Épilogue

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                                                                  ***

"Tu es mort un jeudi après midi. Trois jours plus tard, un pasteur t'enfonçait sous la terre. Tour à tour, chaque membre de ta famille a lancé un petit monceau de terre sur ton cercueil. J'ai déposé un médiator dans ta tombe ; celui que j'avais quand on s'est rencontrés pour la première fois. La cérémonie fut la chose la plus difficile que j'ai eue à vivre. Mon père n'était pas là. Il faut dire qu'à partir du moment où il a su qui tu étais, il n'a pas vraiment voulu en savoir plus. Mais moi j'en savais plus, Ernesto. Je savais quel genre de personne tu étais. Je le sais toujours, d'ailleurs. Tu étais un grand homme. Tu étais là pour ceux qui en avaient besoin. Tu as été là pour ta famille. Tu m'a fait vivres des expériences que je n'oublierai jamais, même quand je serai vieille, ridée et que mes cheveux seront tout blancs. Je suis tellement heureuse de t'avoir rencontré, Ernesto. Parce que même si on a eu que quelques mois tous les deux, tu m'as donné une vie entière de bons souvenirs et de bonnes décisions. Tu m'as montré que même les meilleures personnes font des choix redoutables. Tu m'as montré que la peur est un était d'esprit, et que se battre n'a pas de prix. Parce que tu es allé au bout de tes combats, et que tes actions on fini par payer. Mais tu vois, Ernesto, ce jour là, lors de ton enterrement je n'ai rien vu de tout ça. J'ai vu Lucas, Tripp, Matt se serrer les coudes, parce qu'on pouvait lire dans leurs yeux qu'il y avait quelque chose qui les avait poignardés , à l'intérieur. J'ai vu le regard de ta mère, qui se demandait pourquoi on avait fait ça à son fils. J'ai vu Prudence, qui avait si peur pour moi. Je l'ai vue pleurer pour toi, aussi. Parce que mine de rien, tu étais devenu important pour elle, aussi. Tu nous a fais connaître une autre vie. Une vie qui valait la peine d'être vécue. Et pour ça, je ne pourrais jamais te remercier assez.

    Alors, depuis, je reviens ici, sur ta tombe. Ça va faire vingt ans, maintenant. Mais je ne t'oublie pas. Je ne t'oublierai jamais. Nous t'avons fait enterrer sous cet arbre, à coté de ta clairière, de notre clairière, Ernesto. Chaque fois que je reviens, je te revois jouer de la guitare sur le haut de ce rocher. Je te revois me porter du haut du petit talus de terre quand j'avais mal à mon ventre. Je te revois partout dans cette ville, Ernesto. Mais c'est peut être la raison pour laquelle je sais que tu n'es pas vraiment parti. Tu es là haut. Et je te vois chaque fois que les étoiles me sourient. 

Maintenant, c'est à moi de te montrer quelque chose. Tu vois ce petit bout de papier, là ? C'est mon fils. Il s'appelle Ernest. J'ai voulu le nommer après toi, Ernesto. Son papa est un mec bien. Enfin, tu dois surement le savoir. Tu me manques horriblement, Ernesto. Tous les jours. Mais il faut que tu saches que j'ai perdu une partie de moi quand tu as disparu. Cette partie de moi, elle est là haut, avec toi. Alors ne m'oublie pas, toi non plus.

Maintenant, c'est à toi de m'écouter. "

Je fis passer ma guitare sur mon ventre. Les premières notes s'écoulèrent de ma bouche.

" How unfair, it's just our love

Found something real that's out of touch

But if you'd searched the whole wide world

Would you dare to let it go?

'Cause what about, what about angels?

They will come, they will go, make us special

Don't give me up

Don't give...

Me up".

Et pendant un moment, c 'était comme si il se tenait là, devant moi.

ManoushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant