Vendredi 30 novembre 2018, 22h16.
Mingi était là. Il me tenait le bras alors que je pleurais toute l'eau que contenait mon corps. J'avais envie de vomir et la fatigue jouait aussi sur le fait que j'étais actuellement à fleur de peau. Pourquoi est-ce qu'il était là, de toute façon ?
- Qu'est-ce que tu fiches ? demanda Mingi en me serrant toujours le bras, le regard inquiet.
Je ne répondis pas et tirai mon bras de toutes mes forces pour me défaire de son emprise. Je ne voulais ni le voir, ni lui parler.
- Lâche-moi, dis-je d'un ton las.
Ma voix était petite et froide à cause de la distance qu'il avait imposée entre nous. En plus de ça, j'étais bien trop alcoolisée pour savoir ce que je disais.
- Tu viens avec moi, m'ordonna Mingi en m'attirant avec lui.
- Non, je ne veux pas, déclarai-je d'un ton sérieux.
N'arrivant pas à lui enlever sa main, il m'emmena contre mon gré. Je le détestais à cet instant et je ne voulais pas le voir.
En repassant devant le club, je vis Wooyoung qui cherchait quelqu'un. En me voyant avec Mingi, il s'approcha et tenta de dire quelque chose.
- Dégage, lâcha Mingi en continuant de marcher, les yeux fixés devant lui.
- Sunhi, pourquoi tu pleures ? demanda Wooyoung tandis qu'il nous suivait.
- Je t'ai dit de dégager, rappela celui qui me traînait de force.
- Sunhi, qu'est-ce qu'il se...
Il n'eut pas le temps de parler que Mingi me lâcha pour lui sauter à la gorge. Il était entré dans une colère noire, tout comme Seonghwa un peu plus tôt.
Mingi l'attrapa par son t-shirt et le regarda d'un regard vraiment méchant.
- Tu as oublié ce que je t'ai dit l'autre soir ? demanda Wooyoung en scrutant Mingi d'un air vicieux.
- Tu cherches quoi en étant comme ça ? demanda Mingi d'un ton sec.
Ce dernier serra les dents et ses sourcils se froncèrent.
- À ton avis ? Elle me plaît, déclara Wooyoung avec ce sourire vicieux qui le suivait partout.
Mingi était devenu incontrôlable. Il leva son bras en serrant le poing, comme pour assener un coup dans la mâchoire de son ennemi.
Je me devais de réagir : je m'approchai de Mingi et posai ma main sur la sienne avant qu'il ne puisse blesser Wooyoung.
- Mingi, l'interpellai-je.
Il ne répondait pas, il était immobile et Wooyoung l'était aussi. Tous les passants s'étaient arrêtés pour assister à cette scène peu commune.
Il baissa le bras et garda sa main dans la mienne.
- Je vais te tuer, menaça-t-il à l'intention de celui qu'il voulait fracasser.
- Essaie, répliqua Wooyoung.
Mingi le poussa si fort que son corps subit un choc contre le mur se trouvant juste derrière lui.
- S'il te plaît, dis-je en le tirant le plus loin possible de son ennemi, qui rentra dans le club en riant après cette petite altercation.
C'était quoi cette soirée ? Je m'attendais à m'amuser, à profiter... Au final, je me retrouvais bien trop alcoolisée pour marcher correctement et je pleurais tandis que Mingi était là sans que je ne sache pourquoi, prêt à se battre avec celui qui m'était rentrée dedans toute la soirée. J'étais dans un état pitoyable.
Je n'en pouvais plus.
Nous marchions désormais dans la direction qu'il souhaitait. Il ne m'avait pas encore lâchée la main comme s'il craignait que je m'échappe tandis que je me retenais de pleurer à nouveau en repensant à la froideur dont il avait fait preuve envers moi depuis plusieurs jours.
- Pourquoi tu es venu ? demandai-je en parlant difficilement, curieuse.
- Tu es seule, et tu as bu, se contenta-t-il de me répondre.
- Tu t'inquiètes pour moi, constatai-je.
- Non, répondît-il.
Quel menteur, il se pensait crédible en plus de ça ? J'étais peut-être ivre, mais je savais très bien qu'il était inquiet. Je le devinais.
- Où est-ce qu'on va ? le questionnai-je.
- Chez moi.
Quoi ? Chez lui ? Nom de Dieu. Pourquoi pas me déposer chez moi et repartir ensuite ?
Quelques secondes après qu'il ait dit ceci, je trébuchai si fort à cause d'un trou dans le sol que je manquai de me casser en deux. Mingi se retourna et me trouva accroupie par terre, désespérée. En tombant, nos mains s'étaient lâchées et les miennes s'étaient écrasées sur le sol afin de me retenir, me causant des petites griffures.
- Tu fais quoi, là ? me demanda-t-il froidement.
- Tu m'as rayée de ta vie, dis-je sans trop réfléchir.
- Tu as trop bu, répondit-il en tirant sur mon bras pour me relever, ce que je ne fis pas.
- Oui, l'alcool parle à ma place, mais c'est la vérité.
Il n'ajouta rien à cette phrase et décida de s'accroupir face à moi.
- Monte.
Sans le contredire ou me lancer dans une bagarre verbale avec lui, j'acceptai de monter sur son dos. J'avais calé ma tête sur son épaule et mes bras autour de son cou, tandis qu'il me tenait les jambes pour m'éviter de glisser et de me casser la figure.
Son visage était fermé, la colère se faisait ressentir en un seul regard. S'il avait pu m'abandonner sur le trottoir, il l'aurait fait. Mais il n'était pas comme ça. Je voyais bien qu'il m'en voulait. Et je ne savais pas pourquoi, mais je tenais à lui.
Peut-être était-il fâché, mais moi aussi. Quelques minutes auparavant, il se trouvait avec une fille de l'université et maintenant il venait encore me sortir d'une situation dangereuse. Tout ça après m'avoir ignorée pendant des jours. Mais bon... J'avais bien trop bu pour concevoir clairement les choses et pour rentrer toute seule, donc il avait bien fait de venir.
- Je veux rentrer chez moi, dis-je en essayant de parler correctement.
- Certainement pas.
Mais, essayait-il de me contrôler ? Non, il n'était pas comme ça. Après tout, il valait mieux que mes parents ne me trouvent pas dans cet état... Il avait raison de m'emmener ailleurs, et je détestais ça.
Je décidai de ne rien dire jusqu'à ce que l'on arrive chez lui. Et lui aussi, apparemment...
