Ténèbres du sort ~suite~ [Riren]

Chapitre 26: Deuil interminable (3)

- C'est tout à ton honneur Eren, cet argent t'appartient.

Je la regarde un moment trier le linge avant de m'asseoir à côté d'elle pour l'aider.

- Comment va Erwin, je ne l'ai pas revu depuis l'enterrement?

Ses mouvements deviennent plus mécaniques à l'attente de son nom. Elle soupire comme pour se préparer à parler.

- Il s'en remet mal, il veut rester chez lui.

- Il pense que je lui en veux?

- Il pense que tout le monde lui en veut, que c'est de sa faute!

- Ce n'est pas vrai... il n'aurait rien pu faire. Si on avait été à sa place, nous aurions vu la même chose.

Elle me caresse doucement le dos car même retournée, elle avait senti que mes yeux se remplissaient de larme. Ma voix m'avait trahis.

- Oh Eren... ça va aller.

- Qu'est-ce que je vais devenir Petra? Tremblais je en crispant ma main devant sa bouche.

- On est là! Tu n'es pas rien sans Livaï! Il y a plein de personne qui t'aime, tu n'es pas tout seul.

Elle me serre contre elle.

- C'est normal d'avoir cette impression que tu ne vas jamais t'en remettre... cela ne fait qu'un mois. Avec le temps, tu vivras avec...

Je souffle difficilement contre Petra. Ça lui brisait le cœur de me voir comme ça, notre relation entre elle et moi était si forte. Un peu comme une figure fraternelle... même si la différence d'âge est surdimensionnée. Petra a assisté à la naissance de Livaï et était déjà au service des Ackerman.

- I...il est mort! J'arrive pas à réaliser.

J'ai l'impression de me mentir à moi même. Comme si mon cerveau était en déni.

Je laisse mes joues se tremper silencieusement, les yeux rougis et fatigués. Mais voyant que Petra était aussi sur le point de craquer, je respire un bon coup pour chasser ces idées noires et la regarder avec un faible sourire.

Elle se blottit contre moi en m'embrassant le front.

- Ça m'a fait du bien de parler... Je garde tout sur le cœur et je ne sais vraiment pas à qui me confier à par toi.

- Je comprend, soupire-t-elle, tout le monde est bouleversé. Et le château n'a jamais été aussi macabre depuis la naissance de Mikasa.

Je regarde un instant le linge étalé sur le sol.

- Je crois que tu ne devrais pas rester ici... me chuchote Petra.

- Je n'ai pas le courage de rentrer à la maison.