7.

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Dans mes écouteurs Jennifer Paige chante « Crush », un tube des années 90. 

So let it be what it'll be

(Ça sera ce que ça sera)

Don't make a fuss and get crazy over you and me

(Ne fais pas tant d'histoire et soyons fous toi et moi)

Here's what I do, I play it loose

(Voici ce que je fais, je la joue cool)

Not like we have a date with destiny

(Pas comme si nous avions un rendez-vous avec le destin)

Le trouillomètre à zéro, je marche le long du trottoir éclairé par la lumière vive des réverbères. J'ai un bon quart d'heure d'avance. C'était soit ça ou arriver cinq minutes en retard. Seulement, pendant que je fais le pied de grue devant le superbe hôtel particulier de Knightsbridge, mon stress ne fait qu'augmenter de façon exponentielle. Toutes sortes d'idées confuses me traversent la tête.

It's just a little crush

(Ce n'est qu'un petit béguin)

Not like I faint every time we touch

(Pas comme si je m'évanouissais à chaque fois que nous nous touchons)

It's just some little thing

(C'est juste une petite chose)

Not like everything I do depends on you

(Pas comme si tout ce que je faisais dépendait de toi)

Je stoppe brusquement mes allées et venues. Je viens de me rendre compte que ce n'est pas uniquement l'appréhension qui me noue le bide. En fait, je me sens également... impatiente.

Impatiente ?

Je n'ai pas le temps de m'interroger plus sur cette révélation. Nora vient de déboucher à l'angle de la rue. Sa démarche rapide et énergique est le parfait reflet de sa personnalité. Un sourire chaleureux illumine son visage tandis qu'elle approche.

Je tire sur mes écouteurs et les range dans la poche de mon trench trois-quarts.

Arrivée à ma hauteur, elle me salue chaleureusement et nous descendons rapidement les quelques marches qui mènent à la porte de service.

— Cela fait longtemps que tu es là ? demande-t-elle tandis qu'elle ouvre le battant.

— Quelques minutes, réponds-je évasivement en la suivant à l'intérieur.

— Tu me feras penser à te donner le double des clés. Pas la peine que tu poireautes...

Nous nous mettons immédiatement au travail et je constate qu'elle est extrêmement organisée. Après avoir mis le café en route, elle m'entraîne dans une petite pièce située juste à côté de la cuisine. L'endroit est du genre minimaliste. Une table laquée blanche pouvant accueillir six personnes y occupe presque tout l'espace. Une large baie vitrée donnant sur une terrasse foisonnante de plantes vertes apporte une touche de sérénité au lieu. L'aube projette une luminosité mauve, douce et feutrée sur les murs blancs agrémentés de quelques photos artistiques en noir et blanc.

— Il a fait aménager cette pièce pour prendre son petit déjeuner, m'explique Nora tout en mettant rapidement la table. Il n'utilise la grande salle à manger que lorsqu'il a des invités.

Nous regagnons ensuite la cuisine. Et tandis qu'elle continue à m'informer des habitudes d'Adam Miller, nous préparons une salade de fruits frais, et pressons des oranges.

Pour toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant