Dimanche 25 novembre 2018, 8h58.
Je fus réveillée par mon téléphone qui vibrait. C'était un message de Mingi... Tiens, qu'est-ce qu'il me voulait, aussi tôt pour un week-end ?
@lminsk_ : « tu peux venir sur le toit de ta maison ? j'ai quelque chose à te montrer »
Je ne répondis pas, mais je me dirigeais vers mon toit, me demandant bien ce qu'il y faisait... C'était quand même dangereux. Je pris l'escalier de secours menant jusqu'au toit, assez difficilement à cause de mes béquilles, mais je finis par y arriver. Là-bas, je vis Mingi de dos, vêtu de son long manteau avec lequel il était venu au restaurant la veille, admirant le soleil qui se levait petit à petit sur Séoul complètement enneigé. L'hiver approchait à grand pas, il faisait vraiment très froid, surtout aussi tôt.
J'avançais vers lui tout doucement lorsqu'il se retourna vers moi. Il avait dû m'entendre à cause du boucan que je faisais avec mes béquilles... Même après deux jours d'utilisation, je ne savais toujours pas y faire et je marchais toujours comme un chien boiteux. Je n'étais pas discrète du tout.
- Tu es venue, observa-t-il.
- Oui, pourquoi tu m'as fait venir ?
- On s'est retrouvés plusieurs fois sous les étoiles toi et moi. Dans de bonnes comme dans de mauvaises conditions, me rappela-t-il. Je voulais voir le soleil avec toi, pour une fois.
Il m'adressa un sourire tendre et chaleureux, avant de retirer son manteau et de me couvrir les épaules pour éviter que je prenne froid trop vite. Je ne voulais pas me l'avouer, mais Mingi était vraiment attentionné.
- Je sais que l'on a eu une rencontre particulière, mais tu me plais vraiment. J'aimerais faire une chose, si tu me le permets, mentionna-t-il.
- Oui, vas-y, de quoi il s'agit ? demandai-je.
Sans me répondre, il attrapa mon visage entre ses mains et l'approcha de plus en plus du sien. Intérieurement, j'étais en panique. Extérieurement, j'étais aussi en panique, immobile et incapable de dire quoique ce soit.
Au même moment où ses lèvres étaient à quelques centimètres à peine des miennes, une voix qui m'était familière se fit entendre non loin.
- Qu'est-ce que tu fous ? s'étonna cette personne.
Prise de court, je fis un léger sursaut en voyant qu'il s'agissait de Seonghwa.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? demandai-je d'une voix paniquée.
Il daigna me répondre et avança vers nous si vite et dans une telle colère que je crus que la terre allait exploser.
- Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Tu oses ? demanda-t-il en fixant Mingi.
- Euh... Tu es ? interrogea Mingi.
- Il ose me demander qui je suis ? Mais toi, tu es qui pour vouloir embrasser Sunhi de la sorte ? s'énerva Seonghwa avec un petit rire qui me fit hausser les sourcils de surprise. Tu la connais depuis une putain de semaine alors que moi je l'aime depuis des années... Tu es un grand malade.
Oh non, seigneur. Il m'aimait ? Et moi j'en étais où dans tout ça ? Dans quoi est-ce que je m'étais mise ? Involontairement en plus ? J'étais au beau milieu d'un triangle amoureux. Jamais je n'avais vu Seonghwa dans un tel état, alors que Mingi ne réagissait pas jusqu'à ce qu'il se mette à rire. Était-ce nerveux ?
Je fus incapable de réagir quand je vis Seonghwa s'avancer un peu plus vers Mingi avec la ferme intention de lui coller son poing dans la figure. Et c'est à ce moment que j'ouvris les yeux....En fait, j'étais dans ma chambre, au chaud. Je ne voyais que le mur auquel mon lit était collé et vers lequel j'étais habituellement couchée pour dormir. C'était donc un rêve ? Seigneur... Merci. Je rêvais de ces deux-là maintenant ? Mon coeur battait si fort que toute la maison pouvait l'entendre. J'étais soulagée de savoir que tout ça n'était que le fruit de mon imagination, mais à la fois étonnée de faire des rêves aussi particuliers. Tout le contraire de la réalité.
