Samedi 24 novembre 2018, 20h26.
Je n'y comprenais plus rien. Jiyeon me regardait avec des gros yeux, Mingi était décomposé. L'atmosphère s'était réellement transformée en quelque chose de si glacial que j'en avais des frissons. Autant pour Mingi et ses amis, que pour Jiyeon et moi qui étions au courant de la situation.
W o o y o u n g était dans MON restaurant, en même temps que Mingi, en même temps que mes plus proches amis : Seonghwa et San, qui s'avéraient être « amis ». Ce même Wooyoung qui m'avait embrassée le front sans aucune raison, ce même Wooyoung dont Mingi m'avait dit de me méfier.
- On est là ! cria San en agitant la main pour capter son attention.
Je redoutais tellement le déroulement de la soirée. Est-ce qu'ils allaient se parler, Mingi et Wooyoung ? Je priais pour que ce ne soit pas le cas.
Il s'avança donc vers nous, un grand sourire aux lèvres malgré le fait qu'il ait remarqué la présence de Mingi. Ma mère, s'occupant désormais du service, tendit une chaise pour qu'il puisse venir près de nous... Ce qu'il fit.
- Tiens ! Sunhi, qu'est-ce que tu fais ici ? me demanda-t-il. Ton pyjama est encore plus beau que celui de la dernière fois.
Il me fit un clin d'oeil qui fit sourciller Seonghwa. Mingi avait décidément cessé de vivre.
- C'est le restaurant de Sunhi ici, vous vous connaissez ? s'étonna Seonghwa, l'air agacé.
- Oui ! Cette maladroite a fait tomber son plateau à la cafétéria et je l'ai gentiment aidée... Depuis, on se croise souvent, raconta-t-il à Seonghwa ainsi qu'à San qui se posait la même question.
J'étais si désespérée que je décidai d'enfouir mon visage au creux de mes mains, je voulais vraiment disparaitre.
Ma mère revint les mains pleines de plats commandés par l'entièreté de la table. Pour ma part, je ne pris rien d'autre qu'une bouteille de soju.
- Arrête, tu ne devrais pas boire alors que tu prends des anti-douleurs, me conseilla Seonghwa en retenant ma main qui allait ouvrir la petite bouteille.
- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? demanda Wooyoung.
- Hier matin je suis rentrée dans Mi... Euh, quelqu'un, et je me suis faite une entorse à la cheville, dis-je en me retenant de me frapper la tête pour avoir presque dit le nom de Mingi qui, d'ailleurs, l'avait remarqué.
Wooyoung fronça durement les sourcils en regardant ma cheville, attrapant ma bouteille de soju d'une main.
- J'espère que tu iras mieux rapidement, en attendant, pas d'alcool.
Du coin de l'oeil, je vis que Seonghwa était énervé. Je me doutais qu'il avait fait le lien entre Wooyoung et la personne qui m'avait embrassée le front dont Jiyeon avait parlé lors de nos retrouvailles.
Pour le détendre, je lui écrasai la joue de mon doigt, chose que j'adorais faire pour taquiner mes proches. J'obtenus un sourire de sa part, que je lui rendis.
Quelques temps après cette soirée qui s'était pas si mal passée malgré les pics de Wooyoung envers Mingi, la plupart des clients étaient partis. Jiyeon, Seonghwa, San et Wooyoung venaient tout juste de filer, tandis que Mingi et ses amis payaient leur repas.
Ce dernier était totalement déconnecté depuis l'arrivée de Wooyoung, je me demandais vraiment ce qui les poussaient à se haïr de la sorte tous les deux. Peut-être le saurai-je un jour. J'étais tout de même triste pour lui, il venait pour passer une bonne soirée et il n'avait pas parlé une seule fois.
Au même moment où je souriais à Mingi et ses amis qui partaient du restaurant familial, je reçus un message de Jiyeon.
@parkjiyeon : « on est partis mais Wooyoung a reçu un appel au même moment, je pense qu'il est encore devant ton restaurant pour téléphoner tranquillement... je me disais, c'est trop bizarre que Seonghwa et San le connaissent, le monde est vraiment petit »
J'étais sur le point de répondre quand soudain, je fus interrompue par de lourdes voix venant de dehors, parmi laquelle je reconnus celle de Mingi.
Qu'est-ce qu'il se passait, sérieusement ? Intriguée, je sortis accompagnée de mes béquilles. Ce à quoi j'assistais me surprenait tant que je n'eus pas de mot ni de réaction adéquate à la situation. Mingi tenait Wooyoung par le col de son manteau, la mâchoire si serrée qu'elle aurait pu se briser, sa lèvre saignait et il était vraiment en colère. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer en l'espace de quelques pauvres minutes ?
Tous étaient si captivés par ce qu'il se passait que personne n'avait remarqué ma présence. Mais c'était sur le point de changer.
- Seigneur, mais qu'est-ce que vous fichez devant mon restaurant ? Il va être 22 heures ! criai-je assez fort pour que l'on m'entende.
Mingi lâcha Wooyoung qui commençait à saigner au niveau de l'arcade, ce dernier arborait un sourire narquois au coin des lèvres qui me fit presque froid dans le dos.
- T'es vraiment une merde, Mingi. Essaie de me toucher encore une fois comme tu viens de le faire, crois-moi que tu t'en sortiras jamais aussi bien que ce soir, menaça Wooyoung avant de partir.
- Mingi, rentre, lui dis-je d'un ton extrêmement mécontent. Les garçons, vous pouvez rentrer, je suis ravie de vous avoir connus.
Sur ces dernières paroles, je leur adressai un sourire et entrai dans le restaurant, accompagnée de Mingi.
- Viens, lui proposai-je d'un ton plus doux.
Ma maison étant voisine au restaurant et mes parents bien trop occupés pour remarquer quoique ce soit, je l'emmenais dans ma chambre afin de soigner ce que Wooyoung lui avait fait. En sortant ma trousse de soin, je l'invitai à s'asseoir sur mon lit.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demandai-je en essayant de rejoindre mon lit, les bras chargés par mes béquilles et les soins.
- Toute la soirée, il m'a piqué. Je suis resté calme car nous étions dans ton restaurant et je me devais d'être respectueux, mais une fois dehors, il me crachait dessus au téléphone et je ne l'ai pas supporté, me raconta-t-il d'une voix posée.
Il s'était calmé, je m'étais calmée, et j'allais le soigner. Je ne disais rien, j'hochais simplement la tête suite à ses explications, puis je me mis à nettoyer la petite plaie qui s'était formée sur sa lèvre inférieure.
Pendant quelques minutes, tandis que je le soignais doucement, personne ne dit rien. J'étais de nouveau proche de lui et bizarrement ça ne me dérangeait plus. J'étais si concentrée sur le fait de soigner cette plaie, que je fronçais les sourcils. Un sourire se dessina sur ses lèvres tandis que mes doigts appliquaient une crème cicatrisante.
Un faible sourire que j'essayais absolument de cacher apparut aussi sur mes lèvres, ce qui ne passa pas inaperçu et rendit Mingi encore plus souriant.
Au même moment, ma porte s'ouvrit... C'était ma mère. J'ai cru qu'elle allait faire une crise cardiaque, Mingi et moi également. Tout était si calme, je ne me croyais même plus chez moi.
- Qui est-ce ? demanda ma mère.
Mes parents étaient au courant de la semaine éprouvante que j'avais passée, mais lorsque ma mère m'avait demandée si je connaissais tous ces garçons au restaurant, je ne lui avais pas précisé que c'était cette même personne qui m'avait sauvée d'une agression et aidée suite à ma chute.
- Euh.. C'est Mingi, dis-je tandis que Mingi se levait pour la saluer correctement.
- Bonsoir Madame Lee, je suis Song Mingi, se présenta-t-il en souriant gentiment.
- Je sais qui tu es, déclara ma mère d'une voix émue. Tu es celui qui a sauvé ma fille, nous te seront éternellement reconnaissants...
Elle lui caressa la joue tandis que ses yeux s'emplissaient de larmes, signe de reconnaissance et de bienveillance venant d'elle. C'est ce qu'elle faisait toujours.
Mingi ne disait rien, il souriait simplement d'un sourire vraiment sincère en tenant la main de ma mère dans la sienne pour la rassurer, tandis que moi je ne pouvais pas bouger, ma cheville me faisant soudainement souffrir.
- Merci infiniment, je vais prévenir mon mari que tu es là pour qu'il puisse te préparer un plat. J'ai entendu dire que tu souhaitais témoigner pour ma fille, reviens nous voir demain, nous irons ensemble, déclara ma mère avant de lui sourire et de rejoindre mon père.
Quelques minutes passèrent, Mingi ne savait pas s'il devait partir ou rester.
- S'il te plaît, tu peux me donner la crème qui est sur mon bureau... demandai-je en grimaçant. Et les anti-douleurs, aussi.
De ce pas, il me tendit les cachets mais garda la crème. S'asseyant de nouveau, il posa délicatement ma jambe sur ses genoux, enleva mon bandage et décida de m'appliquer la crème.
- Merci mais tu n'es pas obligé, dis-je.
- Je sais, toi non plus tu n'étais pas obligée de me soigner, ou même de me présenter à ta mère, pourtant tu l'as fait.
Bizarrement, ses paroles me prouvaient qu'il avait été touché par mes actes. M'étais-je réellement trompée à son sujet en pensant qu'il était un bourreau des cœurs ?
- Merci, vraiment, soupirai-je avant d'avaler mes anti-douleurs.
Il m'adressa un sourire en appliquant la crème de ses doigts gelés. Je laissai tomber le reste de mon corps sur mon lit tandis que Mingi terminait ce qu'il faisait en me bandant de nouveau la cheville, qui d'ailleurs était moins gonflée qu'hier.
Sans même me demander mon avis, il s'allongea près de moi. Encore une fois, je crus mourir tant il me déstabilisait. Depuis hier, depuis notre proximité involontaire dont personne n'était au courant, je me sentais vraiment intimidée face à lui. Non pas mal à l'aise, mais vraiment déstabilisée. Je me demandais ce que ce sentiment pouvait signifier.
- Pourquoi vous vous détestez, Wooyoung et toi ? demandai-je d'une voix à peine audible.
- C'est quelque chose de vraiment douloureux à raconter, tu sais... m'avoua-t-il en fixant le plafond.
J'étais totalement compréhensive. Il avait un passif difficile et douloureux. Le révéler était trop dur, surtout lorsqu'il venait à peine de me connaître.
- Bien, je te comprends, ne me dis rien, lui dis-je en lui souriant de façon à ce qu'il comprenne que j'étais compréhensive.
- Est-ce que c'est dérangeant si je reste encore un peu allongé avant de partir ? demanda-t-il.
- Oui, vas-y. Tu as le temps, mon père te prépare un plat, tu partiras lorsqu'il sera prêt...
Sur ces paroles, mes anti-douleurs m'ayant totalement assommée une nouvelle fois, je m'endormis quelques minutes après avoir eu cette courte conversation avec Mingi.
