Thirty-One

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Samedi 1 décembre 2018, 8h04.

Après une courte nuit et un sommeil à peine réparateur dans les bras de Mingi, je me réveillais seule au milieu de tous ces draps. Une profonde migraine me fit froncer les sourcils.
En repensant aux minutes avant que je ne m'endorme, je rougissais de gêne et d'un sentiment particulier que je n'aurais pas su décrire.
Je pris mon portable d'une main alors qu'il était posé près de moi, et je vis la tonne de messages et d'appels datant de cette nuit et que j'avais manqué.
Tous étaient de Jiyeon, évidemment.

@parkjiyeon : « tu es où ? Wooyoung m'a dit que tu étais partie avec Mingi, je ne t'ai même pas vue partir, tout va bien ? tu pleurais d'après lui »
@parkjiyeon : « réponds à mes appels ?
@parkjiyeon : « c'est bien la première fois que tu me fais ce coup là »
@parkjiyeon : « Wooyoung m'a dit qui était cette fille auprès de Seonghwa, c'est son ex ? ça m'a choquée, c'est pour ça que tu pleurais ? d'ailleurs, je n'ai pas revu Seonghwa après qu'il ait été attaché à cette fille »
@parkjiyeon : « bon et bien, je vais aller dormir, je suis rentrée chez moi... quand tu verras ces messages, réponds-moi, d'accord ? je suis inquiète »

Ma pauvre Jiyeon, elle s'était fait du mouron pour moi. C'était compréhensible, nous nous suivions partout et ce depuis toujours. Alors m'éclipser de la sorte sans lui avoir parlé de la soirée était source de panique. Je décidai de lui écrire un message pour la rassurer.

@_sunhilee : « salut Jiyeon, tout va bien, hier j'avais beaucoup trop bu, je te raconterai... Mingi est venu me chercher et m'a emmenée dormir chez lui pour éviter à mes parents de me voir dans cet état, du moins je pense, ta soirée s'est bien passée ? je suis désolée d'être partie sans te prévenir, cette soirée était naze... bref, prépare ta valise, on part bientôt ! »

Ce message devrait faire l'affaire. Je priais pour qu'elle se soit rapprochée de San au long de cette soirée. Je les avais vus si proches tous les deux, j'allais devoir lui poser un tas de questions, quoique... Je n'aurai pas le temps de parler que je saurais déjà tout en détail tant elle serait excitée.
Mise à part Jiyeon, personne d'autre ne m'avait contactée, pas même Seonghwa... Je m'inquiétais car il avait l'air furieux, et je n'avais aucune idée de comment s'était déroulée sa soirée. J'étais davantage inquiète sachant ce que Jiyeon m'avait dit dans son message... J'en saurai plus bientôt, du moins, je l'espérais sincèrement.