En me retournant, je me pensais encore dans un rêve. Je les enchaînais, ces rêves étranges ? Mingi était endormi à côté de moi, la couverture ne laissant percevoir que son visage. Quasiment collé à moi comme si j'étais une bouillotte humaine, il avait inconsciemment posé son bras autour de moi. Je priais pour que ce soit un autre rêve, le contraire serait tellement embarrassant. Pour vérifier si c'était le cas, je me pinçai la peau avec mes ongles... Aïe. Je ne rêvais pas.
Au même moment où je l'examinais, ne sachant pas quoi faire et n'osant pas bouger, je le vis se réveiller tout doucement. Ses yeux s'ouvrirent tandis que sous la panique, les miens s'étaient refermés en quelques secondes à peine. Et c'était reparti, mon coeur était devenu fou ou quoi ? Sans même comprendre comment, je savais qu'il souriait. Mais est-ce qu'il souriait en se rendant compte qu'il s'était endormi près de moi, ou parce qu'il me regardait « dormir » ?
- Je sais que tu es réveillée, ton visage est aussi rouge qu'une tomate, chuchota-t-il en riant.
Je me pinçai les lèvres en me glissant totalement sous ma couverture pour qu'il ne puisse plus me regarder.
- Désolé, je me suis endormi quelques minutes après toi... avoua-t-il d'un ton presque embarrassé.
Soudainement, j'entendis des pas lourds dans les escaliers. Mon père. En un rien de temps, je me redressai et fis voler ma couverture. Mingi ne comprenait pas pourquoi je me précipitais aussi vite vers ma porte, sans penser à la douleur que je ressentais dans ma cheville. Les sourcils froncés, il me regardait, totalement perdu.
Qu'est-ce que j'allais faire ? Je savais que mon père venait me réveiller, je le savais car tous les dimanches je partais aux alentours de dix heures sur le marché du coin avec ma mère pour qu'il nous prépare une soupe de légumes, notre tradition du dimanche.
Le dos contre la porte, je mimais à Mingi d'aller se cacher dans ma petite armoire. J'étais à court d'idées et je doutais sérieusement que celle-ci fonctionne... Soit nous allions être rapides et ça allait fonctionner, soit j'allais devoir le retenir derrière la porte pour lui éviter la crise cardiaque. En entendant les pas dans le couloir, il comprit ce qui allait se passer et sans même que je puisse le remarquer, il était caché. Moi, j'avais regagné mon lit aussi vite que possible en grimaçant sous la douleur provoquée par mon entorse, puis je m'étais de nouveau enfouie sous ma couverture.
Comme prévu, mon père entra et marcha tout doucement jusqu'à mon lit sur lequel il s'assit. Il caressa mes cheveux comme chaque dimanche, d'une main tendre et bienveillante. J'adorais tant mes parents...
- Bonjour ma chérie, chuchota mon père.
- Bonjour Papa, lui dis-je en lui souriant.
- Bien dormi ? Comment va ta cheville ce matin ?
Elle me faisait un mal de chien.
- J'ai bien dormi, et ma cheville... Ça va...
- Ton ami Mingi a dû partir très vite hier, je n'ai pas pu lui donner mon plat... déclara mon père, un peu déçu.
Mince, j'avais oublié ce détail... S'il me dit ça, c'est que personne n'est repassé dans ma chambre après que ma mère l'ait fait, lorsque je soignais Mingi. Au moins, mon plan de dernière minute fonctionnait.Au moment où j'allais répondre à mon père, un éternuement résonna dans l'armoire non loin. Puis un deuxième... Nous étions finis. Bizarrement, il n'éternuait que deux fois. Quel humain spécial.
Mon père fronça les sourcils, cherchant d'où venait ce bruit tandis que je me cachais sous la couverture. Je n'avais pas d'excuses, je n'avais pas d'idées, je n'avais pas de quoi faire diversion. Adieu belle planète, j'ai tant aimé regarder tes étoiles mais jamais je n'avais souhaité les rejoindre aussi vite... Mon père se dirigea donc vers l'armoire en question et y colla son oreille, tout en me regardant d'un air intrigué.
Encore une fois, j'avais parlé trop vite : Mingi était on ne peut plus normal. Comme par hasard, il éternuait une troisième fois, lorsque mon père était collé à l'endroit où il se cachait. Cette fois, c'était vraiment la fin.
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