11.

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Noémie

Huit mois auparavant...

Tout est fin prêt pour le déjeuner d'Adam. J'ai farfouillé dans l'armoire à linge pour dénicher nappe et serviettes et apporté une attention particulière à l'agencement de la table. L'entrée et le dessert sont stockés au frigo. Le moment venu, il me suffira de rallumer le four pour finir de caraméliser les petits légumes, de passer le tournedos à la poêle et de réchauffer la sauce aux airelles et au cognac.

Pour l'heure, juchée sur un escabeau, je nettoie les placards de la cuisine. Évidemment, je suis stressée. Je ne serais pas Noémie Denison si ça n'avait pas été le cas. Flippée, je le suis d'autant plus que cela fait un moment que je n'ai pas eu l'occasion de cuisiner. Cuisiner comme on me l'a enseigné à l'école hôtelière, je veux dire. J'espère juste que ça ne sera pas un plantage total.

La nuit dernière, je n'ai presque pas fermé l'œil. Je n'ai cessé de revivre le baiser qu'Adam et moi avons échangé. Il tournait en boucle dans ma petite caboche. J'en modifiais le scénario, le rendais nettement plus explicite... Je me faisais un film, quoi ! Mais j'ai aussi passé une bonne partie de la nuit à me triturer le cerveau. Je me demandais comment cela avait pu être possible. Moi, Noémie Denison, j'avais éveillé l'intérêt d'Adam Miller ? Ça me paraissait, et ça me paraît toujours, tellement incroyable.

Hier, tout le reste de la journée, j'avais l'impression de ressentir encore ses lèvres sur les miennes. J'étais comme sur un petit nuage. Même maintenant, je me sens étrangement joyeuse et un peu surexcitée. Je me rends bien compte que c'est parfaitement ridicule de me mettre dans cet état pour un baiser. Pour Adam, il ne doit rien signifier. Sans doute qu'il l'a déjà oublié.

En arrivant ce matin, je me demandais comment je devrais me comporter. Et surtout, quelle attitude il allait adopter, lui. Seulement, une fois encore, j'ai été déçue. Il m'avait laissé un message. Il avait un rendez-vous professionnel. Néanmoins, il a confirmé qu'il serait bien là à déjeuner.

Je laisse échapper un imperceptible soupir, et replace les tasses dans le placard. Je déplace ensuite l'escabeau avant d'y grimper à nouveau pour débarrasser l'étagère. Rapidement, les bocaux en verre plein de riz et de pâtes de variétés différentes finissent sur le plan de travail.

Soudain, un petit fourmillement grésille sur ma nuque.

Il est là. J'en suis certaine.

Je pivote la tête et pique immédiatement un fard.

Dans son costume trois-pièces anthracite, Adam est comme toujours magnifique. Il émane de lui une redoutable vitalité. Et comme chaque fois, l'intensité de son regard gris me trouble au plus haut point.

— Bonjour, Noémie.

— Bonjour, monsieur Miller. Je... Vous êtes déjà là..., bredouillé-je en rougissant plus encore. Je ne me suis pas rendu compte de l'heure.

— Je suis un peu en avance, s'excuse-t-il.

— Non ! Je... Tout est prêt, affirmé-je en lâchant la lingette et le produit nettoyant sur le plateau de l'escabeau.

Je fais mine de descendre.

— Attendez, dit-il en s'avançant.

Et avant que je n'aie eu le temps de comprendre ce qui m'arrive, ses mains emprisonnent ma taille. Puis, avec une facilité déconcertante, il me soulève pour me déposer lentement sur le sol. Du coup, je me retrouve à quelques centimètres à peine de lui. Mon cœur se met à battre à tout rompre. Lorsque mon regard rencontre le sien, j'ai l'impression que le temps se fige.

Pour toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant