15.

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Adam

Aujourd'hui...

L'aube commence à peine à jeter sa pâle lumière rosée sur Hyde Park.

Le fond de l'air est doux. Devant moi, le large sentier bordé de platanes se déroule tel un long ruban clair à travers un tapis vert piqueté de fleurs colorées.

J'adore jogger au petit matin lorsque le parc est encore quasi désert. C'est une oasis de tranquillité dans la ville qui se réveille.

Tandis que je suis l'allée en direction du lac Serpentine, le tube « Ain't No Sunshine » de Bill Withers résonne faiblement dans mes écouteurs.

Ain't no sunshine when she's gone

(Il n'y a pas de soleil quand elle n'est pas là)

It's not warm when she's away

(Il n'y a plus de chaleur lorsqu'elle s'en va)

Hier soir encore, je n'ai dormi que quelques heures à peine. Mon esprit est plein de toi. De nos souvenirs. J'ai eu l'impression de ressentir le contact de tes lèvres sur les miennes. De sentir ton corps contre le mien. Les yeux ouverts dans la nuit, j'ai revécu cette première soirée que nous avions passée ensemble.

Lorsque je t'ai rencontré, dès les tout premiers instants, tu m'avais plu et intrigué. Un peu par jeu, j'avais décidé de te séduire. Seulement, très vite, c'est moi qui ai été conquis. Je l'ai été par ta timidité touchante. Par la rougeur adorable qui teintait tes joues. Par ta simplicité. Tu étais si rafraîchissante. Une bouffée d'air pur. Je cherchais, j'attendais, je provoquais les occasions de passer du temps avec toi. J'éprouvais un bien-être aussi intense qu'inexplicable à être tout simplement près de toi.

Indéniablement, il y avait quelque chose de spécial entre nous. J'étais certain que tu m'appréciais. Que je te plaisais. Et l'alchimie sensuelle entre nous était à couper au couteau.

Cependant, tu m'avais repoussé.

J'avoue avoir été surpris, dérouté, par ton changement radical de comportement ce matin-là. Je supposais néanmoins que ton manque d'assurance devait y être pour beaucoup.

J'avais décidé de respecter ta décision. Même si paradoxalement, c'est à ce moment-là que j'avais vraiment réalisé que ce qui n'avait été au départ pour moi qu'une espèce de défi, un jeu, avait pris bien plus d'importance.

And she always gone too long

(Et elle part toujours pour trop longtemps)

Anytime she goes away

(Chaque fois qu'elle s'en va.)

Wonder this time where she's gone

(Je me demande où elle est en ce moment)

Wonder if she's gone to stay

(Je me demande si elle est partie pour de bon)

Cependant, je n'avais pas envisagé une seule seconde que les choses puissent en rester là entre toi et moi. Je te laisserais un peu de temps. Ça ne serait pas facile de t'approcher à nouveau. Mais ce dont j'étais certain, c'était que je n'allais pas m'avouer vaincu pour autant.

La semaine avait été interminable. Garder mes distances. Jouer l'indifférence. Résister à l'envie de t'enlacer, de t'embrasser. Je n'avais pas eu le souvenir d'avoir autant désiré une femme de ma vie.

Et bien sûr, j'avais décidé de tout mettre en œuvre pour te séduire. Mais, j'attendais la fin de ton contrat. Je ne voulais pas qu'il y ait de malentendu entre nous. La dernière chose que je désirais que tu penses, c'était que je souhaitais profiter de ma position. Il fallait que tout soit clair entre nous, ma Noémie.

Si à ce moment-là, j'avais été moins sûr de moi, comment tout cela se serait-il terminé ? En serais-tu là aujourd'hui ? L'autre soir, Colin m'a reproché de me croire tout puissant. Omnipotent, je n'ai jamais pensé l'être. Cependant, comment être certain que ce qui t'est arrivé n'est pas de ma faute ? Est-ce à dire que cela devait arriver ? Que le destin existe ? Voilà un vaste sujet. Avons-nous vraiment une réelle influence sur le cours de notre vie ? Ou tout est écrit par avance ?

Certains prétendent que ceux qui cherchent à fuir leur destinée ne font que courir vers elle.

Je n'ai jamais été de ceux-là.

« Prendre son destin en main ». J'ai été élevé dans cet idéal.

Avant de te rencontrer, j'étais de ceux qui pensaient que notre existence n'était forgée que de nos décisions. Mais n'est-ce pas un peu plus compliqué que cela ?

Toujours est-il que ce jour-là, j'avais décidé de mettre toutes les chances de mon côté. J'avais attendu avec une impatience grandissante ce dîner.

En me dirigeant vers la cuisine ce soir-là, je me sentais tendu. Ce qui n'était pas dans mes habitudes. Ça m'avait un peu désarçonné de mesurer le pouvoir que tu avais sur moi.

Je t'avais retrouvée devant le plan de travail. Concentrée, appréciant visiblement ce que tu faisais, tu découpais des légumes avec une rapidité et une dextérité impressionnante. Un sourire flottait sur tes lèvres. Tu étais absolument magnifique. Pas seulement physiquement. Mais intérieurement. Tu dégageais une espèce d'aura. Un truc qui me prenait aux tripes. Qui m'attirait irrésistiblement.

Tu m'attirais comme aucune autre ne l'avait fait jusque-là.

Je te trouvais touchante, spirituelle, drôle aussi parfois. Et surtout terriblement excitante. Toute la soirée, j'avais eu une envie folle de te faire lentement, langoureusement, l'amour.

Lorsque j'avais enfin pu te serrer contre moi, mon cœur cognait fort. Ce n'était pas uniquement l'envie que j'avais de toi qui accélérait son rythme. J'avais également une trouille bleue que tu me repousses encore. Et c'était bien la première fois que je redoutais à ce point de me prendre un râteau. J'avais presque l'impression de redevenir un ado surexcité et maladroit.

Mais quand tu m'avais embrassé après avoir accepté de passer la nuit avec moi, mon cœur s'était gonflé d'une joie presque enivrante.

Tu avais tout d'abord répondu à mes baisers avec une timidité qui m'avait ému. Mais très vite ta fièvre avait égalé la mienne. Ta manière tout à la fois hésitante et audacieuse m'avait enflammé.

J'avais dénoué tes cheveux et avais plongé les mains dans leur douceur de soie. Je t'avais embrassée encore et encore. Et je m'étais mis à te serrer comme un fou, à te caresser, à explorer les courbes de ton corps. Le sentir vibrer contre le mien m'avait procuré des sensations indescriptibles. Ta peau était si douce, veloutée, soyeuse sous mes doigts.

Voir tes grands yeux noisette se dilater, se voiler de désir avait remué quelque chose en moi. C'était un peu comme si je te voyais vraiment pour la première fois. Comme subjugué, longuement, je t'avais admirée.

J'avais envie de douceur et de tendresse avec toi.

Quand tes bras s'étaient noués autour de mon cou, je n'avais pu résister et je t'avais fait asseoir sur le comptoir. Enfouir mon visage entre tes seins, les caresser n'avait fait qu'attiser ma soif de toi. Tu dégageais une telle sensualité. Tes soupirs de plaisir avaient allumé en moi un désir fou.

Lorsque tu avais refermé tes jambes autour de moi, je ne sais pas comment j'ai pu conserver assez de self-control pour ne pas t'allonger sur le plan de travail et plonger immédiatement en toi...

Pour toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant