23.

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C'est la tête encore pleine des merveilleux moments passés avec Adam ce week-end que je rentre à la maison dimanche en fin de soirée. Tout en ôtant écharpe, bonnet et manteau, je jette un coup d'œil dans le séjour. Je suis étonnée d'y trouver Daphnée assise dans le canapé à mater un film.

— Bonsoir, la salué-je en rentrant dans la pièce.

— Tu as passé un bon week-end ? demande-t-elle sur un ton ironique sans me regarder.

— Euh... Oui, merci, réponds-je légèrement surprise par son attitude, en allant me percher sur l'un des accoudoirs du fauteuil. Et le tien ?

Lorsqu'elle tourne enfin les yeux dans ma direction, je sens instinctivement que ça va chauffer pour moi. J'avoue ne pas trop savoir pourquoi. Ce n'est certainement pas à cause du week-end. Quand je lui ai annoncé que je le passais avec des amis, son regard semblait vouloir dire un truc du genre : à d'autres ! Puis, elle avait balancé un : « Elle se lâche enfin. Il était temps ! »

À moins que je ne fasse carrément fausse route.

— Il est arrivé quelque chose à Ian ? m'enquiers-je vivement.

— Ian ? attaque-t-elle tout de suite. Quant à celui-là ! Je me demande ce que j'ai pu faire pour avoir des enfants aussi idiots ! T'en as un qui va se plonger jusqu'au cou dans je ne sais quelles emmerdes ! Et l'autre qui s'amourache d'un fils à papa ! Tu crois quoi ? Pour lui, t'es juste un nouveau joujou à tester. Une fille des classes populaires, ajoute-t-elle, parodiant une attitude aristocratique en agitant dédaigneusement la main. Tu parles qu'il se lassera vite !

Pour le coup, son petit laïus me laisse tout d'abord totalement muette de stupéfaction. Si ça ne me touchait pas d'aussi près, j'aurais sans doute ri. L'attitude de ma mère est presque comique.

Quant à savoir où elle a eu l'information pour Adam et moi. Je ne réfléchis pas longtemps pour deviner qui a pu lui apprendre avec qui j'avais passé le week-end. À part Megan, seule Nora est au courant.

En vouloir à Nora ? À quoi bon ?

En fait, peut-être est-il temps que j'assume ma relation avec Adam.

— Parce que tu crois que je suis assez idiote pour espérer quelque chose de sérieux avec lui ? répliqué-je finalement avec un calme qui me surprend moi-même.

— Pourquoi, parmi tous les mecs de la planète, c'est justement lui que tu as choisi ?

Si je le savais ! Cette question, je me la suis posée un million de fois au moins.

— Je n'attends rien de lui.

— C'est toujours ce qu'on prétend, ricane-t-elle. Et le jour où le type se casse, c'est là qu'on se rend compte que ça fait un mal de chien !

— Je n'ai pas l'intention de tomber amoureuse, insisté-je tout en ayant l'impression de me leurrer moi-même.

— Tu as intérêt, marmonne Daphnée. Tu sais qu'il a une copine, au moins ?

La vision douloureuse de Lise Wyatt s'impose dans mon esprit. Toutes ces semaines, j'avais réussi à l'en chasser. À vrai dire, au fond de moi, j'étais certaine qu'il avait effectivement quelqu'un dans sa vie. Je ne lui ai jamais posé la question. Peut-être la vérité me faisait-elle peur ?

Comme je détourne les yeux sans répondre, elle reprend.

— Elle était souvent là lorsque j'ai commencé à faire des remplacements là-bas. Nora pensait même qu'il avait acheté cette baraque parce qu'ils allaient se marier. Il paraît qu'ils se sont déjà séparés au moins deux fois. Mais ils finissent toujours par se remettre ensemble. Tu le savais, ça ? balance-t-elle pour enfoncer le couteau.

Pour toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant