Seventeen

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Dimanche 25 novembre 2018, 10h06.

Mon père ouvrit les portes de l'armoire et haussa les sourcils à la vue de Mingi, accroupi et caché derrière mes vêtements.
- Jeune homme... Je peux savoir ce que tu fais dans l'armoire de ma fille ? demanda-t-il d'un ton sévère mais moins grave que ce que je pensais.
Mingi passa son visage entre deux pulls, et plissa les yeux aussi fort que possible comme si il allait se prendre un coup en plein visage.
- Papa... dis-je.
- C'est ton petit-ami ? Tu l'as caché ici ? me questionna-t-il en me regardant d'une façon si autoritaire que j'avais l'impression d'avoir fait une grosse bêtise.
Mingi sortit de l'armoire et s'inclina devant mon père.
- Excusez-moi, Monsieur. Je m'appelle Song Mingi et je ne suis pas son petit-ami. Hier, j'ai eu un accrochage avec quelqu'un et votre fille m'a gentiment soigné. Juste après que votre femme soit passée dans la chambre, je me suis endormi avec Sunhi après lui avoir parlé quelques minutes... Et craignant votre réaction, elle m'a dit de me cacher ici mais ne la blâmez pas, c'est de ma faute, expliqua-t-il sereinement à mon père, la tête inclinée vers lui en signe de respect.
Je me cachais sous ma couverture, ne laissant percevoir que mes yeux, quand je vis que mon père tapotait l'épaule de Mingi en souriant. Qu'est-ce que ça voulait dire ?
- Bien. Ne t'en fais pas, tu n'as commis aucun crime et je sais que tu n'as en aucun cas fait exprès de t'endormir, dit mon père dans le but de le rassurer. Je te suis extrêmement reconnaissant pour l'aide que tu as apporté à ma fille. Viens donc au marché avec nous ce matin, nous passerons déposer plainte comme prévu, ensuite tu déjeuneras chez nous !
Mon père souriait, rares les fois où il proposait une telle chose. Mingi aussi souriait, il était si intimidé qu'il n'avait pas pu refuser l'offre de mon père. J'étais encore dans une situation embarrassante. Il allait manger avec nous et mes parents allaient le questionner sans arrêt sur tout et n'importe quoi. Je voulais qu'une chose : rejoindre les étoiles. Maintenant je le voulais... Mon père décida de redescendre en me souriant gentiment et de tout raconter à ma mère qui riait si fort que la rue entière avait pu l'entendre.
- Merci, Mingi... D'avoir avoué, dis-je. Je ne savais pas quoi faire.
- Pas de quoi, après tout, c'est de ma faute.
Je lui adressai un petit sourire timide et gêné après ce qu'il venait de faire dans le but de me sauver, encore une fois.

Je m'étais préparée dans la salle de bains et Mingi m'avait attendue sagement dans ma chambre, ne sachant pas quoi faire d'autre. Nous étions maintenant en bas, prêts à partir.
Accompagnée de mes fidèles béquilles de malheur, je pris la route en compagnie de mes parents et de Mingi, qui semblait plutôt à l'aise. Et dire qu'il y a une semaine, je ne pouvais pas me l'encadrer...
Notre première mission du dimanche était d'aller déposer plainte contre mon agresseur, nous étions donc à l'endroit idéal après quelques minutes de marche : le commissariat. Je craignais de manquer de preuves, heureusement Mingi allait témoigner.
- Agent Jung, en quoi puis-je vous aider ? demanda l'agent de police.
Encouragée par mes parents, je pris la parole. J'étais vraiment intimidée, jamais je n'étais venue dans cet endroit avant aujourd'hui. Tout le monde travaillait d'arrache-pied.
- Je souhaiterais déposer une plainte... répondis-je timidement en prenant place sur une chaise disposée devant son bureau.
- À quel propos ?
- Je m'appelle Lee Sunhi. Le Mardi 20, aux alentours de 23 heures, un homme m'a agressée en pleine rue, à Séoul. Je regagnais l'université après un repas avec mon amie, quand un homme alcoolisé m'a interpellée pour m'emprunter un briquet. Lorsque je lui ai dit que je n'en possédais pas, il m'a immobilisée contre un mur et a commencé à me fouiller, et plus encore... expliquai-je au policier qui prenait note des détails. Il m'a avouée qu'il se retenait de commettre ce que je pense être un viol, ensuite on m'a sauvée.
- Je suis intervenu, déclara Mingi. Je passais dans cette rue lorsque ça s'est passé. Je l'ai donc arrêté et quand Sunhi est parti, j'ai pris une photo de son visage. Il était à terre, assommé. J'ai donc fait le tour des commerces aux alentours, j'ai demandé s'ils connaissaient cette personne. Il s'agit donc de Park Dahyun, il a 26 ans.
Il pencha son portable vers l'agent pour lui montrer son visage. Je fus étonnée de constater que l'agent n'avait pas l'air surpris du tout.
- Il est connu de nos services pour de nombreux cas de violence, annonça-t-il. Malheureusement, je n'ai pas assez de preuves pour faire quoique ce soit...
- Attendez, j'ai une preuve qui pourrait vous aider, déclara Mingi.
Tiens, je n'étais pas au courant. Il démarra sur son portable ce qui ressemblait à une vidéo surveillance de mon agression, ce que j'avais vraiment beaucoup de mal à regarder.
- En faisant le tour des commerces pour découvrir son identité, j'ai également demandé à voir les vidéos surveillance...
- Vous confirmez que c'est bien vous, Lee Sunhi, sur cette vidéo ? demanda l'agent en me regardant.
J'hochai la tête en voyant que Mingi venait d'apparaître sur la vidéo, au moment où il me sort de ce pétrin. Mes parents ne disaient rien mais restaient très proches de moi.
- Dans ce cas, ne vous inquiétez pas. Je vais transférer ces preuves sur mon ordinateur et m'occuper du reste. Donnez moi vos coordonnées pour que je puisse vous prévenir de l'avancée de cette enquête.
Je lui communiquai donc mon numéro de téléphone en même temps qu'il ajoutait les preuves sur son ordinateur. J'étais vraiment touchée par les actes des Mingi. Je retenais même mes larmes en le regardant discuter avec l'agent de police. Personne auparavant n'avait fait une chose aussi importante et significative pour moi. Je ne pus retenir mes larmes et sortis dehors pour prendre l'air après avoir remercié l'agent pour son aide.

Quelques minutes passèrent avant que l'on vienne me retrouver, c'était Mingi. Mes parents étaient restés à l'intérieur pour en savoir plus sur les intentions de l'agent concernant cette agression.
   - Tout va bien ? s'inquiéta-t-il.
Je ne pouvais plus m'arrêter de pleurer, même si je le voulais.
   - Oui, ça va... dis-je en reniflant. C'est juste que, tu as tant fait pour moi, encore aujourd'hui. Je m'en veux de t'avoir si mal jugé. Tu es quelqu'un de bien... Merci infiniment Mingi, tu aurais pu me laisser me débrouiller après avoir vu que j'étais contre l'idée de t'adresser la parole...
J'étais si touchée que mon cœur parlait à la place de ma bouche, mais je ne regrettais pas de lui avoir avoué mon ressenti face à cette situation.
   - Pourtant je ne l'ai pas fait, je ne pouvais pas le faire, enchaîna-t-il d'un ton doux. Tu n'es pas obligée de pleurer, tout va très bien désormais...
Voyant que j'avais du mal à cesser de pleurer et que j'avais enfoui mon visage dans le creux de mes mains pour me cacher, il entoura mon petit corps de ses bras pour me rassurer davantage. Je pleurais encore mais j'étais si surprise par son geste que je ne pouvais m'empêcher d'avoir un sourire aux lèvres. Et ce foutu cœur qui recommençait à exploser dans ma poitrine. Pourquoi je ressentais ça d'ailleurs ? Le sien aussi lui jouait des tours apparemment, je l'entendais résonner depuis que j'avais le visage posé contre son torse.
Plus je voyais Mingi, plus je l'appréciais. Cette fois, il m'avait touchée en plein cœur en agissant de la sorte devant l'agent. Mon opinion à son sujet avait radicalement changé.
Il ne fallut que quelques minutes pour que je me calme. J'avais beaucoup pleuré en l'espace de très peu de temps, mais le fait de revoir mon agression, de constater l'inquiétude et le soutien de Mingi, ainsi que la mauvaise image de sa personne... Je ne pouvais pas me retenir de fondre en larmes.

Après ce trop-plein d'émotions, nous finissions ce que nous avions à faire en allant sur le marché pour acheter les ingrédients nécessaires pour faire la soupe que mon père avait hâte de faire goûter à Mingi... Tout se passait très bien, mes parents semblaient s'entendre à merveille avec Mingi qui était à l'aise avec eux. Le repas se passa dans la bonne humeur, mes parents n'avaient pas posé de questions à Mingi, sachant que je n'aimais pas ça. La soupe, elle, a eu un franc succès auprès de Mingi qui était reparti dans sa chambre universitaire avec le reste du plat... J'étais gênée, embarrassée et heureuse à la fois d'avoir vécu cette journée si particulière. Au fond, je ne le connaissais pas tant que ça, mais... Il était vraiment exceptionnel.

별빛 아래서 | ateez Où les histoires vivent. Découvrez maintenant