Après avoir entendu quelques bruits venant du salon et après avoir attendu de me réveiller complètement de cette nuit étrange, je décidai de me lever et de passer ma tête par la porte pour voir ce qu'il se trafiquait de l'autre côté.
En guettant comme une espionne, je vis Mingi préparer des tasses de thé ainsi que de quoi déjeuner. Ma tête tournait énormément et j'étais épuisée de cette soirée infernale, je m'avançai donc dans la plus grande douceur après avoir refermé la porte derrière moi.
En tournant la tête, je vis mon reflet dans un miroir accroché près de sa chambre : je n'avais jamais eu aussi peur en me voyant... Mes cheveux étaient ébouriffés et mes yeux si gonflés par mes pleurs et la fatigue qu'ils ressemblaient aux yeux d'un poisson télescope. En deux temps, trois mouvements, je replaçai mes cheveux pour arranger mon allure d'une façon si méticuleuse que je me crus folle pendant un instant.
- Bonjour, lança Mingi en me surprenant en train de me recoiffer comme une imbécile.
Son ton était toujours froid, mais plus doux que la veille.
- Euh, bonjour... répondis-je en rangeant mes mains dans les poches de son sweat-shirt.
- Viens manger, m'invita-t-il en s'asseyant autour de la table.
Je le rejoignis alors que mon visage affichait une moue gênée. Nous ne nous étions pas vraiment parlés depuis des jours, et là je me retrouvais chez lui après qu'il m'ait sauvée de cette terrible soirée d'anniversaire... Et surtout, après qu'il m'ait embrassée l'autre soir. Tout cela n'avait aucun sens.
J'attrapai la tasse de thé disposée en face des petits bols qui contenaient mon petit-déjeuner, et me réchauffai les mains avant de boire une gorgée. À côté de mes bols, je vis un petit comprimé qui allait sans doute soulager ma migraine.
- Merci, pour ça. Et pour hier, dis-je entre deux gorgées.
- C'est normal.
Il mangeait paisiblement et ne se préoccupait de rien d'autre que de son assiette.
- Concernant notre conversation d'hier... amenai-je en attrapant mes baguettes pour manger un petit peu. J'aimerais comprendre, qu'est-ce qui t'a empêchée de me parler ? Même si tu pensais que j'étais en couple, tu ne ressens rien pour moi, enfin... Nous sommes amis. Il n'y aurait pas eu de mal.
Il s'arrêta de mâcher un instant pour lâcher un long soupir suite à mes remarques, tandis que je commençai à manger. Je n'osais pas le regarder, son attitude avait complètement changé après cette nuit.
- Nous somme amis ? demanda-t-il en s'offusquant presque. D'accord.
- Je...
- Mais quand même, je dois te dire que vous formez un couple merveilleux, avec Seonghwa, s'amusa-t-il.
À quoi il jouait, sérieusement ? Il jouait au sourd ? Il avait des pertes de mémoire ? Il était lunatique ? Il me semblait qu'hier il avait compris que je n'étais pas en couple avec Seonghwa. Était-il jaloux ?
- Mingi, sois clair avec moi, ordonnai-je en posant mes baguettes sur la table. Je te rappelle que tu m'as embrassée, et que tu m'as laissée dormir près de toi cette nuit.
- Tu sais quoi ? me demanda-t-il. Si je ne t'ai pas parlée, c'est parce que je n'en avais pas envie et qu'effectivement, je ne voulais pas interférer dans ta vie. Oui, j'étais en colère à cause de ce que tu as fait avec Seonghwa, et oui j'ai voulu te perturber en faisant de même. Car je ressens des choses bizarres quand je suis avec toi. Mais maintenant, cesse d'hésiter entre plusieurs garçons à la fois. Jouer sur plusieurs tableaux, ce n'est pas honnête. C'est plutôt irrespectueux, je ne savais pas que tu étais une fille de ce genre. Si j'avais su, je n'aurais jamais eu envie de t'embrasser.

Oh, waouh. Jamais je n'avais été traitée de la sorte. Je n'avais jamais été aussi vexée de toute ma vie. Moi ? Je jouais sur deux tableaux ? Il était en colère à ce point ? Il insinuait que je profitais de la situation, que j'aimais ces situations difficiles. Je ne savais pas qu'à notre rencontre, nous avions signé un contrat qui stipulait que l'on devait se rendre des comptes sur nos moindres faits et gestes pour qu'il se permette de me donner une leçon pareille. Nous ne nous connaissions que depuis deux semaines à peine, et malgré les étranges sentiments qui naissaient en moi après si peu de temps, il n'avait pas le droit de me parler de la sorte.
- C'est terminé. Tu n'existes plus à mes yeux Mingi.

Il s'était perdu seul, pourquoi ne pas m'avoir directement dit qu'il était jaloux et triste de ma proximité avec Seonghwa ? Après tout, il nous avait surpris. Attendre tout ce temps pour dire tout cela avait été inutile. M'ignorer et me blesser avait été inutile. C'était plutôt immature de sa part. À la place, il s'était emmêlé les pinceaux. Je ne comprenais plus rien à la situation. Je ne comprenais plus rien à mes sentiments. Je ne savais plus quoi faire.
Après tous ces rebondissements, il était devenu un ami à mes yeux, quelqu'un qui était remonté dans mon estime après une rencontre plus que bizarre et une attitude assez osée. Il était devenu quelqu'un qui faisait battre mon cœur un peu plus chaque fois que je me retrouvais seule avec lui. Il m'avait sauvée, aidée, et soutenue. Il m'avait laissée m'attacher à l'étrange personnage qu'il était pour ensuite fuir et me laisser. Cela ne faisait certes que deux semaines que je l'avais rencontré, mais jamais en une vie il ne s'était passé tout ce qu'il s'est produit durant ces quatorze jours.
Mais désormais, c'était terminé. La colère et la jalousie l'avaient fait dire quelque chose qu'il aurait mieux fait de ne jamais prononcer. S'il avait su à quel point cette situation était difficile pour moi, je ne sais pas s'il aurait osé me dire tout ça.
Plus jamais je n'adresserai un mot ou ne serait-ce qu'un regard à cette personne. Je m'en faisais la promesse.

Je récupérai mes affaires de la veille et décidai de partir sans lui laisser le temps de me répondre. De toute façon, je m'en fichais. Sa porte d'entrée claqua dès que je sortis de chez lui, tandis que je me mis en route pour retrouver mes parents à l'endroit que j'aimais le plus au monde : mon chez moi.

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