Pour toujours

14.

Noémie

Huit mois auparavant...

Portant mon Latte Macchiato à mes lèvres, je croise le regard de Megan.

Nous avons profité de sa coupure pour nous retrouver au coffee shop.

— Excuse-moi de te dire ça, mais t'as vraiment une petite mine, observe-t-elle en promenant son regard incisif sur mes traits tirés. T'es sûre que ça va ?

Je sais que j'ai une trombine à faire peur.

Ça fait des jours que j'ai cette tête-là.

Plaquant un sourire sur mon visage, je prends un air détaché.

— J'ai juste passé une partie de la nuit à bouquiner, éludé-je. Je n'arrivais pas à décrocher de l'histoire.

Meg me jette un regard circonspect. C'est clair, la lecture, ce n'est franchement pas son truc. Mais j'ai comme l'impression que ma réponse ne l'a pas convaincue. Et elle n'a pas tort.

En fait, c'est parce que je n'arrivais pas à m'endormir que j'avais bouquiné. Enfin, disons plutôt que j'avais essayé de le faire ! Après m'être tournée et retournée cent fois dans mon lit, j'avais décidé de m'expatrier dans le séjour pour lire. J'avais terminé un chapitre en entier avant de réaliser que je n'en avais rien retenu. Agacée, j'avais remisé le roman sur la table basse avant d'attraper la télécommande. Je m'étais ensuite abrutie jusqu'à plus d'heures devant une émission sur la vie des suricates. J'avais fini par sombrer dans un sommeil agité et m'étais réveillée en sursaut vers quatre heures du matin. Complètement ankylosée, j'étais retournée me glisser entre mes draps. Et là, j'avais attendu les yeux grands ouverts dans le noir la sonnerie de mon réveil.

Presque toute ma semaine s'est déroulée sur le même mode. Pas étonnant que je ressemble à un zombie ! Heureusement, dès ce soir, j'en aurais terminé avec tout ça ! J'espère juste qu'après, Adam Miller arrêtera de monopoliser mes pensées et qu'il sortira définitivement de ma caboche !

— Matt et moi, on a été contents de faire la connaissance de Craig l'autre soir, lâche Meg avec entrain en m'extirpant à mes ruminations. Il est sympa. Je l'aime bien.

— C'est vrai, il est sympa, admets-je, un chouia mal à l'aise.

En fait, je ne suis pas très fière des souvenirs que j'ai de cette nuit-là.

— Sympa, c'est tout ? me taquine-t-elle. Pas même craquant ?

Son regard inquisiteur, que je ne connais que trop bien, m'arrache malgré moi un sourire. Je la vois arriver à des kilomètres avec ses gros sabots !

— Vous en êtes où ? insiste-t-elle les yeux pétillants de curiosité.

— Comment ça, où ? feins-je de ne pas comprendre. On a pris un café il y a deux jours.

— Vous vous revoyez quand ?

— Peut-être dimanche, réponds-je laconiquement.

— Tu n'as pas l'air très enthousiaste, dis-moi. Vous avez quand même quelques atomes crochus, non ?

Je me contente d'un imperceptible haussement d'épaules avant de porter ma tasse à mes lèvres.

— Incroyable ! Tu vas au moins lui laisser une chance, non ?

Je n'ai aucune envie de parler de ma relation avec Craig.

J'adresse à mon amie une petite grimace avant de l'interroger avec désinvolture.