Pour toujours

1.

« Tu rencontres des centaines de personnes et aucune d'entre elles ne réussit à te toucher. Tu en rencontres une seule et ta vie change pour toujours. » Inconnu.

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Adam

Je mets mon casque après avoir ajusté mes lunettes de protection.

Un instant, je laisse courir mon regard sur l'horizon.

En partant ce matin, j'ai eu des doutes. Mais finalement le temps est idéal. Dans un ciel azuré, les nuages blancs et cotonneux s'éloignent avec indolence. Le soleil, haut dans le ciel, arrose de ses rayons éclatants la vallée verdoyante en contrebas.

Une certaine fébrilité me gagne. Normal, avant de s'élancer.

Je vérifie une dernière fois les attaches de ma sellette. Puis, saisissant les élévateurs, je lève les bras et avance sur la pente herbeuse à petites foulées. Derrière moi, les caissons de la voile s'emplissent rapidement d'air. Je pousse sur mes jambes pour contrebalancer son poids. L'aile gonflée s'élève soudain et vient se placer au-dessus de moi. Je lâche mes avants et tire sur les poignées pour la freiner.

Devant moi, le précipice. J'accélère.

D'un coup, mes pieds quittent le sol. Ça prend aux tripes. C'est de l'adrénaline pure injectée dans mes veines.

Je vole et c'est juste extrême comme sensations ! C'est comme une explosion de joie. C'est grisant. C'est libérateur.

— Waouhhh... ! hurlé-je à m'en faire exploser les poumons.

Le vent fouette mon visage. Je m'élève rapidement. Le plancher des vaches s'éloigne, rétrécit. Je tire sur les freins pour orienter la voile du parapente et atteins la « rue de nuages ».

Suspendu sous mon aile, je regarde le paysage doucement vallonné défiler sous moi. Çà et là, de petits bouts de forêt viennent apporter des taches plus soutenues dans une mosaïque vert tendre séparée par des haies de bocages ou quelques arbres alignés. Une rivière miroite sous le soleil. Paresseusement, elle serpente à travers la campagne. Au loin, des taches de couleur ardoise signalent les toits de quelques maisons.

À présent, seul le bruit du vent trouble le silence ouaté du ciel. C'est comme une bulle hors du temps. Cette sensation de paix, de sérénité, de liberté, c'est juste indescriptible.

Tu aurais adoré. J'en suis certain.

Oui, je pense à toi. Tu es là. Tout le temps. C'est à en devenir fou !

Non. C'est faux. C'est ton absence qui me rend dingue. Ce sont ces semaines interminables passées sans toi qui me rongent. J'aurais donné n'importe quoi pour qu'elles n'aient jamais existé.

En fait, ce qui me rend fou, c'est ce film qui tourne en boucle dans ma tête. Ce sont les images de l'instant précis où tu...

Je stoppe là mes pensées et chasse résolument ces souvenirs douloureux loin de mon esprit.

Ce à quoi je dois penser, ce dont je veux me rappeler, ce sont ces mois si précieux passés avec toi, mon ange. Je laisse ces réminiscences-là m'envahir et peu à peu cette colère, cette envie de tout casser, qui gronde en moi, s'apaise et disparaît.

Un sourire étire doucement mes lèvres.

Il y a huit mois à peine, si on m'avait raconté ce que serait ma vie aujourd'hui ; si on m'avait dit à quel point elle serait différente de celle que je menais alors, jamais je ne l'aurais cru. Pourtant, une simple rencontre a tout fait basculer. Mon existence entière en a été bouleversée.

J'ai été chamboulé. Ébranlé. Remué.

Toi, mon ange, tu as tout bousculé. Tout chambardé. Tout remis en question...