avait changé et... c'était cent fois mieux qu'avant.
- Ça avait changé à cause de l'été 89 pas vrai... Et, on était heureux parce qu'on avait réussit à vaincre ce truc ?
- Non ! Enfin si forcément, mais ça c'était plus du soulagement que de la joie.
- Je comprend rien.
- Ouais bah moi j'ai plus rien envie de comprendre te concernant.
Richie soupira.
- Y a aucune chance que tu me pardonnes ?
Eddie ne répondit pas. Richie soupira et s'assit à côté de lui sur le banc.
- Tu es de nouveau heureux maintenant ?
Toujours aucune réponse.
- Mon départ t'a fait autant de peine ? Reprit le plus grand.
- Non. Je m'en fout. Répondit froidement Eddie.
- Tu sait même si ça fait longtemps, j'aimerais bien que tout redevienne comme avant entre nous.
Eddie s'étouffa en entendant ses mots. Il repensa aux derniers jours qu'ils avaient passé ensemble. Ces moments si cher à ses yeux, si regrettés et si douloureux.
Il sorti un comprimé et l'avala.
- Qu'est ce que s'est ?
- Des comprimés contre l'angoisse, l'anxiété, ect.
- Toi aussi tu as recommencé à faire des cauchemars ?
Il ne répondit pas et avala un nouveau comprimé.
- Je suis sûre que ça va finir par disparaître.
- J'espère...
Il y eu un long silence.
- J'aimerais vraiment qu'on redevienne ami Eds.
- M'appelle pas Eds. Et puis c'est pas possible Richie... Soupira Eddie.
- Pourquoi ?
- Parce que je... Ça fait des années, on ne se connaît plus Richie, on a changé.
- Je t'en supplie laisse moi une chance de te faire oublier tout ça. Je m'en rappelerais peut-être pas la raison mais je sais que je t'aurais jamais abandonné sans y être obligé. On a changé mais c'est normal. On est plus des enfants Eddie. On peut apprendre à se connaître de nouveau.
- J'en sais rien Richie.
- Je t'en supplie, je te promet, je te décevrai pas. Tout ce que je veux c'est... j'en sais trop rien enfaite... Je veux me racheter, je t'en supplie.
Eddie le regarda.
Richie semblait sincère.
Le plus petit eu un pincement au coeur.
Et une fois de plus il lui céda avec cependant une pointe de joie.
- Okay... mais va peut-être me falloir du temps.
- Autant que tu en as besoin. Souris Richie.
Eddie soupira et avala un nouveau cachet.
- T'es heureux avec ce type ?
- L'appel pas comme ça.
- Désolé je peux pas m'empêcher de le trouver louche.
- Tu le connais pas. Et puis s'en vouloir t'offenser dès fois t'a pas l'air net non plus.
- Si tu le dis. Rit-il.
Richie se releva.
- Bon je dois y aller moi.
- Okay.
- Mais... on se voit peut-être demain. Souris Richie.
-C-Comme tu veut. Répondit Eddie en détournant la tête pour qu'il ne voit pas ses joues rosies.