Samedi 8 décembre 2018, 17h00.
L'air frais de Séoul m'avait réconfortée à peine j'avais posé les pieds sur son sol. Comment est-ce que j'avais pu partir si longtemps ? Bien que le voyage à Aspen était une occasion de découvrir une autre partie de ce monde si vaste, mon pays m'avait énormément manquée et les conditions de mon retour me poussaient également à penser de cette façon. Ma routine m'avait manquée, mes parents, mon restaurant, ma chambre... Tout. Je n'étais pas vraiment habituée à voyager, même si j'aimais ça.
- Ça va, ma chérie ? me demanda ma mère, l'air inquiet.
Sa petite voix réconfortante me sortit alors de mes pensées, nombreuses depuis mon retour au pays. Toujours était-elle en train de s'inquiéter, même quand tout allait bien... Cela me faisait doucement sourire.
- Oui, ça va Maman, dis-je sereinement. Et toi ?
- Oh tu sais... répondit-elle en soupirant. Je pense que ça va.
Je voyais pourtant qu'elle était très inquiète, et qu'elle n'avait pas dormi de la nuit. Ses cernes et ses yeux légèrement rouges en étaient la preuve.
- Je vais devoir aller au restaurant, ça va aller ? demandai-je en me levant de mon siège.
- Oui, ne t'inquiète pas, me rassura-t-elle. Je suis désolée qu'on ait à te demander de t'occuper du restaurant, mais ce n'est que temporaire.
- Je le sais Maman.
Je lui fis un dernier sourire, avant d'embrasser la joue chaude de mon père, puis je sortis de la chambre d'hôpital dans laquelle il séjournait depuis quelques jours maintenant.
Suite à ce coup de fil précipité au réfectoire de l'hôtel, j'avais dû partir en urgence, laissant mes amis aux États-Unis pour encore quelques jours. J'avais prévenu les professeurs qui m'avaient gentiment laissée repartir à Séoul et qui d'ailleurs avaient été très compréhensifs et vraiment encourageants pour la suite des événements. Je gérais la situation plutôt calmement, je me promettais toujours de garder mon sang-froid : pourtant, j'avais versé tout un tas de larmes dans l'avion. Trop de choses déraillaient, en ce moment. Je n'avais qu'une hâte : que les cours reprennent et que les choses rentrent dans l'ordre. Pour le moment, en tout cas pour ce week-end et jusqu'au retour de mes amis qui signifiait la reprise des cours, j'allais devoir m'occuper du service dans notre restaurant familial, avec la seule et unique aide de mon oncle, le frère de mon père. Lui seul savait presque cuisiner aussi bien que lui, et ferait un excellent chef en attendant la remise en forme de mon père. Ce dernier avait été victime de l'une des conséquences du surmenage, d'un trop-plein de travail : ce n'était pas évident de s'occuper seul de la cuisine d'un petit restaurant à gros succès. Trop de travail, trop de stress, toutes ces petites choses l'avaient poussé à se ruiner la santé. Mais heureusement, les médecins nous ont simplement dit qu'il avait besoin de deux à trois semaines de repos. Pendant ce temps, mon oncle avait pour tâche de cuisiner, et moi, de servir.
Sur la route m'amenant jusqu'à chez moi, je sentis mon téléphone vibrer dans mon sac à main. En le sortant, je vis que, malgré le décalage horaire et le fait qu'il faisait déjà nuit à Aspen, j'avais un message de Mingi. Cette notification me fit sourire, parce qu'il me réconfortait même à des kilomètres.
@lminsk_ : « tout va bien ? comment vont tes parents ? on s'ennuie sans toi, tu nous manques beaucoup, je n'arrivais pas à dormir alors... bref, j'espère que ça ira, donne-moi de tes nouvelles régulièrement, d'accord ? travaille bien et repose-toi bien, surtout »
Avec ce message, il avait photographié le ciel étoilé sous lequel il se trouvait en ce moment même. Cela semblait si loin de moi. C'était adorable, de penser à mes parents et moi.
@_sunhilee : « tout va bien, mon père se repose, et ma mère semble inquiète mais elle va bien... moi, ça va, je vais au restaurant pour m'occuper du service. vous me manquez tous, j'espère que les jours passeront vite...
tu devrais dormir, il est tard, non ? en plus, regarder le ciel doit te sembler fade si je ne le regarde pas avec toi :( bonne nuit »
