4.

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Je ne reconnais pas le numéro qui s'affiche sur l'écran.

— Allô, réponds-je, un peu méfiante.

— Noémie, c'est Nora.

— Oh ! Bonjour, Nora...

— Écoute, tu es toujours d'accord pour me remplacer ?

Mince ! Moi qui espérais que Miller chipoterait...

— Euh... Oui... Ça ne lui pose pas de problème alors ?

— Non. Mr Miller souhaite au contraire te rencontrer.

— Me ren-con-trer... ? bafouillé-je. Mais...

— Écoute, je ne peux pas te parler très longtemps, m'interrompt-elle. Tu passeras un entretien informel avec lui demain. Et tu viendras le reste de la semaine pour que je te montre le travail. Bien sûr, il te payera ces quelques jours en plus des quinze jours de remplacement...

Nora poursuit en m'indiquant l'heure à laquelle je suis attendue, puis raccroche.

— Quelle tête tu fais ! observe Megan comme je pose le téléphone sur la table.

Je lui explique brièvement l'accord passé avec Nora pour la remplacer à la place de ma mère.

— ... Seulement, je ne pensais pas qu'il voudrait me rencontrer, conclus-je avec une petite moue dépitée.

— Tu devais bien t'en douter, non ?

— Pas vraiment. Je croyais au contraire qu'il s'en ficherait un peu du moment que sa maison brille comme un sou neuf ! Et pour tout te dire, j'espérais même qu'il préfère faire appel à une boîte d'intérim.

— Noémie ! Je te le répète, ton cas est vraiment critique ! se lamente Meg avec un défaitisme exagérément drôle.

— Critique, mais pas désespéré ! répliqué-je du tac au tac.

— Ne me dit pas que tu n'as pas envie de découvrir à quoi ressemble la baraque d'un type plein aux as !

— Franchement ? Non.

— Le type plein aux as, alors ? suggère-t-elle en haussant comiquement les sourcils.

— Pff ! Aucun intérêt ! affirmé-je avec un faux air dédaigneux.

Elle s'esclaffe et je partage joyeusement sa bonne humeur.

— À mon avis, lancé-je lorsque je parviens à retrouver un peu de sérieux, il doit être horrible, ce gars. À chaque fois que ma mère va travailler chez lui, elle me rebat les oreilles avec Miller.

— Si tu veux mon avis, avec la tendance de Daphnée à tout exagérer, je suis persuadée que tu risques d'être surprise !

Je ne suis plus vraiment étonnée du ton un poil critique que mon amie prend pour parler de Daphnée. Si en invitant Megan à la maison la première fois, j'avais été certaine qu'elles s'entendraient bien ; j'avais vite déchanté. Cela avait été glacial... et un peu acide aussi. Et les rares fois où Megan nous avait rendu visite n'avaient fait que confirmer un fait : le courant ne passait définitivement pas entre elles.

Je dois admettre que Daphnée est loin d'être une mère, disons... conventionnelle. Elle ne l'a d'ailleurs jamais été. Mais l'aspect singulier de sa personnalité s'est renforcé depuis que mon père est parti de la maison. Shelley avait à peine quelques mois, à l'époque.

Eh oui ! Histoire de ne pas faire dans l'originalité, après presque vingt ans de vie commune, James Denison est allé vivre avec la voisine. Voisine qui n'était autre que la meilleure amie de ma mère.

Pour toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant