Chapitre 9

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Je tirais doucement sur ses poignets pour l'empêcher d'aller trop loin. Il comprit mon geste et s'écarta quelque peu.

"- Je peux pas rentrer comme ça chez moi Ernesto...

- T'inquiète pas, princesse. "

Il me porta pour me reposer sur la banquette avant de la voiture, ferma délicatement la porte passager et fit le tour du capot pour rejoindre mes cotés. Il mit les clés dans le contact et démarra le moteur.

Après avoir roulé pendant quelques minutes, il arrêta le véhicule près d'une borne à incendie rouge, et y brancha un tuyau de caoutchouc qu'il avait trouvé dans son pick up. Il tourna une petite molette, et l'eau commença à ruisseler du cylindre jaune.

"- C'est pas Versailles, princesse, mais ça t'évitera une engueulade."

J'acquiesçait. C'était mieux que rien. Et puis, j'aimais bien ce coté aventurier et débrouillard d'Ernesto.

Je déboutonnais ma chemise, la passais sous l'eau et la posais sur le rebord du pick up pour la laisser sécher. Ernesto fit de même avec la sienne. Il s'approcha de moi avec le tuyau, et, en passant sa main dans mes cheveux, essaya de frotter les petites taches de boue qui étaient restés sur moi. Je fis de même pour lui. Ses boucles brunes étaient aplaties sous le poids de l'eau, mais il n'en restait pas moins beau. Il me regardait avec ses charmants yeux verts alors que j'avais du mal à atteindre le haut de sa tête. Il rigolait de bon coeur avec moi, et je dois dire que son rire était un des plus jolis sons que j'avais entendus jusqu'à maintenant.

Une fois presque propres, Ernesto me hissa à l'arrière du pick up, et vint s'allonger à coté de moi pour que nous puissions sécher tranquillement. Il passa ses bras autour de mes épaules, et je posais ma tête contre son torse. Le soleil rayonnait quelque peu, apportant beaucoup de chaleur entre chaque nuage.

"- J'entends ton coeur qui bat." lui murmurais-je.

"- Ça prouve que j'en ai un" me répondit-il en riant.

Je souriais à mon tour.

"- Ernesto, je peux te demander un truc ?

- Encore ? " Je le sentais sourire doucement.

- "Oui, encore.

- Vas-y, princesse.

- Qu'est ce qu'on fait ?

- On bronze, pour le moment. Pas que j'en ai besoin, mais toi... Franchement, princesse, on dirait que t'habites en Sibérie-

- Je suis sérieuse.

- On s'amuse.

- Et après? Je sais pas, j'ai l'impression que on est amenés à une fin certaine... Parce que je peux pas te présenter à mes parents, et que je ne peux pas vivre dans ton monde... Enfin je pourrais, mais ça veut dire que je devrais me séparer de ma famille et-

- Regarde moi. " son ton était dur. Je me hissais sur mes coudes, et me retrouvais face à lui. Ses yeux verts me donnaient l'impression qu'il voyait à l'intérieur de moi.

"- Qu'est ce que- "

Il posa ses lèvres sur les miennes, doucement.

Quelques secondes plus tard, il s'écartait. J'étais bouche bée.

"- On n'est pas obligés de se marier tout de suite, princesse. Tout ce que je sais pour l'instant, c'est que j'aime passer du temps avec toi. Et je sais que toi aussi. Alors on fait ça. Tu continues à dire à tes parents que tu vas faire du shopping, les courses, des cours de maths ou je ne sais quoi, on continue à jouer de la guitare tous les deux sur le boulevard, et on continue de s'aimer. Parce que t'as plus le droit de dire que je vais partir, ou que t'as peur, pour la bonne et simple raison que je suis tombé amoureux de toi. Alors maintenant c'est à toi de t'accrocher.

ManoushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant